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6 mars 2022

Barberousse à Toulon en 1543

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Sur cette miniature représentant Toulon, on peut identifier des éléments du paysage : (1) la Grosse Tour à l'extrémité de la pointe de la Mitre ; (2) le port de Toulon avec son môle et la plage bordant les remparts du XIVe siècle ; (3) le mont Faron ; (4) le Coudon ; (5) la rivière de l'Eygoutier ; (6) le mont Caumes ; (7) le Baou et le massif du Croupatier ; (8) la rivière du Las ; (9) la Reppe et les gorges d'Ollioules.

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La plus ancienne représentation iconographique de Toulon nous vient de Turquie et date du XVIe siècle. Elle a été retrouvée au début des années 1960 dans un manuscrit conservé à la bibliothèque du Trésor du Vieux Sérail, à Istanbul. Le précieux document relate les expéditions militaires de l'Empire ottoman en 1543 menées par Khayr ad-Dîn Barberousse, grand amiral des flottes. Il est illustré de quatre miniatures représentant Marseille, Nice, Antibes et Toulon. Ces vues, prises sans doute depuis le pont d'une galère par un dessinateur d'escadre, avaient pour but de fournir une reproduction des ports et des forts de la côte, en prévision de futures campagnes navales. Le paysage de la miniature est très stylisé, avec ses montagnes piquées de fleurs ou de pieds de vigne et ses maisons alignées, les éléments importants y sont parfaitement retranscrits. On reconnaît au premier plan la tour Royale, puis sur le quai le Portal de la Mar et son appontement, les remparts, les faubourgs Saint-Michel à l'est et du Portalet à l'ouest, les rivières Neuve et de l'Eygoutier qui se jetent de part et d'autre du port, la tour de Fos servant de clocher à la cathédrale et, à sa droite la tour de la porte Saint-Michel. Derrière les collines en haut à gauche, on devine le village d'Ollioules dont on voit une tour à créneaux qui symbolise les remparts et un bâtiment imposant qui pourrait représenter son château.

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Détail de la miniature sur la ville de Toulon : (1) on identifie le môle sur lequel ouvre le Portal de la Mar (la Porte de la Mer) ; (2) la Porte et la Tour du Portalet, au sud-ouest de l'enceinte ; (3) la Tour de Fos, servant de clocher à la cathédrale ; (4)  le faubourg du Portalet, où furent logés la plupart des Turcs en 1543 ; (5) le Pesquier, au sud-est de l'enceinte.

La venue de cette armada de 110 galères, 40 galiotes et 4 nefs, qu'on peut voir en partie sur la miniature, avait été sollicitée par François 1er, roi très chrétien du royaume de France, afin de contrer les armées de Charles Quint, empereur du Saint Empire romain germanique, qui menaçait les frontières du royaume car un conflit permanent existait entre le royaume de France et le Saint Empire notamment pour le contrôle du nord de l'Italie. Dès son accession au trône, François 1er avait poursuivi la politique italienne de ses prédécesseurs, revendiquant l'héritage des territoires du Milanais et de Naples et intensifiant les combats. Alors qu'il était prisonnier à Madrid en 1525, sa mère, Louise de Savoie, puis lui-même, cherchent à obtenir des soutiens et sollicitent l'Empire ottoman. Le sultan Soliman le Magnifique, dont les zones d'influences se heurtaient en Hongrie et en Méditerranée à Charles Quint, manifesta son intérêt pour une alliance avec le royaume de France. Celle-ci resta secrète et fut dissimulée sous un accord commercial, connu sous le nom de "Capitations". Libéré en mars 1526 après un accord humiliant, François 1er reprit les armes, mais fut contraint en 1529 de signer la paix des Dames. Le décès en 1535 du duc de Milan, l'incita à reprendre la conquête de la Savoie. En retour, Charles Quint envahit la Provence. Malgré une trêve de dix ans conclue à Nice, François 1er se dressa à nouveau contre Charles Quint à la suite de l'assassinat de deux diplomates français par des impériaux. Aussi, en 1542, pour empêcher une nouvelle invasion de la Provence, il appela à son secours la flotte ottomane. Après avoir fait une première halte à Toulon, Barberousse fut accueilli en grande pompe à Marseille où il résida quelques temps.

François-1er_Barberousse

François 1er et Barberousse

Devant l'impatience des Ottomans, François 1er les incita à s'emparer de Nice, possession de Charles de Savoie qui aurait pu lui ouvrir les portes de la péninsule. Les troupes françaises et ottomanes bombardèrent de concert la ville et sa citadelle mais cette dernière résista. Les navires de l'amiral génois Andréa Doria s'annonçant, la flotte franco-turque se replia. La mauvaise saison étant trop avancée, elle fut contrainte de passer l'hiver à Toulon aux frais du trésor royal. Cette invitation bouleversa la vie des Toulonnais entre septembre 1543 et mars 1544. Des lettres patentes du roi en date du 8 septembre 1543 ordonnèrent aux habitants, alors au nombre de 5 000, d'évacuer la ville pour céder la place à "l'armée du sieur Barberousse". Pour la première fois dans l'histoire de Toulon, un conseil général fut convoqué, soutenu par tous les notables, afin de négocier avec le gouverneur de Provence la sauvegarde des récoltes, l'obtention d'avantages fiscaux en dédommagement des pertes subies et un compromis à l'évacuation totale de la ville. Les consuls obtiennent la permission de ne faire partir "que les enfants seulement et femmes qui vouldroient en aller (...) et qu'on y mectroyt telle police que ny aurait désordre ny inconvénient" (délibération du conseil général de Toulon du 25 septembre 1543). Ils réussirent également à faire exempter la ville de la taille et du logement des troupes pendant dix ans.

Barberousse à Toulon

Gravure du site viedelivre.fr

Une partie des 30 000 marins et soldats ottomans débarqua, s'installant dans un camp de toiles puis dans des baraquements au faubourg du Portalet. On y logea également Barberousse dans une grande savonnerie, dont le mobilier fut amélioré à grands frais par les consuls. Les troupes durent se comporter avec suffisamment de discipline car les textes ne font mention que de dégradations matérielles. En 1544, Charles Quint et François 1er, lassés de ces guerres, décident de parler de paix et la flotte de Barberousse, dont l'entretien coûtait cher, fut renvoyée au sultan avec force cadeaux et diplomatie. Cela coûta à François 1er "800 000 écus d’or, pièces d’orfèvrerie et draps de soie en grand nombre plus vivres et munitions". Bien qu'elle ne fût pas véritablement utilisée, on peut supposer que cette immense flotte dissuada les impériaux de lancer une nouvelle offensive en Provence. Barberousse continua à perpétrer de multiples exactions dans le golfe de Naples et à Reggio di Calabre avant de regagner Constantinople avec un énorme butin et de nombreux esclaves. Sans que la France en tire d’avantage. 

Le 18 septembre 1544, François 1er signe avec Charles-Quint le traité de Crépy par lequel il s’engage à combattre les Ottomans, mettant fin à l’alliance turque.

Source : Toulon de A à Z - Magali Bérenger - Editions Alan Sutton et le site : viedelivre.fr

 

 

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