Découverte de Saint-Julien-le-Montagnier
Photo de l'Office de Tourisme de Saint-Julien-le-Montagnier
Situé au nord-ouest du département du Var, en bordure des basses gorges du Verdon et du lac d'Esparron, Saint-Julien-le-Montagnier est un village atypique. En effet, celui-ci s'étend sur 76 km carrés autour d'un village perché médiéval, d'un bourg central nommé Saint-Pierre et de vingt-huit hameaux dont l'origine remonte le plus souvent à l'Antiquité : les Bernes, Boisset, les Bourdas, les Campaux, le Clos du Loup, le Courcoussier, l'Éclou, les Garduères, les Gillets, les Gillets/Tonnets, les Guis, le Jas des Hugou, les Jonquiers, Malaurie, la Mantuane, les Mayons, les Maurras, la Mouroye, le Pas de la Colle, les Peyres, le Pilantier, Phéline, les Pontiers, les Puits Neufs, Regagnole, la Ricarde, les Rouvières, Saint-Pierre. Plusieurs bastides et fermes sont dispersées sur le territoire : la Baraque, la Bastide Neuve, la Jauffrette, les Ollagniers, les Palets, la Paludette, le Pardigaou, le Plan, les Portes, Sainte-Anne.
Anciens lavoir et fontaine en contrebas du village médiéval (Photo www.merveilles-du-var.net)
Chapelles rurales (église des Rouvières, Saint-Pierre, l'Eclou…), fontaines, lavoirs (Fondicard près du hameau de Malaurie, Saint-Joseph à côté de la Ricarde, Fontette à Saint-Pierre…), oratoires, fermes composent la patrimoine de la commune. Le vieux village se dresse sur un éperon rocheux à plus de 583 m d'altitude et domine toute la vallée. L’occupation du site est attestée depuis la fin de la Préhistoire sur des emplacements tels que la grotte des Pignolets (chalcolithique) ou le site de Malavalasse avec la présence d'un oppidum sur l'aire de Gourdane sans doute occupé alors par la tribu ligure des Albicii. Les Romains s'installèrent bientôt sur le territoire de la commune, carrefour des voies commerciales entre Riez, Rians et Saint-Maximin, installant un peu partout des villas, embryons de nos hameaux actuels. Ainsi, celui des Mayons tire son nom de la déformation en "maisons" du mot latin "mensiones" qui se traduit par : gîte d'étape pour voyageur. La proximité d'un cimetière au hameau de Saint-Pierre tend à confirmer cette théorie. Au début de la Christianisation de la région, le territoire est rapidement placé sous l'autorité de l'évêché de Riez.
Porte de l'église surmontée d'un morceau de cancel du VIème siècle (Photo www.merveilles-du-var.net)
Les seules traces des premiers édifices religieux de la commune sont les deux fragments de cancel (clôture de choeur dans les églises) du VIème siècle enchâssés dans le chevet de l'église actuelle ainsi qu'au-dessus de la petite porte de la façade. Au XIème siècle, la recrudescence de la ferveur religieuse se traduit par la reconstruction des chapelles gallo-romaines du Plan, de la Trinité et de Saint-Pierre et l'édification de l'église actuelle de Saint-Julien. Son mur oriental est intégré au castrum dont il ne reste aujourd'hui que quelques soubassements sous le réservoir d'eau du village.
Une partie des remparts et la porte de Gourdane (Photo : Le seuil - randonnées pédestres)
Des remparts qui ceignaient la ville, il ne reste que quelques pans, souvent intégrés dans les habitations et la porte de Gourdane (XIIIème siècle) qui ouvre sur l'aire des moulins (aussi appelée "aire du Bout du Monde"). Une autre porte permettait d'entrer au village par la route actuelle. A proximité, se trouvait la chapelle des Pénitents qui fut transformée au XVIIème siècle en Miséricorde (établissement spécialisé dans le soin des pauvres) appelée Hôpital de la Charité. C'est également au cours des XIIème et XIIIème siècles que le village fut fortifié avec des pierres extraites du rocher du Montagnier. Certaines parties des remparts ont été restaurées et offrent une jolie balade autour du village. Les ruines du château féodal sont aussi à découvrir. En serpentant dans les ruelles, vous apercevrez de vieilles maisons de pierres accolées à de belles demeures nobles aux magnifiques portes.
L'aire de Gourdane (Photo www.beyond.fr)
Sur l’aire de Gourdane se dressent la chapelle de l’Annonciade ainsi que deux moulins à vent construits en 1635 et 1653. L’un d’entre eux a été restauré et se visite, notamment lors des Journées européennes du patrimoine qui ont lieu chaque année. Durant toute l’histoire de la commune, une rivalité entre le village et les hameaux a toujours existé. Sur son piton rocheux, le village est difficile d’accès et de fait l’acheminement de l’eau est très compliqué. Il faut attendre le XXème siècle pour que l’ensemble de la commune soit alimenté en eau courante. Les habitants délaissent peu à peu le chef-lieu pour s’installer dans les hameaux, plus proches de leurs cultures et des voies de communication.
Une vieille maison (Photo www.beyond.fr)
Dès la fin du XIXème siècle, la translation du vieux village vers la plaine commence. Les services et les équipements, comme l'école par exemple, sont déplacés à Saint-Pierre qui devient officiellement le centre administratif en 1929 avec le déménagement de la mairie. Sur le bourg principal, il n’y a pas alors cette architecture concentrique que l’on retrouve généralement dans les villages. Le bourg s’est développé de part et d’autre des axes de circulation qui traversent Saint-Pierre.
L'église de Saint-Julien (Photo www.beyond.fr)
En grimpant jusqu’au sommet du village médiéval, vous pourrez visiter l’église romane construite à la fin du XIIème siècle sur les fondations d'une chapelle carolingienne datant du VIème siècle. Elle est considérée comme un véritable joyau de l’architecture romane provençale et illustre la transition entre l'art roman primitif et l'art roman classique. A l’intérieur se trouve un riche mobilier constitué de tableaux, reliquaires, retables et statues. Vingt-quatre objets sont actuellement inscrits au titre des Monuments historiques, dont un maître-autel en bois doré, une poutre de gloire du XVIIème siècle et la cloche, fondue par Huart en 1726, qui produit un "la dièse" pur et profond.
Détail de la poutre de gloire de l'église (Photo www.merveilles-du-var.net)
Une peinture contemporaine monumentale de l’artiste saint-juliennois Yves Conte trône dans l’enceinte de l’église. Même si elle dénote complètement avec le reste de la chapelle, elle n’est ni perturbante ni provocante cependant. Bien au contraire, elle y a trouvé toute sa place. Ses couleurs rappellent celles des vitraux. Autour de l’église, la vue est à couper le souffle. Et c’est en montant en haut du belvédère sur le château d’eau, qu’elle est absolument sensationnelle. Les habitants affirment fièrement que par temps très clair on aperçoit pas moins de sept départements ! Une table d'orientation y a été installée dans les années 80. Elle permet de découvrir l’étendue de la commune et de repérer Saint-Pierre, le bourg principal et les différents hameaux. A plus de 16 kilomètres de là, se trouve Saint-Julien plage, un site incontournable quand on visite Saint-Julien-le-Montagnier.
Saint-Julien plage (Photo www.la-provence-verte.net)
Dans les basses gorges du Verdon, Saint-Julien plage est situé sur la rive varoise du lac d’Esparron. Ce lieu très agréable par beau temps, aussi bien en été qu’en hiver, offre une pause bucolique sur sa plage et ses petites criques. Le cadre naturel est exceptionnel et invite à l’évasion. Faisant partie du Parc naturel régional du Verdon, la commune a développé avec les équipes du Parc, trois boucles de randonnées classées au Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée géré par le Conseil départemental du Var : - le village perché de Jean Giono, une balade de 3 km à la découverte du patrimoine vernaculaire récemment restauré, - le hameau aux oratoires, un circuit de 13 km qui arpente la plaine de Saint-Julien au départ de Saint-Pierre et conduit au hameau des Rouvières et ses nombreux oratoires et au sentier de l’eau, - enfin, Le Boisset, une boucle de 12 km qui descend du flanc sud du village à la chapelle de la Trinité, du XIIème siècle. Vous vous laisserez sans doute séduire par ce village varois particulier tout comme Jean Giono qui était tombé amoureux du lieu et qui écrivait du haut de son belvédère : "Devant moi s'étendait le Haut-Var avec ses déserts et ses châteaux. Il faudra vraiment dessiner un jour la carte des chemins non carrossables à l'usage de vrais curieux. On fait des découvertes à chaque pas. On arrive au sommet d'une colline pour se voir contenu dans un paysage qui ne peut que pousser au bonheur."
Source : Magazine Le Var N°14 Hiver 2022-2023, le site de la mairie de Saint-Julien-le-Montagnier et Wikipédia.
Porte à Saint-Julien (Photo www.beyond.fr)