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Passion Provence
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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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30 juillet 2013

Le drac de Beaucaire

Drac-nourrice

Beaucaire est une charmante bourgade provençale située dans le Gard, sur la rive droite du Rhône. Cette cité très ancienne, fondée au VIIème siècle avant J.C., abrite des légendes qui remontent à la nuit des temps. On conserve dans les réserves du musée du Vieux-Beaucaire, des battoirs de lavandières ornés d’un côté, de figures reptiliennes. Ces étranges battoirs, dont on peut admirer d’autres beaux spécimens au Museon Arlatan d’Arles, sont les seuls à garder vivante la fabuleuse histoire du drac de Beaucaire. Gervais de Tilbury, le premier, mentionne la légende dans son ouvrage De lamis et dracie et phantassis, écrit vers l’an 1200. La voici, telle qu’elle a été reprise depuis par divers auteurs, sans jamais subir la moindre altération. Ce drac, ou dragon, hantait les bords du Rhône et se nourrissait de filles et de garçons qu’il attirait au fond de l’eau par son chant et en faisant miroiter sous leurs yeux des pierreries merveilleuses. Un jour, il s’approcha d’une jeune femme qui venait d’avoir un enfant sans mari et qui lavait son linge sur la rive déserte. Fascinée par le chant du monstre, elle laissa tomber son battoir et, en allant le chercher dans l’eau, elle perdit pied. Entraînée dans les abîmes, elle disparut. Le drac la conduisit auprès de sa femelle qui venait d’enfanter et la jeune femme fut priée de servir de nourrice au bébé dragon. Le drac lui confia une petite boîte de graisse humaine, en lui recommandant de bien en enduire son fils chaque soir afin qu’il soit invisible, puis de nettoyer soigneusement ses mains après l’opération avec une eau spéciale qu’il lui fournit également. Un soir qu’elle était plus fatiguée que de coutume, la nourrice oublia de se laver les mains. Le lendemain matin, en s’éveillant, elle se frotta les yeux et constata qu’elle pouvait voir le dragon, lors même qu’il s’était rendu invisible aux humains. Au bout de sept années d’absence, la lavandière retrouva la liberté et s’en retourna tout heureuse chez elle. On la vit revenir à Beaucaire, et rentrer dans sa maison, un paquet de linge sur la tête, comme si elle s’en retournait du lavoir. Aux questions qu’on lui posait, elle répondit qu’elle sortait du Rhône et qu’elle avait été gardée pendant sept ans comme nourrice par le drac :  "Dans une grotte vaste et pleine de fraîcheur, éclairée par une lueur aqueuse…"  

Drac-Beaucaire

A quelques temps de là, en apercevant la drac qui se promenait sur la place de Beaucaire, elle alla le saluer fort civilement. Le drac fut si fâché d’être vu qu’il lui creva un œil d’un coup de griffe. Ce fut, d’ailleurs, la dernière manifestation du montre qui ne devait plus reparaître, ni dévorer personne. Les mythologues ont proposé de nombreuses interprétations du thème légendaire du dragon dont le nom latin, draco, contracté en celui de drac ou de dra a désigné le plus souvent des esprits malfaisants ou des puissances infernales. La plupart des spécialistes ont vu dans les fêtes chrétiennes des Rogations, durant lesquelles ont offrait autrefois aux fidèles l’image d’un dragon, le souvenir des cérémonies annuelles païennes qui marquaient le retour du beau temps, lorsque, la première moitié du printemps étant écoulée, la victoire du soleil vers les puissances obscures de l’hiver peut être considérée comme entière. Selon ces hypothèses mytho-astrologiques, les dates de ces fêtes correspondraient au lever, à la culmination et au coucher de certaines constellations zodiacales. D’autres érudits ont prétendu que le dragon représentait l’énergie du débordement des eaux, fleuves ou torrents, et que la victoire remportée sur le monstre symbolisait les patients travaux hydrauliques qui maîtrisent les crues automnales et vernales.  

Source : Guide de la Provence mystérieuse – Editions Tchou.

Beaucaire

Complément

La première trace écrite de la légende du Drac remonte au XII ème siècle, et l'histoire s'est sans doute transmise oralement bien plus tôt. Au fil du temps, la monstrueuse créature aquatique a vu son apparence se transformer. Ainsi, on l'a parfois décrite comme un monstre amphibie, dont le bas du corps était celui d'un reptile et les épaules et la tête celles d'un beau jeune homme. Le célèbre poète provençal du XIXème siècle, Frédéric Mistral, voit le Drac bien différemment dans son Poème du Rhône, il le décrit comme une créature au long corps serpentin, aux yeux glauques, aux doigts des mains et des pieds palmés. Sa tête est couverte de longs cheveux verdâtres et son dos s'orne de deux nageoires bleues. Dans les récits populaires, on fait le plus souvent du Drac un dragon ailé au regard pâle et glacé, dont le corps immense est recouvert d'écailles vertes et luisantes et se termine par une longue queue. Enfin, il possède des griffes acérées comme des couteaux dont il n'hésite pas à faire usage contre ses proies...

La Provence, terre de dragons

Il semble que le climat provençal soit propice aux dragons, car on trouve d'innombrables légendes les concernant sur ces terres... Ainsi, à Tarascon, cité jumelle de Beaucaire implantée sur l'autre rive du Rhône, on redoutait la Tarasque jusqu'à ce que sainte Marthe en débarrasse le pays. Au Val d'Enfer, à proximité des Baux-de-Provence, un autre dragon se cache au fond du Trau di fado, le Trou des Fées. La région d'Arles fut elle aussi menacée par un dragon dont le chevalier Arlatan la délivra. A Draguignan, c'est saint Hermentaire qui triompha du dragon, et à Menton on remercie saint Michel d'avoir libéré la cité du monstre. On ne pourrait énumérer tous les villages qui se targuent d'avoir connu un dragon tant ils sont nombreux. On peut citer, entre autres, Castillon, Fontan, Saorges, Ferres, Sainte-Anasthasie, Peillon... Presque tous sont d'ailleurs si fiers de leur monstre qu'ils l'affichent sur leurs armoiries.

Voir également mon article : Dragons et gnomes des légendes : http://www.passionprovence.org/archives/2013/03/03/26490256.html

Dragon

 

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Commentaires
M
Je me souvenais un peu de ces légendes, mais merci pour ces précisions...car ton article est vraiment complet...<br /> <br /> J'ai depuis longtemps un livre, intitulé "Provence mystérieuse" et j'aime bien le reprendre de temps en temps ! On y trouve pleins de légendes<br /> <br /> Bizzzzous
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L
Je ne connaissais pas cette légende, merci de cet instructif article.<br /> <br /> Bon week end.... Bises amicales
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C
Bravo Nadine, encore une fois, un très bel article, vraiment agréable à lire. belle journée à toi bises. Christiane
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M
Kikou Nadine,<br /> <br /> <br /> <br /> Et bien je ne connaissais pas du tout cette belle légende :-)<br /> <br /> pourtant je suis allé à Beaucaire mais seulement pour voir<br /> <br /> le spectacle des aigles,f aucons et vautours :-) <br /> <br /> je te souhaite un bon mardi, gros bisous à toi.
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M
merci infiniment pour ces récits ...toujours passionnants..J'espère pouvoir aller à Beaucaire en fin d'année ...sur les traces du drac ...<br /> <br /> Soit dit en passant ...j'ai , moi aussi ,une fracture du tibia ET egalement du péroné ...mais plus que deux semaines à attendre ..
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A
Je suis passée à Beaucaire il y a un mois,mais je ne connaissais pas encore cette histoire,merci.
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M
C'est superbe, merci pour TOUT /°<br /> <br /> Il y a bien longtemps que je ne suis pas venue ...ici...mais bientôt je retrouverai ces terres où il fait bon vivre et j'oublierai j'espère ma fracture du péroné, les ennuis divers et variés !<br /> <br /> Bon mardi sous le soleil moins chaud .
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G
Merci Nadine pour cette bien belle page de légendes.<br /> <br /> Bonne semaine<br /> <br /> Giselle
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