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Passion Provence
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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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5 septembre 2020

Le rocher de Roquebrune et du Muy

 

Carte 

Il y a longtemps que je voulais vous parler du rocher de Roquebrune. Ce rocher a vu vivre bon nombre de générations de mes ancêtres et eux, depuis toujours l'ont contemplé et ont vécu sous sa protection.

On dit que les Roquebrunois et les Muyois se disputaient et se disputent toujours le rocher (vous le lirez ci-dessous) qui est à moitié chez les uns et à moitié chez les autres.

Or, le 6 octobre 1890 au Muy, un muyois, François Barret, a épousé une Roquebrunoise, Adélaïde Ollivier. Ils étaient mes arrière-grands-parents. Preuve qu'ils ne se disputaient pas tous ! Donc, ce rocher est un peu à tous les deux et un peu à moi aussi. C'est à eux que je pense en écrivant cet article mais aussi fortement à Georges dit Jojo, mon papa. Je me suis inspirée de plusieurs documents et livres comme je le fais à mon habitude, pour écrire cet article, j'ai employé aussi des photos provenant de différentes sources n'ayant pas pu les faire toutes moi-même.

Rocher_Roquebrune-sur-Argens

 Le rocher de Roquebrune dans sa totalité (Photo trouvée sur Internet)

Je le vois depuis notre terrasse à Trans en Provence (mais trop loin dans le lointain pour faire une photo valable). Il barre l'horizon de mon regard. Il est là depuis des temps séculaires. Il se dresse sublime au-dessus de la plaine de l'Argens qu'il domine de sa masse rocheuse imposante et majestueuse. C'est le rocher de Roquebrune. Il culmine à 373 mètres d'altitude et s'étale entre la commune du Muy et celle de Roquebrune-sur-Argens. Sur les cartes, le massif porte officiellement le nom de rocher de Roquebrune, une appelation qui ne plaît guère aux habitants du Muy puisque leur commune possède à peu près la moitié du territoire concerné. Ceux-ci préfèrent l'appeler "Les Trois Croix", faisant référence aux trois sommets où, depuis les temps reculés, sont dressées des croix symboliques donnant un caractère sacré à la montagne.
Les Roquebrunois, eux, parlent de la Roque ou du Roucas, des termes familiers, voire affectueux, pour qualifier cette montagne dont ils sont fiers et qu'ils considèrent un peu comme leur propriété.

Nota : Dans les années 90, le sculpteur Bernar Venet a proposé à la municipalité d'alors de réaliser trois croix monumentales au sommet du rocher. Pour chacune de ces croix, le sculpteur a choisi de rendre hommage à trois artistes majeurs de l’histoire de l’art. Il s’est inspiré de célèbres "crucifixions" peintes aux XIVème, XVème et XVIème siècles, chefs d’oeuvre des peintres Giotto, Grunewald et le Greco. Elles s'élèvent à 475 mètres et pèsent plus d'une tonne. Elles dominent la plaine depuis 1991.

Les trois croix Roquebrune

Les trois croix de Bernar Venet (Photo site roquebrunesurargens-tourisme.fr)

Depuis longtemps, sans doute, les habitants des deux villages, se disputent la possession de ce rocher qui tient une grande place dans leur coeur et dans leur vie. Depuis des générations, c'est leur toile de fond, leur spectacle permanent : il change d'aspect à chaque heure du jour, quand apparaît un nuage sur les crêtes ou lorsque le mistral se lève. Il leur offre un perpétuel sujet de conversation, émaillé de dictons et de prédictions météorologiques. Sa masse s'impose à tous, sa couleur ocre, dont l'intensité varie avec la lumière, illumine leurs jours. On dirait que la montagne fait partie de leur vie, qu'elle les rassure, qu'elle leur permet de dormir tranquilles.

Roquebrune-Rocher3

 Une partie du rocher de Roquebrune (Photo Nadine) 

A cet endroit se dressait à la fin de l’ère primaire, c'est-à-dire, il y a 250 millions d’années une chaîne de montagne : la chaîne hercynienne dont les derniers témoins sont les massifs des Maures et du Tanneron. Sur environ 50 millions d’années, l’érosion a complètement nivelé la chaîne. Une partie des débris s’est accumulée dans un profond bassin d’effondrement situé au nord du massif des Maures : la pénéplaine hercynienne permienne. Ce conglomérat de sables et de galets ou le granit est dominant s’est métamorphosé sous forme de grés et d’arkoses.
A l’ère tertiaire, des mouvements tectoniques ont provoqué un rajeunissement du relief et ont fait remonter le conglomérat à la surface. C’est ainsi que le rocher constitue un énorme massif sédimentaire qui semble faire la nique au massif cristallin des Maures dont il est issu 250 millions d’années plus tôt. Depuis, l’érosion a repris son oeuvre et recommence à niveler et à grignoter le paysage. Ce massif a une apparence étrange avec son aspect chaotique. Sa couleur vraiment très caractéristique est due à une quantité inhabituelle d’hématite (oxyde de fer). Mais selon l'heure de la journée à laquelle vous le regardez, il n'a jamais les mêmes couleurs. Il n'est jamais pareil, moi, je trouve que les plus beaux tons, ce sont ceux qui le parent dans le soleil couchant. Ci-dessous deux magnifiques photos qu'un ami transian et lecteur de mon blog, Noël Landry, m'a envoyées. Merci à toi Noël pour ce beau cadeau.

Rocher-septembre

 Le Rocher au soleil couchant de septembre
(Photo de Noël un transian qui le voit de chez lui sur les hauteurs de Trans)
 

Rocher-décembre-soltice-d-hiver

 Le rocher au solstice d'hiver (Photo de Noël)

 Anecdote : Jadis, le Rocher rythmait la journée. Lorsque le temps allait changer, on regardait le Rocher. S'il se coiffait d'un chapeau de nuages, on disait en provençal :
- à Roquebrune :
"Quouro la roucaio a lou capèu, s'a pas plougu, ploura ben lèu".
(Quand le Rocher a le chapeau, s'il n'a plu, il pleuvra bientôt).
- au Muy :
"Quouro lou rouca a lou capèu, pren ta capo et va-t-en lèu".
(Quand le Rocher à la chapeau, prend ta cape et reviens vite).

Mais le rocher a une autre particularité, il donne l'heure par un cadran solaire appelé le Clègue, là où la roche affecte la forme d'un Y majuscule au côté nord. Au moment où le Clègue rentre dans l'ombre, il est midi. Si, de nos jours, on ne conculte plus le Clègue, il était encore très courant de le faire au début du XXe siècle. Alors, les paysans qui travaillaient s'en allaient prendre leur repas à l'ombre d'un arbre ou au bord de la rivière, notamment vers le Blavet.

Bastide-provence 

Une autre partie du rocher vu par l'objectif de ma cousine Michèle de Roquebrune-sur-Argens.

Sources : D'après le livre "Le Rocher de Roquebrune" - Editions Campanile - 2004. 

rocher

 Le rocher et ses formes étranges (Photo trouvée sur Internet)

 

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Commentaires
M
Trés trés interessant....je ne savais pas tt celà<br /> <br /> Belles photos.Bravo Nadine! et merci!
Répondre
G
Bonjour Nadine,<br /> <br /> <br /> <br /> Un vrai bonheur que de commencer la journée avec cet article sur "mon Rocher", si cher à mon coeur, et pour causes ...<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai grandi et vécu sous sa protection. Mes grands-parents comme mes parents avaient toujours l'heure exacte en consultant tout simplement le Clègue .. Nos vendangeurs, auxquels mon pépé Joseph répétait " petits, pas besoin de regarder vos montres, je vous dis que c'est l'heure du repas", étaient souvent perplexes ..<br /> <br /> <br /> <br /> Au lieu-dit des Vergers, où ma famille avait un petit domaine, étions juste en face, l'Argens nous séparant des Roques et des Pétignons, quartiers aussi qui nous étaient familiers pour y avoir quelques parcelles de terre et de forêt. La construction de l'autoroute, qui passe au quartier des Roques, mit fin à l'exploitation des parcelles viticoles. <br /> <br /> Nous avons fait don à la mairie des derniers hectares de forêt, disons plus de garrigue et broussailles, surtout après le passage des incendies, déjà en 1963, si mes souvenirs sont bons, quand le Rocher fut site classé dans les années 90.<br /> <br /> <br /> <br /> J'en fis plusieurs fois l'ascension, souvent avec mon parrain, qui avait une magnifique propriété, un vrai paradis, au quartier des Pétignons ... Enfant, c'était mille découvertes et "des leçons de choses", garanties tout au long du parcours, avec mon parrain, cet excellent instit normalien, hussard noir de la République ! J'y enrichissais mes connaissances sur la faune et la flore ainsi que mon herbier .. mais pas que .. <br /> <br /> avec une rédaction à l'appui pour raconter ma journée mémorable ... <br /> <br /> mon parrain était un conteur comme son papa et leurs histoires me fascinaient, tant en provençal qu'en français, avec ce style de Pagnol inimitable pour mon parrain ..<br /> <br /> Que de souvenirs ... mille et une une madeleines de Proust.<br /> <br /> <br /> <br /> En ouvrant les volets, côté ouest, de la maison familiale avions une vue superbe sur le Rocher, maman comme tous les anciens y prenait sa météo du jour ... souvent plus exacte que les prévisions radio/TV !!<br /> <br /> <br /> <br /> Le Rocher, c'est oui toute une palette de couleurs, jamais la même; au fil d'une même journée ...<br /> <br /> <br /> <br /> Cette vue me manque dès lors , même si ces dernières années, la construction d'immeubles en face avait déjà quelque peu rétréci le panorama !<br /> <br /> <br /> <br /> Je garde le souvenir du Rocher dans mon coeur et je ne suis pas très loin, ce qui me donne l'occasion de toujours l'admirer lors de mes passages fréquents.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci Nadine pour ce beau partage avec de si belles photos.<br /> <br /> <br /> <br /> Bon dimanche et belle nouvelle semaine, en restant au frais le plus possible !<br /> <br /> <br /> <br /> Giselle (une "saute-messugues" !)
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