La légende du lac de Besse sur Issole
La légende du lac sur des carreaux de faïence (Photo Nadine)
Les eaux dormantes du lac de Besse (Photo Nadine)
Voici la légende du lac :
Vers le nord de l'étang, se dresse au-dessus du miroir des eaux une véritable falaise rocheuse, haute de trente pieds, toute jaspée de plantes pariétaires, coiffée de buissons verdoyants et du haut de laquelle, en été, se précipitent les enfants avec le secret espoir de toucher le fond introuvable. Ce jeu est d'autant plus redouté des parents que les profondeurs sont habitées par des morts vivants qui mènent sur les eaux une vie étrange et châtiée. Comme Sodome et Gomorrhe, la primitive citée de Besse fut une ville impie.
Elle avait trop de goût pour la danse et les amusements frivoles. Et les habitants avaient osé remplacer les cantiques par des chansons licencieuses lors d'une procession de la Fête-Dieu ! C'est pour un tel comportement et en châtiment que, telle la ville d'Ys, Besse subit les foudres du Ciel et fut ensevelie sous de puissantes vagues jaillissantes qui au-dessus de la ville à jamais submergée, devinrent des eaux mortes souriantes et pourtant dangereuses, immobiles et pourtant menaçantes. Cet engloutissement eut lieu le jour de la fête de Sainte-Anne. Des Bessois foulaient le blé ce jour là sur les aires publiques pendant que tournaient les chevaux dont les sabots faisaient glisser le grain hors des gerbes. C'est en mémoire de cet évènement que le jour de la Sainte-Anne est considéré à Besse et dans les villages alentours, comme défavorable aux foulaisons. A certaines époques de l'année, lorsque l'on va en bateau au milieu du lac, sur un point difficile à trouver à la surface miroitante des eaux, on peut apercevoir tout au fond, les aires chargées de gerbes étincelantes, les chevaux tournant d'un mouvement sans fin et piétinant la paille dorée qui s'éparpille en lueurs ardantes. Une pierre érigée en souvenir de ce jour funeste, repose sur le fond du lac. On peut y lire, écrit en provençal Qu m'a vist, a ploura
Qu me veira, plourara
Qui m'a vu, a pleuré
Qui me verra, pleurera
C'est en 1860, que les Bessois ont vu la pierre pour la dernière fois, à la suite d'une extraordinaire sécheresse.
Le lac de Besse (Photo Nadine)