Le cimetière américain de Draguignan
Le 15 août 1944, les Forces Alliées débarquent sur le littoral varois. Ce jour-là à Draguignan, on apporte au docteur Angelin German, les corps de deux parachutistes américains tombés au quartier des Selves. Le médecin fait partie de la Résistance. Après une concertation avec son comité, il les fait enterrer dans un champ d'oliviers près du cimetière des Augustins. C'est l'origine du cimetière américain de Draguignan, inauguré officiellement le 26 juillet 1956. La libre disposition des terres d'une superficie de 5 hectares a été accordée a perpétuité au gouvernement des États-Unis par le peuple français. Le cimetière renferme 861 sépultures, 62 stèles marquent les tombes de soldats inconnus, sur le "mur des disparus" sont gravés les noms de 293 soldats.
Bien que le caractère solennel du lieu laisse présager une certaine austérité, ce cimetière particulier mérite de s'y attarder ne serait-ce que pour admirer l'architecture et l'agencement des jardins aménagés sur un tapis de gazon éclairé tout au long de l'année d'un vert irréprochable. Sans faire des kilomètres, le promeneur aura de surcroît l'opportunité de fouler le sol américain puisque ce mini-territoire est une concession accordée aux Etats-Unis. L'architecte concepteur, Henry J. Toobs, d'Atlanta en Géorgie, représenté localement par Georges Sauvan, architecte à Cannes et l'architect paysager new yorkais, A-F. Brinckerhoff ont conçu l'ensemble beaucoup plus dans l'esprit d'un parc éducatif que dans celui d'une nécropole.
Au Pied du Mémorial édifié dans le cimetière, une grande carte de bronze en relief, réalisée à Florence par Bruno Béarzi, retrace les opérations militaires déclenchées dans la région le 15 août 1944. Le débarquement s'effectua principalement à Saint-Raphaël, Saint-Tropez et Sainte-Maxime, tandis qu'un parachutage de 9 000 hommes environ était effectué sur La Motte et Le Muy. Le mur de soutènement du Mémorial fut érigé à la mémoire des disparus.
Sur son fronton, la sculpture monumentale de "l'Ange de la Paix" veillant sur la jeune génération, a été imaginée par Edmund Amateis, de New-York, et réalisée par le sculpteur Georges Granger de Châlon-sur-Saone. Le Mémorial et le mur des disparus sont en pierre de calcaire bouchardée de Rocheret. L'intérieur de la chapelle est décoré de mosaïques fabriquées et posées par Ausin Puves, du Connecticut. Celles qui ornent l'abside, symbolisent d'après l'auteur, la compassion infinie du Seigneur pour l'humanité. Les deux personnages frappés de douleur représentent les proches parents pleurant leur défunt, un jeune homme qui semble dormir, soutenu par les allégories de la générosité et de la force. Son uniforme, son casque et son fusil montrent qu'il s'agit d'un soldat américain. Sur la droite, Saint Louis debout sur les murs d'Aigues-Mortes avant son embarquement pour les croisades. Derrière lui, on reconnaît la Sainte Chapelle. L'autel massif est en marbre vert des Alpes provenant des carrières du Val d'Aoste.
Source : Couleurs du Var - Morceaux choisis - Conseil Général du Var.