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Passion Provence
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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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29 septembre 2019

De Vitis Alba à Vidauban

 

Blason de Vidauban

"De gueule à deux lances d’or passées en sautoir, accompagnées de quatre fleurs de lys du même". Telles sont les armes de Vidauban.

L’origine du nom de la ville fait l'objet de plusieurs hypothèses : selon la première, elle viendrait du latin "Vitis Alba", du nom de la clématite (vigne blanche), jolie et odorante, qui parfume les rives de l’Argens. Une autre version prétend que Vidauban dériverait de "Vitis Albanus", soit "La Vigne d'Albanus", du nom d'un propriétaire terrien. Enfin, de vieux documents mentionnent aussi "Vicus Albanorum" et "Castrum de Vidalban"...

Il était une fois Vidauban

Le Centre Var a toujours été un lieu de passage, une voie de communication majeure pour la France du Sud-Est. C’est dans ce cadre que se situe Vidauban, au coeur d’une vaste plaine qui sépare deux zones de collines massives et irriguées de cours d’eau, dont le plus important est l’Argens. On estime que le Sud de la France commence à se peupler il y a un million d’années. A Vidauban, les premiers signes de présence humaine sont attribués à l’Homo erectus, après la découverte de pierres taillées qui lui ont été attribuées. Le témoignage indiscutable de la présence de nos ancêtres est toutefois celui du dolmen de Jas de Parète (ce dolmen est dans un domaine privé), daté du milieu du troisième millénaire avant notre ère. (lire le complément à la suite de l'article). A cette époque, l’homme subvient déjà à ses besoins par l’agriculture et l’élevage. Plus tard, à l’âge du fer, plusieurs oppida (lieux fortifiés) sont érigés. A vocation défensive, ils se situent surtout sur les hauteurs. Des vestiges en seront retrouvés, par exemple à Sainte-Brigitte, bâtie sur un piton rocheux à 180 m de hauteur ou encore au Camp Romain. Quelques ruines, inscriptions, médailles, céramiques ou sépultures attestent d’un peuplement gallo-romain. Qui plus est, des vestiges de la voie Aurélienne, qui reliait Nice à Narbonne, jalonnée de bornes milliaires, ont été dégagés dans le secteur qui surplombe les Blaïs. Terre de rencontres et de passage, Vidauban connaît des invasions et des pillages. Les sources archivistiques manquent donc pour que l’on puisse en savoir davantage sur l’établissement du village. La longue période qui précède le Moyen Age est donc mal connue. A la fin du premier millénaire, la vie des habitants s’organise le long de la route d'Italie, bordée d'une dizaine de chapelles. Cependant, cette route n'est pas sûre. En effet, les Sarrasins, implantés au Fraxinet, envahissent les campagnes qu'ils pillent et brûlent. Pour se protéger, les habitants se replient temporairement sur les hauteurs. C’est en 1014 que l'existence d’un "Castrum nomine Vite Albano" apparaît dans une charte (cartulaire de l'abbaye Saint-Victor de Marseille) : une "manse" (lire le complément à la fin de l'article), propriété des Vicomtes de Marseille, est donnée par ces derniers à l’Abbaye de Saint-Victor. Par la suite, le "fief très noble de Vidalban" apparaît dans diverses transactions, même s’il demeure dans le patrimoine des Vicomtes. Au XIIIème siècle, Vidauban est sans doute située au Sud de la colline de Sainte-Brigitte, dans le secteur dit "Derrière le château". En 1215, Jourdan de Vidalban cède, aux Templiers de Lorgues de la commanderie du Ruou, les terres situées "ultra argencium" "au-delà de l'Argens", c'est-à-dire l'actuel domaine d’Astros. Au XIVème siècle, le site de Vidauban est déjà formé en communauté. Les habitants possédent une bonne partie des terres cultivables et leurs biens ne sont pas soumis à la "tasque" (impôt) en grains et vins. En 1390, le fief de Vidauban revient à Raimond de Villeneuve, fils de Giraud, baron des Arcs. Il demeurera dans cette famille pendant plus de 300 ans. 

Vidauban-vue générale

Vue générale de Vidauban

L’histoire de Vidauban durant cette période est très mal connue. On sait seulement que le terroir a été un moment déserté par la population. L’ancien village, "Derrière le Château", a été détruit en 1500. Les bases du village actuel datent de 1511. Un acte d’habitation est signé à cette date entre Louis de Villeneuve (1450-1516) et 17 manants, des colons venus repeupler le village abandonné. Le seigneur dispose de ses privilèges (justice, impôts), mais les habitants peuvent se constituer en communauté. Ils peuvent élire des administrateurs qui, pendant leur mandat d’un an, s’occupent des affaires communales et des services publics. Ce contrat régira les rapports entre le seigneur et les habitants jusqu’à la Révolution de 1789. Au début du  XVIème siècle, le village s’est déplacé en direction de la Route d’Italie, autour de l’église actuelle. En 1698, le fief change de mains : le Seigneur de Vintimille en prend possession de Messire de Raity. A cette époque, Vidauban compte 146 chefs de familles, 83 maisons habitées et 72 non habitées. En 1707, le village est pillé et ensuite brûlé, à l'exception de l’église, par l’armée de Savoie qui venait de lever le siège de Toulon. De nombreux habitants parviennent à fuir ; d’autres, réfugiés dans l’église, y sont massacrés. Le village est progressivement reconstruit. Une nouvelle invasion a encore lieu en 1747. Vidauban compte 1205 habitants en 1776. En 1786, l’ancien cimetière, "Derrière le Château", est abandonné au profit de celui de l’Aubrède. A la veille de la Révolution, Vidauban est un petit bourg prospère. Ses habitants, par le biais de leur Conseil, n’hésitent pas à tenir tête à leur Seigneur, notamment en lui faisant de très nombreux procès. Les débuts de la Révolution ne sont pas remarqués à Vidauban. Les Vidaubannais, en dehors de litiges habituels, n’ont que peu de demandes à formuler. Le cahier de doléances rédigé en 1789 semble d’ailleurs être un cahier-type, recopié comme dans de nombreux villages. Il est signé par 24 personnes.

Photo_biens_nationaux_

Il faut en fait attendre 1790 et l'application d'un décret de l'Assemblée nationale demandant le recensement des "Biens Nationaux", autrement dit des biens des nobles, du clergé et, à Vidauban, de l'ordre de Malte. En effet, les Chevaliers de Malte avaient pris possession du domaine d’Astros à la suite de la dissolution de l’Ordre des Templiers par Philippe le Bel en 1308. Ainsi, par exemple, l'estimation, la fixation, l’évaluation de toutes les propriétés, droits et revenus appartenant au Seigneur, Comte de Vintimille, débute-t-elle le 18 février. Le 12 frimaire An II (novembre 1793), des lots sont formés et vendus. 1793, c’est aussi l’année de la destruction du château. Par la suite, l’ancienne place du Château devient la Place de la Mairie. En 1848, la République est accueillie avec enthousiasme dans le Var. Après la dissolution de l'assemblée nationale par Louis-Napoléon Bonaparte en 1851, de nombreux républicains prennent les armes pour défendre la Constitution. Le jeudi 4 décembre, c’est la prise du pouvoir à Vidauban. Les républicains s’emparent de la mairie et les sons lugubres du tocsin appellent aux armes. Mais dès le 10 décembre, c’est le début d’une terrible répression qui laissera une cinquantaine de cadavres sur le terrain, notamment à Lorgues, parmi les 6000 hommes de l’armée républicaine venus de tout le département. Emile Zola s’inspirera de cet épisode dans "La Fortune des Rougons", premier roman de la série des Rougon-Macquart. 

Avant 1850, on dénombre beaucoup de fours à poix sur le territoire communal. La plupart produit de la poix "navale", substance résineuse et collante. A la fin du XIXème siècle, Vidauban est une commune à vocation semi-industrielle, prospère notamment grâce à l’industrie du liège et des bouchons. Comme toutes les communes de France, Vidauban paie un lourd tribut à la Première Guerre mondiale. Nombreux sont les jeunes Vidaubannais qui, mobilisés, ne reviendront pas. 

Monument aux morts de Vidauban

Description du monument aux morts de Vidauban : Un piédestal portant les armes de la ville supporte un obélisque tronqué, où sont représentés une couronne mortuaire, une palme, un drapeau et les initiales R.F. Il est couronné d'un coq posé sur un globe, la poitrine fière, chantant le renouveau après la Victoire.

Inscription: "La ville de Vidauban à ses enfants glorieux morts pour la France. 1914-1918."

 Tiré de l'ouvrage de Sylvie Mattone-Vastel et Georges Meissonnier : L'Art et la mémoire de 1914-1918 dans le Var, Commission Départementale de l'Information Historique pour la Paix, 1998.

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Suite de l'article

La commune met à la disposition de la 15ème région militaire l’établissement numéro 12 pour l’assistance aux convalescents militaires. Cette structure dispose de 20 lits pour accueillir les blessés du front. Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans le village occupé, l’atmosphère est pesante. Les Italiens, qui s’étaient installés en 1942, sont rejoints par les Allemands l’année suivante. Pressentant un débarquement imminent en Provence, beaucoup de Vidaubannais sont mobilisés pour le travail obligatoire aux défenses du littoral, au Lavandou et à La Londe. Le village est libéré par les troupes américaines le 16 août après-midi, à la suite du débarquement de l’opération "Dragoon", qui a eu lieu la veille sur les côtes varoises. L’explosion de joie de toute une population succède à des années sombres. Les années qui succèdent à ces pages d’histoire, jusqu’à nos jours, sont marquées de plusieurs sceaux. C’est ainsi la notoriété des Côtes de Provence qui s’étend, et une politique de recherche systématique de la qualité qui leur permet d’accéder, en 1977, au rang d’appellation d’origine contrôlée. Aujourd’hui, la viticulture est l’activité principale de la commune. Elle réunit 5 châteaux, 9 domaines, et une cave coopérative. Le rosé représente 80% des volumes produits et ce vin est incontestablement leader en France et à travers le monde. C’est aussi le développement de Vidauban, qui est passée en quelques dizaines d’années de la taille d’un village à celle d’une petite ville, et qui se dote des moyens et équipements les plus à même de répondre aux besoins de sa population. Vidauban a su préserver son charme d’autrefois. Elle est demeurée authentique et sait allier le progrès au respect de la tradition provençale. 

Sainte Brigitte- Vidauban

Chapelle Sainte-Brigitte à Vidauban (Photo du site Observatoire du Patrimoine Religieux)

Il fera toujours bon faire des balades en canoë-kayak sur l’Argens, découvrir la faune et la flore, se balader sur le chemin de Sainte-Brigitte pour aboutir sur un éperon rocheux dominé de la chapelle, et d’où la vue, panoramique, est grandiose sur la plaine des Maures. Ou encore se promener dans les rues pittoresques de la ville, entre maisons anciennes et fontaines. Tentez bien l'oreille, elles vous raconteront l’histoire de Vidauban… 

Source : D'après un texte trouvé sur le site de la Mairie de Vidauban et arrangé par moi-même

 Compléments à l'article 

Dolmen du Jas de Parète : L'édifice fut découvert en 1965 par G. Palausi du Bureau de Recherches Géologiques et Minières de Marseille. Il a été construit à extrémité d'un petit affleurement de rhyolite d'où ont été extraites ses dalles de construction. La chambre sépulcrale est de forme carrée. Elle est délimitée par une dalle de chevet (1,5 m) à l'est et une dalle au nord reposant sur un muret en pierres sèches. Le côté sud de la chambre est désormais manquant : aucune trace de muret ou de dalle n'a pu être relevée. La chambre ouvre à l'ouest. L'entrée est marquée par deux piliers et une dalle de seuil. Le couloir et le tumulus ont disparu. Le dolmen a été vidé à une époque indéterminée et la couche archéologique d'origine a disparu mais quelques éléments de mobilier ont pu être recueilli directement sur le substrat rocheux au fond de la chambre : 2 perles, 48 éclats de quartz et 8 de silex. Le site comportait aussi de nombreux tessons de tuiles romaines. L'acidité naturelle du sol peut expliquer l'absence totale de fragments osseux.

Manse : Un ou une manse correspond à une parcelle agricole suffisamment importante pour nourrir une famille. A l'époque mérovingienne il est désigné comme une terre cultivée par un affranchi. Il est l'unité de base de la villa, qui peut être composée d'une ou plusieurs manses. La villa ne possède pas la terre détenue par les manses et peut être vendue, donnée, etc... sans que le/s propriétaire/s des manses en soient affectés. A l'époque carolingienne le manse est parfois caractérisé par la condition de celui qui le tient, on parle alors des manses ingénulles (propriétaire libre), des manses lidiles (lite, colon) ou serviles (serf). Si sa superficie est assez précise, cette unité recouvre des superficies très différentes selon les régions. Elle sert essentiellement à la fiscalité. Regroupés en colonicae ou collonges, les manses étaient occupés par des rustici ou paysans qui devaient au seigneur une partier de leur récolte. Dans le sud de la France, manse est devenu mas, mot désignant une ferme, une habitation rurale isolée, mais aussi par extension un quartier rural. Ensuite, la manse est devenue une cote fiscale, un outil de comptabilité fiscale que devait un exploitant à son maître.

Source : Wikipédia - l'encyclopédie libre.

  

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