Le fil, du cocon au tissu
Le décoconnage se faisait en famille ou avec les voisins
La récolte des cocons
Le "décoconnage" désigne la récolte des cocons avant que le chrysalide ne devienne papillon. Les cocons sont débarrassés de leur bourre ou blaze (fils courts tissés par le ver pour attacher le cocon à son support) à l'aide d'une débaveuse. Les cocons destinés à la filature sont placés dans un étouffoir où ils sont étuvés pendant 10 heures à 70°C.
Le filage de la soie grège
Les cocons sont ensuite placés dans une bassine d'eau chauffée à environ 90°C, où ils sont battus à l'aide de brosses de chiendent ou de bruyère. L'eau chaude dissout en partie le grès qui soude les fils de soie, et le battage permet d'accrocher l'extrémité du fil qui compose le cocon. Plusieurs cocons sont dévidés simultanément (4 à 8 suivant la finesse souhaitée) et les fils chauds se soudent ensemble pour former un fil plus important, propre à être tissé. Quand le fil d'un cocon casse ou que le cocon est entièrement dévidé, on noue à son extrémité le fil d'un autre cocon, de façon à assurer la continuité du dévidage. Le fil ainsi formé reçoit une légère torsion qui facilite l'agrégation des fils puis est enroulé sur un dévidoir pour former une flotte (écheveau) de soie grège. Les flottes subissent ensuite le moulinage retordage, étape qui assemble plusieurs fils en leur donnant une torsion, une grosseur, un aspect et un toucher spécifique en fonction de leur utilisation future (trame, organsin, crêpe, ovalée, grenadine, cordonnet).
Note : Un cocon donne en moyenne 1 kilomètre de fil ou "soie tirée", 2 km au maximum. Il faut 6 kilos de cocons pour obtenir 1 kilo de soie.
L'usage des cocons percés
Les cocons percés, la bourre récupérée sur les débaveuses, ainsi que les résidus de filage constituent la "schappe" et sont filés mécaniquement. La schappe doit subir le décreusage avant d'être étirée sous forme de nappe puis peignée de façon à ne conserver que les fibres les plus longues. Celles-ci seront assemblées sous forme de mèche, "cardasse" ou "soie fleuret", destinés à la confection de la bonneterie. Ces fils ne peuvent rivaliser en qualité et régularité avec les soies tirées. Les fibres courtes éliminées lors du peignage sont utilisées pour la confection de la "bourrette".
Intérieur de la filature de soie Edouard Garnier.
Mon arrière-grand-mère : Thérèse Bertrand épouse Vincent y a travaillé, ses filles Marie-Louise Vincent (ma grand-mère) épouse Rambaud et Irène Vincent épouse Boulon y ont travaillé aussi. Sans oublier mon grand-père : Louis Rambaud.
Les étapes qui suivent constituent l'ennoblissement de la soie avant sa commercialisation.
Le décreusage
Cette étape consiste à débarrasser le fil de son grès par dissolution en trempant les flottes dans un bain d'eau savonneuse à 90°C. Les flottes sont ensuite rincées à l'eau chaude puis froide. Le grès est responsable de la couleur écrue et de l'aspect opaque et rêche de la soie grège. Par décreusage on obtient une soie souple, lisse et blanc brillant, dite soie "cuite", "mi-cuite ou "souple" selon le dégré de traitement.
Le greffage chimique
Lors du décreusage, la soie perd environ 30% de son poids. Pour compenser cette perte, la soie étant vendue au poids, il est courant de "charger" la soie avec des sels d'étain notamment. Ce greffage chimique, pratiqué à partir du XIXe siècle, pose des problèmes en terme de conservation dans les musées. En effet, l'oxydation des sels provoque à la longue des coupures dans le tissu, rendant sa destruction irrémédiable. Ainsi, paradoxalement, les soies plus anciennes sont beaucoup plus faciles à conserver.
La teinture
Jusqu'au XXe siècle s'effectuait en flotte : teinture "en fil". les progrès techiniques ont rendu ensuite la teinture des pièces de soie tissée possible : teinture "en pièce". Les soies de qualité sont encore aujourd'hui teintes en flottes. Les flottes maintenues sur des bâtons de bois étaient plongées dans des cuves en cuivre qui étaient chauffées sur des foyers La rotation des flottes permettait d'obtenir une teinture régulière. De nos jours, les flottes sont teintes dans des cuves fermées assurant un brassage automatique. La température des bains de teinture ne pouvant pas dépasser 35°C, le "Grand Teint" n'existe pas pour la soie. Il est possible de teindre la soie tissée par impression : des colorants sont appliqués sur la soie à l'aide de planches gravées d'un certain motif, ou à l'aide de rouleaux mécaniques gravés.
L'apprêt
Suite à la teinture ou au tissage des fils colorés, la soie est apprêtée par l'application d'un apprêt chimique suivie d'une opération mécanique : lustrage, glaçage, gauffrage, moirage... Le but est de donner au tissu l'aspect et le touché recherché, sans altérer les qualités intrinsèques de la soie.
Source : Plaquette éditée par le Musée des Arts et Traditions populaires de Draguignan.
Si vous voulez lire l'article paru dans mon autre blog et intitulé : L'histoire de la soie, la filature de soie de Trans, le lien est dessous.
Le cocon du ver à soie se compose de deux enveloppes : l'une extérieure qui consiste en une sorte de gaze très lâche, l'autre intérieure qui est formée d'un tissu très serré. Cette dernière est le cocon proprement dit et fournit seul un fil de grande valeur ; l'autre, à cause de son irrégularité, ne peut être dévidée et ne donne qu'une soie propre à être cardée.
http://www.transenprovence.info