Les portes et les heurtoirs des maisons provençales
Porte à Trans en Provence (Photo Nadine)
Gardiennes de l'intimité et exposées aux regards, les portes d'entrée sont très soignées par les propriétaires. Elles peuvent être de forme droite ou cintrée, avec ou sans imposte, à simple ou double battant. Les hôtels particuliers et les maisons des notables en ont fait des objets de fierté. Avant le XVIIe siècle, c'est surtout l'encadrement qui est travaillé : des sculptures de pierre, mascarons et guirlandes, ornent les linteaux ; parfois des atlantes ou des cariatides montent la garde de chaque côté.
Le XVIIIe siècle voit l'essor de l'art des portes proprement dites grâce aux charpentiers de marine formés dans les chantiers navals de Toulon. Auparavant cloutées, parfois moulurées, les portes sont alors sculptées de colonnes, d'instruments de musique, d'angelots ou "putti", de têtes de faune, de guirlandes de fleurs et de fruits.
Portes cloutées à Trigance dans le Haut-Var (Photo Nadine)
Pour permettre aux visiteurs de s'annoncer, elles s'ornent aussi de heurtoirs en fer, bronze ou cuivre. A l'origine simples maillets suspendus aux huis, ces objets ont pris au cours des siècles les formes les plus fantaisistes. Des pommes de pin, des fleurs de lys, des coeurs entrelacés, des anneaux insérés dans des gueules de lion résonnent sur des contre-heurtoirs assortis.
Au XIXe siècle, leurs formes de poings ou de larmes inspirent le surnom de "pleureuses d'amour". L'apparition des sonnettes électriques a bien changé le son des visites et les heurtoirs ne sont plus forgés que pour la décoration...
Source : L'âme des maisons provençales - Elisabeth Bousquet-Duquesne - Editions Ouest-France - 2004.