Le crime du marquis d'Entrecasteaux
Le matin de ce lundi de Pentecôte, 31 mai 1784, l'épouse du marquis d'Entrecasteaux, président de la cour du parlement d'Aix, a été retrouvée morte et ensanglantée dans sa chambre. L'hôtel du marquis situé sur le Cours, est déjà gardé par la maréchaussée et la troupe. Le mari parle de suicide, le médecin soupçonne un crime. La marquise a été surprise dans son sommeil et égorgée à plusieurs reprises de plusieurs coups de rasoir. Une bourse vide laissée en évidence et un secrétaire défoncé plaident pour un crime crapuleux, mais une cassette pleine de bijoux et d'autres objets luxueux sont toujours là. La police, méticuleuse, ne relève aucune trace d'effraction ni d'escalade. Le criminel n'a pas pu venir de l'extérieur. Le personnel de la maison est mis aux arrêts et au secret, on l'interroge mais sans résultats. L'enquête révèle alors que le couple n'était pas bien assorti et ne s'entendait plus : marquise laide et peu avenante, marquis joli-coeur, scènes conjugales répétées. Un an plus tôt, pendant la nuit, la marquise avait été prise d'un mal étrange. Un docteur pensa au poison, mais se tut. Quelques jours avant l'assassinat, un verre de vin avait provoqué une violente sensation de brûlure à la marquise, qui avait vomi et s'en était sortie. L'enquête démontra que, quelques temps plus tôt, le marquis avait acheté de la mort-aux-rats ! Dès lors, sa culpabilité paraissait évidente. Une perquisition la confirma : un rasoir manquait dans le nécessaire du président. D'Entrecasteaux n'eut que le temps de s'enfuir le 3 juin pour Nice et de là au Portugal. Sa fuite était un aveu. Là-bas, on l'arrêta, mais, en son absence, le parlement de Provence dut se contenter d'une condamnation à mort par contumace et d'une exécution en éfigie. Cependant, la prison humide de Limoeiro au Portugal eut rapidement raison du marquis qui y mourut le 6 juin 1785. Et si une rue d'Aix en Provence porte de nom d'Entrecasteaux, c'est à son oncle qu'on le doit, un glorieux navigateur parti en 1791 sur les traces de La Pérouse.
Source : L'Almach de la Provence - Pierre Echinard - Ed. Larousse
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La découverte d'Entrecasteaux est un rare plaisir. Il faut longer des carrières d'argile rouge qui se transforment peu à peu en un vallon ombragé, descente rythmée par le clapotis de la rivière, pour finalement déboucher sur un village provençal typique, agrémenté de vestiges du XIe siècle.
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