Le passé géologique du Var
Animation montrant le phénomène de dislocation de la Pangée
Le Var tel que nous le connaissons aujourd'hui n'a pas plus de 10 000 ans. Cela est peu comparé à l'échelle de la géologie qui s'étale sur des milliards d’années. Il est issu d’un vieux continent disparu appelé la Thyrrénide. La mer n’est plus au nord comme elle l’était à cette époque, mais au sud du territoire. La Corse et la Sardaigne se sont décrochées respectivement du massif de l’Estérel et du massif des Maures. Les périodes de grandes glaciations ont disparu, le niveau de la mer est remonté de 120 mètres. Mais avant d’en arriver là, le Var aura parcouru plus de 550 millions d’années. Ce qui fait de lui un territoire des plus riches en terme de géologie, puisqu’il est constitué des trois grands types de roches terrestres : les roches métamorphiques, les roches volcaniques et enfin les roches sédimentaires. Tout commence donc au niveau du Pôle sud. Par manque d’oxygène, la vie sur la terre ferme est totalement impossible. La couche d’ozone est inexistante et, du coup, rien ne peut arrêter les bombardements constants d’ultraviolets. Les températures sont caniculaires malgré la proximité du cercle polaire. La Terre tourne plus vite. Le Var est au fond de l’océan Iapétus, encore appelé océan proto-Atlantique, et il a entamé une longue période de remontée. Celle-là même qui va occasionner le premier grand phénomène géologique, la tectonique avec les déplacements des plaques ou tectonique des plaques. Ce phénomène de la tectonique des plaques va entraîner la formation des roches métamorphiques ou encore siliceuses qui sont les plus anciennes. Elles se mettent en place entre 440 et 410 millions d’années. Elles sont présentes dans le massif des Maures et les îles varoises, essentiellement sur le littoral. A cette époque, les seules sources de vie sont marines. La croûte océanique va s’enfoncer jusqu’à 60 km dans le sol, pour ressortir 100 millions d’années plus tard. Là, entre la pression et la chaleur, ces roches sédimentaires vont se cristalliser pour devenir des roches métamorphiques. Pour autant, on retrouve différents degrés de métamorphisme.
Exemple de roche appelée gneiss
A l’est du Var, l’intensité a été la plus forte, donnant des roches foncées, appelées gneiss. Elles sont largement visibles à Saint-Tropez, à Bormes-les-Mimosas ou dans le massif de Tanneron. Elles renferment même du mica, offrant à la roche cette brillance tant spécifique. A l’ouest, l’intensité a été moindre et sur des zones bien définies comme au Cap Sicié à La Seyne-sur Mer, à Giens et sur l'île de Porquerolles à Hyères. Une chaîne montagneuse appelée chaîne Varisque ou chaîne Hercynienne se met en place et traverse l’Europe. Le continent, nommé la Pangée, est coupé en plusieurs morceaux. Le massif des Maures culmine à 3000 mètres d'altitude. La position du Var est maintenant au niveau de l’Equateur. Les plantes comme les fougères, les prêles, et les tous premiers conifères ont à présent colonisé la Terre. Quant à la faune, elle se limite aux insectes, aux amphibiens et aux premiers reptiles. Riches en plomb, en fer, en uranium et en fluorine, ces roches vont aussi contribuer à l’essor minier du Var, plusieurs millions d’années plus tard. Le deuxième phénomène ayant participé à la construction géologique du Var sont les éruptions volcaniques. Il y a 270 millions d’années, de gigantesques éruptions recouvrent une partie du sud-est du Var de leurs laves rhyolitiques. Le massif de l’Estérel est en train de naître. Le département a connu plusieurs périodes de phases volcaniques violentes dont les plus récentes datent de 5 millions d’années sur le secteur de Sainte-Anne-d’Évenos.
Estérellite identifié par Gérard Olive découverte à l'ouest du Cap du Dramont (Photo Wikipédia)
Sur le littoral actuel, d’autres volcans sont très actifs comme à Carqueiranne, au Pradet mais aussi à Saint-Mandrier. Ces phénomènes sont si violents que personne n’aurait pu y vivre. Grâce à ses différents événements volcaniques, le Var recèle des roches effusives de différentes couleurs : rouges sur l’Estérel, noires en basalte à Sainte-Anne-d’Evenos, vertes sur le rocher de La Garde. A Agay, on parle d’Estérellite, aussi appelée "le porphyre bleu de l'Estérel".
Carte géologique de la Provence - Michel Crivellaro
La mer remonte et noie une partie du Var : l’ouest, le nord-ouest et le nord. A l’inverse d’aujourd’hui, la mer est au nord du département. Pendant plus de 100 millions d’années, la Provence va rester sous l’eau. Progressivement, les roches sédimentaires vont se former par couches. C’est la Provence calcaire qui se met en place à partir de 210 millions d’années. Ces roches, présentes sur 70 % du département, sont en grande partie fossilifères, ce sont les archives du vivant. Au Thoronet, le plus grand Ichthyiosaure d’Europe a été retrouvé.
Ichthyiosaure (Gravure site https://dinosauress.fr/)
Ce reptile marin date d’entre 208 et 205 millions d’années et mesurait plus de 18 mètres de long. Ce type de découverte a permis de comprendre que les eaux varoises étaient chaudes et profondes. Dans les grès du Haut-Var, des pinces de crabes, des dents de raies et des dents de requins ont également été découverts. Puis, il y a 100 millions d’années, l’Afrique remonte sur l’Europe provoquant un plissement des couches. Une partie de l’Europe devient continentale. Dans le Haut-Var, les fleurs apparaissent tout comme les insectes pollinisateurs, les papillons et même les abeilles. Les dinosaures traversent le Var par les continents du sud et du nord. L’Europe était en fait un archipel d’îles, un peu comme le Japon d’aujourd’hui.
Dans le nord actuel du département serpentent des rivières alimentant des estuaires ou des étangs en connexion avec une mer toute proche, tandis que le sud du département se trouve lui, encore sous l'eau. Après de nouvelles convulsions tectoniques, il y a 5.9 millions d'années, la Méditerranée est coupée de l'Atlantique et le niveau de la mer baisse de 2 000 mètres en-dessous du niveau actuel à cause d'une très importante évaporation. Le Var se transforme alors en un immense plateau rocheux surplombant une cuvette désertique semblables aux cuvettes salées des déserts tunisiens. Le Faron à Toulon devient un pic culminant à plus de 2 500 mètres. Les fleuves et les rivières creusent leur lit pour rattraper le niveau de la mer créant d'immenses canyons de plusieurs centaines de mètres de profondeur à l'image du canyon du Verdon.
Il y a 5 millions d'années, le Var connaît une période de désertification (Illustration du livre de Stephen Giner "Miroirs de la Terre, histoire géonomique de la Provence et du Var" - Ed Presses du Midi)
Durant 600 000 ans, la sécheresse du climat fait disparaître une très grande partie de la végétation avant que Gibraltar ne s’ouvre et permette à la Méditerranée de se remplir à nouveau grâce à une gigantesque cataracte. Au même moment, des volcans entrent en activité laissant des coulées de basalte entre autres à Sainte-Anne d'Evenos. Depuis ce temps, seul le paysage a évolué pour devenir celui que l'on connaît de nos jours.
Source : D'après un article paru dans le Magazine Le Var - Hiver 2016