Le musée de l'Annonciade à Saint-Tropez
La chapelle Notre-Dame de l'Annonciade a été érigée vers 1510 par la confrérie des Pénitents blancs. Cette confrérie avait été chargée de racheter les marins tropéziens capturés par les pirates barbaresques qui infestaient la Méditerranée et qui réduisaient en esclavage tous ceux qui tombeaient entre leurs mains. Vendu comme bien national sous la Révolution, le clocher fut abattu en 1821 et le toit réparé sous sa forme actuelle pour permettre d'utiliser la chapelle comme magasin et salle de modèle et de trace pour la construction de batîments à voile.
Désaffectée à la Révolution, la partie supérieure fut aménagée en 1937 pour recevoir les collections du Museon Tropelen.
En 1892, Paul Signac, créateur du pointillisme, débarque de son yach l'Olympia dans le petit port de Saint-tropez. Touché par "la révélation de la lumière du Var", il n'en repartira plus. Il invite gracieusement de jeunes talents comme Louis Valtat, Henri Matisse, Maximin Luce, Henri-Edmond Cross, André Derain. C'est ainsi que plusieurs générations de peinres vont se succéder à Saint-Tropez. Leurs nombreuses oeuvres sont d'abord prédentées dans une salle de la mairie. Puis par la suite, en 1950, Georges Grammont, un industriel et mécène, obtint de faire transformer et réaménager l'ancienne chapelle Notre-Dame de l'Annonciade en musée. C'est l'architecte Louis Süe qui fut chargé des travaux de transformation. Georges Grammont fit don au nouveau musée, inauguré le 7 août 1955, de cinquante-six pièces de sa prestigieuse collection.
Témoignage du rôle historique que joua Saint-Tropez dans l'art du XXesiècle et résultat de la passion d'un homme, le musée de l'Annonciade a choisi de rester un musée vivant en proposant chaque été, une exposition à ses visiteurs, accompagnée d'une autre manifestation, à Noël ou à Pâques. Ce musée rassemble désormais une superbe collection de peintures et de sculptures qui s'échelonent de 1890 à 1950, toutes ces oeuvres sont imprégnées d'une réflexion sur la couleur, mais restent fidèles à la figuration. Au moins une vingtaine sont l'oeuvre d'artistes de notoriété internationale : Pierre Bonnard, Georges Braque, André Derain, Raoul Dufy, Aristide Maillol, Albert Marquet, Henri Matisse, Georges Saurat, Paul Signac, Kees Van Dongen, Maurice de Vlaminck, Edouard Vuillard, Georges Rouault... En ce qui concerne la sculpture, nombreux sont les peintres qui a un moment donné de leur vie,, ont consacré, leur réflexion dans un domaine qui leur était apparemment inconnu. Si Honoré Daumier figure le premier sur la liste dans cette exposition, c’est pour indiquer combien la sculpture moderne, celle née d’une autre interprétation, lui doit pour sa liberté et son pouvoir de suggestion. Mais c’est à partir de la révolution de l’Impressionnisme, saisissant l’instantané, que certains peintres ont été intéressés par la sculpture. Edouard Degas tente de capter un geste en mouvement, Renoir, à la fin de sa vie, se tourne vers la sculpture tant sa peinture devenait" plastique" .Renoir Paul Gauguin en bouleverse les règles en réintroduisant la taille directe et s’écarte du langage qui était le nôtre pour révéler la beauté oubliée. Bonnardet Vallottonexcelleront dans des nus modelés dans la terre et figés dans le bronze.
Parmi les fauves, Henri Matisse, surtout, à "fait de la sculpture comme un peintre", c’est-à-dire qu’il a interrogé la sculpture pour y trouver une solution à des problèmes picturaux. Kirchner, à l’inverse, met à nu la peinture et ses bois sculptés sont un retour au primitif. Pour Derainou Chabaud, la sculpture est de forme géométrique dans un espace resserré. Picasso, quant à lui, se servira sans cesse de la sculpture pour vivifier sa peinture.
Braque aura une approche très différente, son œuvre frontale est presque en contradiction avec sa peinture. Giacometti est-il peintre ou sculpteur ? Il est synthèse des deux mondes. Arp ouvre un univers autre, onirique, poétique, sensuel.
Ainsi, des artistes dont l’histoire retient le rôle éminent et primordial, se sont aventurés dans un monde différent. Ils ont voulu signaler que le peintre pouvait lui aussi tenter une autre analyse et laisser trace d’une autre vie, la cerner, la mettre en volume dans l’espace. Ils ont plus sûrement compris qu’ils devaient, s’ils voulaient rester attentifs à la création, se mettre en difficulté, dans un équilibre plus instable que celui établi dans un langage qu’ils connaissaient trop bien, pour essuyer de remédier à des coutumes et ainsi se frotter à l’inconnu. Parallèlement, exposition de scultpures de Bernar Venet, dans les jardins du Musée.
Source : D'après le livre "Le Var" de Christine Bonneton et le site officiel de la mairie de Saint-Tropez.