Histoire d'une découverte archéologique
C'est en observant un champ de blé que l'abbé Raymond Boyer (1925-2011) a découvert un sanctuaire romain. Petit homme au franc-parler, à l'énergie rayonnante, l'abbé Boyer, a consacré sa vie à la recherche archéologique. Ce fondateur du Centre Archéologique du Var (1957), se souvient avec la précision du chercheur au CNRS qu'il est également, d'un certain jour de juin : "Un entrepreneur de Carcès avait trouvé beaucoup de monnaies, à proximité de Fox-Amphoux, au carrefour des routes de Quinson, Tavernes et Aups. J'ai engagé une campagne de fouilles (Nota : ces fouilles on été effectuées de 1968 à 1977) et dégagé une partie d'un habitat de l'époque romaine. De l'autre côté du chemin vicinal qui le bordait, il y avait une parcelle triangulaire plantée en blé. Ce jour-là, je suis monté sur un talus. Le blé était mûr. J'ai été surpris de constater qu'il y avait des bandes bien régulières où il avait poussé moins haut". Son sang d'archéologue ne fait qu'un tour : le champ recouvre des murs. Logique, il y a moins de terre, donc moins d'humidité. Or, la moisson est proche, dans trois jours. "Je bondis sur le téléphone du bistrot du coin et je demande à l'ALAT (Aviation légère de l'armée de terre, basée au Cannet-des-Maures) de me faire des photos aériennes verticales, en lumière rasante. J'ai découvert un grand bâtiment de 90 mètres de long sur 45 mètres de large, que j'ai pu fouiller presque en totalité".
Fait exceptionnel et rarissime, ce bâtiment d'usage public abrite un temple. Des éléments monumentaux en calcaire blanc et en marbre, oscillant entre 400 et 600 kilos, des fragments de colonnes cannelée et des pièces statuaires, dont une tête de Minerve plus grande que nature, sont retrouvées dans le sol.
Le temple s'ouvrait sur une esplanade ceinte par un portique de 10 mètres de large, composé de petites colonnes réalisées en quartiers de terre cuite superposés. Une grande pierre découverte sur le chemin devait en marquer l'entrée.
"Si on examine la topographie, reprend l'abbé Boyer, on s'aperçoit que les limites des communes de Fox-Amphoux et de Montmeyan passent ici. D'après ce que nous savons de la géographie ecclésiastique du Moyen-Age, le diocèse de Fréjus et le diocèse de Riez s'arrêtaient également là. Or, les territoires des diocèses se sont calqués sur ceux des cités antiques. Ce temple était probablement un sanctuaire de frontière, à la limite des cités romaines de Fréjus et de Riez".
Source : D'après "Var terre d'histoire" - Dominique Legenne. Illustrations parues dans la revue d'archéologie Gallia.