Les vendanges d'antan
Les vendanges dans le Midi (Carte postale ancienne)
Vieux de 2 600 ans, le vignoble provençal est le plus ancien de France. Les Phocéens sont les premiers à introduire la vigne en Provence et les Romains, dès le IIe siècle avant J.C, en développent la culture. Au cours des siècles, le vignoble s'étend et devient peu à peu une culture traditionnelle de la Provence. Les vignes sont partie intégrante des paysages du Midi et les provençaux vivent au rythme des vendanges. Pourtant, il y a 100 ans, les vins de la région n'étaient pas vraiment réputés pour leur qualité, qui va seulement s'améliorer à partir des années 60. A l'aube du XXe siècle, les maisons provençales possèdent rarement une bonne cave ; bien souvent les tonneaux manquent et sont remplacés par de grande bouteilles en verre recouvertes de nattes. Mais au moment des fêtes, le vin doit couler à flots et peu importe sa qualité. Alors, on privilégie le rendement et pour faciliter le travail dans les vignes, on préfère les planter dans les plaines, pourtant moins adaptées. Par le passé, seuls les domaines du Comtat Venaissin, dont les crus sont appréciés par les papes, et ceux du littoral de l'ouest varois, notamment celui produit à Bandol, sont de véritables bons vins.
Le travail de la vigne est celui qui requiert le plus grand nombre d'opérations. Labours, tailles, traitements se succèdent de novembre à septembre, c'est la période des vendanges. La terre doit être labourée à trois reprises : en février, mai et juin. En automne, pour préserver les vignes du froid, le viticulteur procède au chaussage des pieds de vigne. En mars, il faut au contraire, les déchausser pour les rechausser en juin dans le but de les protéger des fortes chaleurs. Au printemps, le désherbage évite les gelées blanches avant les binages de l'été. C'est la taille qui exige le plus de savoir-faire, elle s'effectue de novembre à mars. Les vignes provençales sont basses et taillées en gobelets. Les vendanges commencent à une date fixée en fonction de différents critères : la maturité du raisin, les risques de pluie et la disponibilité de la main-d'oeuvre. Cette dernière est recrutée localement parmi les journaliers. Le travail s'organise : les coupeurs déposent les grappes dans de grandes corbeilles en osier appelées banastoun ou dans des seaux, les verseurs les transportent, les vident dans des caisses de bois et les porteurs les chargent ensuite sur des charrettes. Une fois les vendanges terminées, les hommes procèdent à la vinification. La première opération consiste à écraser le raisin avec les pieds dans de grands baquets en bois ou dans une cuve en pierre. Petit à petit, cette méthode est abandonnée en faveur du broyage des grappes à l'aide d'un truei (fouloir). Cet instrument, actionné par une manivelle, est composé de deux cylindres tournant en sens inverse. On laisse le moût fermenter une quinzaine de jours avant de mettre le vin dit "de goutte" en tonneaux. Le marc resté dans la cuve peut alors être pressé pour donner le vin dit "de presse" qui est plus acide et qui mélangé au "vin de goutte" lui assure une meilleure conservation. Certains se contentent d'arroser le marc avec de l'eau et la piquette ainsi obtenue sert de boisson quotidienne.
Carte postale à Trans en Provence, place de l'Hôtel de ville et intitulée. En vendanges, un pressoir. On y voit un pressoir mobile qu'un homme est en train d'actionner, trois cornues et une mesure (double décalitre). En fond, l'hôtel de ville.
Pressoir installé devant l'ancienne scierie Coste, rue Nationale. Cette photo date au maximum de 1895. L'homme à droite, de face, en chemise et le chapeau rejeté en arrière est mon arrière-arrière-grand-père, Louis Rambaud (1835-1895). C'est la seule photo que je possède où il est présent.
Les vignerons utilisent essentiellement le pressoir à vis centrale actionné par une barre de serrage fichée dans un écrou. Seuls les grands exploitants en possèdent un et bien souvent les villages provençaux ont un pressoir portatif utilisé par les petites exploitations. C'est au cours du XXe siècle que les techniques de vinification vont se moderniser et la qualité des vins de Provence va s'améliorer. C'est également au cours du XXe siècle que vont naître les coopératives vinicoles dans la majeure partie des villages provençaux. Trans en Provence avait la sienne. Elle avait été construite en 1940 et détruite en 1990 ou 91.
Source : D'après le livre "La Provence d'antan à travers la carte postales ancienne" - HC Editions.