La légende du Pré de Madame Carle
Le Pré de Madame Carle (Photo Wikipédia)
Situé en amont d’Ailefroide, ce site ferme la vallée de la Vallouise. Nota : Ailefroide est un hameau de la commune de Vallouise-Pelvoux, dans la vallée de la Vallouise, au coeur du massif des Écrins. Situé à environ 1500 mètres d'altitude, le hameau est accessible par la route du printemps à l'automne, avec des services et activités centrés sur l'escalade et l'alpinisme (Cf.Wikipédia).
Les glaciers Blanc et Noir (Photo du site Altituderando)
De nos jours, c’est une plaine de dépôts glaciaires et d’alluvions torrentiels, une zone caillouteuse, agrémentée de quelques mélèzes et vernes (aulnes), balayées par les eaux de fonte des glaciers qui donnent naissance au torrent de Saint Pierre. Malgré cette prédominance minérale, c’est un endroit magnifique, haut lieux touristique du massif ou l’on peut sentir la présence des glaciers, Blanc et Noir, invisibles mais tous proches et aussi entrapercevoir les plus hautes cimes du massif des Ecrins. Le Pré de Madame Carle est, sans conteste, le lieu le plus célèbre et le plus visité de la Vallouise. Au début du XIXème siècle, les glaciers Blanc et Noir se chevauchaient vers l’actuel emplacement du refuge Cézanne. Sur certaines cartes de l’époque, on nommait ce lieu la Grande Sagne, autrement dit le grand lieu humide. Il faut remonter au XVIème siècle pour trouver des récits parlant d’une prairie fertile et verdoyante. Il faut voir qu’à cette époque, le climat était beaucoup plus chaud et les glaciers Blanc et Noir, devaient être cantonnés sur leurs plateaux supérieurs. La formation même du site remonte dit-on encore plus loin dans le temps, et résulterait du comblement d’un ancien lac glaciaire.
Les chroniques de la Vallouise indiquent que le pré existait bel et bien, là où il n'y a maintenant que des cailloux. C’était un bel alpage qui faisait partie des biens (Bâtie de la Vallouise et ses appartenances) donnés en 1505 par le Roi Louis XII à Geoffroy Carle, Président du Parlement du Dauphiné. A sa mort, son épouse Louise Sereyne, originaire de la vallée, administra ses biens et aurait donné ainsi son nom à ce lieu. Une autre tradition attribue ce nom à la belle-fille de ce même Geoffroy Carle, qui au début du XVIème siècle avait été le précepteur de la fille du roi Louis XII. En effet, il aurait acheté en 1510 l’ancien château de la Bâtie des Vigneaux avec ses terres. Son fils Antoine Carle mourut jeune, laissant une veuve et dix enfants. A leur majorité, ils se partagèrent les biens paternels et laissèrent à leur mère cette parcelle de terre qui prit le nom de Pré de Madame Carle. Mais beaucoup d’autres légendes courent encore autour de ce pré notamment celle qui voudrait qu’ait péri ici, tirée par une mule emballée sur ordre de son époux, l’épouse un peu volage de Geoffroy Carle, le premier président du Parlement de Grenoble.
Cette légende est racontée depuis le XVIIème siècle par les écrivains et les gens du pays des Hautes-Alpes. A cette époque, Geoffroy Carle, était président du Parlement de Grenoble. Très investi dans la vie du village des Vigneaux, il habitait avec sa jeune et jolie épouse au hameau de la Bâtie. Sûr de la vertu de sa femme et de la sienne, ne dit-on pas que l'amour est aveugle, il décida un jour de faire réaliser à ses frais sur l’église Saint Laurent aux Vigneaux une fresque qu’il voulait magnifique. Le thème qu'il choisit fut les vices et de leurs châtiments.
Louise Carle s'acquitta de cette tâche avec beaucoup de plaisir, car la jeune femme n'était pas insensible aux charmes du bel artiste italien et c'est même elle qui usant de ses charmes très persuasifs, séduisit le jeune peintre. Leur amourette fut de courte durée, car c'est au cours d'une soirée à Rama (ancien nom de la Roche de Rame) où Geoffroy Carle n'avait put se rendre, que la belle Dame de la Bâtie, décidément volage, oublia bien vite son pauvre peintre et se laissa séduire par le seigneur des lieux.
Et c'est avec naïveté dit-on, que l'imprudente se rendit à l'église pour surveiller les travaux aux bras de sa nouvelle conquête. Blessé, jaloux et furieux, vous connaissez les Italiens, le peintre jura de se venger.