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Passion Provence
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8 novembre 2020

Une curieuse affaire d'empoisonnement à Toulon en 1895

Voici une fort curieuse affaire d'empoisonnement que je vais vous conter...

Rue

En ce mois de janvier 1895, le quotidien le Petit Var relate une curieuse affaire d'empoisonnement. L'accusé qui comparaît devant la Cour d'Assises de Draguignan exploitait avec sa femme un café à Toulon. Si le couple ne vivait plus depuis longtemps en bonne intelligence, rien ne laissait cependant supposer que le mari en viendrait aux moyens les plus extrêmes pour se débarrasser de sa femme.

Les époux avaient l'habitude de dîner, pour plus de commodité, chacun à leur tour dans leur appartement privé, de manière à se relayer au comptoir.
Un soir que la femme du cafetier vient de finir son potage et de boire une gorgée de vin, de violentes nausées la saisissent soudain accompagnées de vives brûlures à la bouche et à l'estomac. Presque aussitôt, des vomissements la soulagent.
Cherchant alors la cause de son mal, elle trouve que le vin qui reste dans son verre paraît curieusement sucré. Appelée en renfort, la femme de ménage fait le même constat. La victime s'empare alors de la bouteille, court chez le pharmacien qui décèle dans le vin, une dissolution de sulfate de cuivre en forte proportion ! 
La femme du cafetier réflèchit et se livre à certains rapprochements. En effet, elle se souvient d'avoir vu quelques jours auparavant, un flacon de sulfate de cuivre entre les mains de son mari, puis d'avoir revu le flacon vide ce même jour. Convaincue que son mari veut attenter à sa vie, elle porte plainte contre lui. Ce dernier reconnaît au cours de l'instruction, avoir versé le sulfate de cuivre dans le vin, mais par simple plaisanterie, affirme-t-il, car il était certain que son geste serait inoffensif.

Or, dans cette affaire, les experts ne tiennent pas le même discours. Le sulfate de cuivre est en effet un poison violent dont la dose versée dans le vin était plus que suffisante pour entraîner la mort de la victime si celle-ci n'avait pas été prise de vomissements. Cet attentat n'est pas le premier que le cafetier a dirigé contre sa femme. Il y a un mois, il avait déjà tenté de l'empoisonner en versant un toxique dans le vin qu'elle devait boire. Le tentative avait fort heureusement échoué car l'épouse trouvant que le vin était là aussi, trop sucré, ne l'avait pas bu mais l'avait mélangé au vin destiné aux domestiques. A la suite de quoi, tous avaient été plus ou moins indisposés.
Au terme de l'instruction et aux vu des preuves accablantes, l'empoisonneur est condamné à deux ans de prison ferme et à cent francs d'amende.

Source : D'après un article paru dans l'Almanach pittoresque et pratique du Var - 1995 - Maryse Pèbre et Monique Rieupouilh

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