Le Casino de la Jetée-Promenade à Nice
Le Crystal Palace à Londres construit pour la première exposition universelle de 1851
Le projet naît lors d'un voyage à Londres du marquis d’Espouy de Saint-Paul, qui découvre alors le Crystal Palace à Hyde Park (voir explications en fin de texte) et souhaite reproduire ce bâtiment à Nice. Le marquis imagine un palais flottant en verre sur le modèle des jetées qui sont en vogue à cette époque en Grande-Bretagne. Cette idée est soumise à l'aval du conseil municipal et adoptée le 20 novembre 1875. C'est ainsi que plusieurs demandes de concession sont alors envoyées en préfecture pour une construction de 6500 m2 sur le domaine maritime. Le maire, fermement décidé à avoir son casino, va former une société appelée la Société Anonyme du Casino Municipal afin d'obtenir des fonds. Pendant ce temps, les travaux de fondation de la jetée arrivent à leur terme. La dernière portion consistait à raccorder la jetée-promenade à la promenade des Anglais par une estacade (jetée à claire-voie longue et basse). Mais le maire refuse toutes les demandes de raccordements qui lui sont adressées durant l'année 1881. Le directoire de la jetée-promenade fait donc appel au préfet qui signera un arrêté de raccordement le 17 mars 1882.
La presse de l'époque décrira alors la construction comme un immense vaisseau aux coupoles hardies et aux lignes capricieuses avec son dôme culminant à 20 mètres de hauteur. Sans oublier de parler de son kiosque à musique, de sa salle de concert, de son théâtre, de son cercle nautique et de ses bains de mer. Une ouverture partielle sera lancée au mois d'octobre 1882. L'exploitation est donc faite alors que seuls le dôme, les deux premières salles, la promenade et les terrasses latérales sont achevés. L’ouverture générale s’effectue le 1er avril 1883 bien que la salle de théâtre ne soit pas encore totalement achevée. Or, comble de malchance, un violent incendie interrompt l'exploitation trois jours seulement après son ouverture. L'inauguration officielle devait avoir lieu le 8 avril 1883. On ne connaîtra jamais exactement les causes de cet incendie. Les pompiers tenteront de sauver le bâtiment en vain. Il brûlera entièrement à part la passerelle d'accès et les terrasses. Malgré l'incendie, la société, annonce une réouverture rapide. Mais, les finances manquent et la banqueroute est prononcée : la Jetée-Promenade est mise aux enchères à l'aube de l'année 1884. Il n'y a aucun repreneur. La société est donc dissoute en 1885. Après trois adjudications infructueuses, une nouvelle société, la Société Anonyme de la Nouvelle Jetée-Promenade de Nice, est constituée le 20 décembre 1888 et la reconstruction du bâtiment en ruine reprend dès l'année 1889. Les travaux s'achèveront deux ans après.
Entre 1891 et 1914, le palais de la Jetée enchantera les hivernants de la "Belle Époque" à qui la société exploitante offre un lieu de promenade, de convivialité, un cercle de jeux, de lecture, et des spectacles musicaux de qualité à côté de la programmation du Casino municipal. La photographie et la carte postale avec les éditeurs Jean Giletta, Léon et Lévy ou encore Neurdein diffusent l'image de la Baie des Anges et de sa Jetée dans toute l'Europe, alimentant le mythe de la Côte d'Azur. Quand éclate la Première Guerre mondiale, le bâtiment est réquisitionné et reconverti en centre de convalescence pour les blessés, à l'instar de la plupart des hôtels niçois. A la fin de la guerre, il est affecté à l'American YMCA et utilisé en 1918-1919 comme centre d'accueil pour les permissionnaires des troupes américaines en attente de rapatriement outre Atlantique. Entre 1922 et 1927, le sénateur Pierre Gautier, maire de Nice, désireux de relancer l'économie entend redonner son faste au casino, A la nuit tombée, le palais, dont l'exploitation reprend jusqu'en 1942, s'illumine dans le ciel de Nice, se reflétant dans la mer et contribuant à l'image touristique de la ville. En 1928, un nouveau casino est édifié face à la Jetée-Promenade, il prendra le nom de Palais de la Méditerranée, et sera financé par l'Américain Frank Jay Gould. La silhouette aux bulbes orientalistes de la Jetée-Promenade sera appréciée des nombreux visiteurs de la ville et, parmi eux notamment, le peintre Raoul Dufy, qui l’a de nombreuses fois représentée dans ses tableaux.
Oeuvres du peintre Raoul Dufy - Le casino de la Jetée-Promenade
Le 8 novembre 1942, les Alliés débarquent en Afrique du Nord. L'armée allemande envahit alors la zone libre et l'armée italienne prend le contrôle des Alpes-Maritimes. Nice est occupée et la Jetée-Promenade doit fermer ses portes le 20 décembre 1942. Après la capitulation de l'Italie fasciste le 8 septembre 1943, les troupes italiennes se retirent de la zone sud et sont remplacées par la Wehrmacht qui prend possession de Nice. La ville va alors se soumettre aux exigences du nouvel occupant et ainsi contribuer à la mobilisation des métaux non ferreux. Le casino de la Jetée est donc dépouillé en 1943-1944 de tous ses cuivres, ses bronzes, ses statues, son argenterie, ses câblages électriques et autres métaux susceptibles de servir à l'effort de guerre allemand. Puis, pour protéger la ville de l'éventualité d'un débarquement des troupes alliées depuis l'Afrique du Nord, les Allemands barricadent le bord de mer et utilisent le bâtiment de la Jetée comme camp retranché. Finalement, la Wehrmacht abandonne ce lieu et en janvier 1944, le général Von Kollermann donne l'ordre de démanteler la superstructure du bâtiment (plusieurs milliers de tonnes d'acier). Finalement, à la Libération, il ne restera plus que des débris immergés et les structures métalliques. Le 20 novembre 1946, la société d'exploitation du Casino se voit retirer l'autorisation d'occuper le domaine maritime par arrêté préfectoral. Elle saisit alors le Conseil d'Etat qui le 13 juillet 1951 confirmera l'arrêté du préfet des Alpes-Maritimes : la jetée-promenade ne ressortira plus jamais des eaux dans lesquelles elle a sombré.
Le Casino Jetée-Promenade démantelé (Photo internet)
Le Crystal Palace était un vaste palais d'exposition en fonte et en verre édifié à Hyde Park pour abriter la Great Exhibition de 1851, la première des expositions universelles. Il fut par la suite démonté et reconstruit, sous une forme agrandie, au sud de Londres, dans le quartier qui porte encore son nom. Il brûla en 1936. Le Crystal Palace fut un haut lieu touristique, qui attirait une population issue de tous les milieux sociaux.
Source : D'après un article paru dans Wikipédia, l'encyclopédie libre.