Passion Provence

Bèn vengudo dins lou Var

 

Région Provence

 Bienvenue dans le Var. Mes autres blog sont ci-dessous :

Trans en Provence au fil de la Nartuby : http://www.transenprovence.info

Nouveau blog : Trans en Provence d'hier et d'aujourd'hui : Trans en Provence d'hier et d'aujourd'hui (villagedetrans83.fr)

Nouveau blog : Cimetières de Trans en Provence et généalogies transianes

Cimetières de Trans en Provence et généalogies transianes (cimetierestrans.org)

La Gazette de Nadine : La Gazette de Nadine (canalblog.com)

Ma base de données de généalogie :

Des racines et des hommes - Geneanet

"J'aime ce pays et j'aime y vivre parce que j'y ai mes racines, ces profondes et délicates racines qui attachent un homme à la terre où sont nés et morts ses aïeux, qui l'attachent à ce qu'on pense et à ce qu'on mange, aux usages comme aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l'air même." (Guy de Maupassant-Le horla)

 

Posté par Nadine de Trans à 00:00 - Commentaires [51] - Permalien [#]
Tags : , ,


06 juin 2023

Les girouettes de Provence

Trigance-clocher

Girouette coq sur le clocher aux tuiles vernissées de l'église Saint-Michel de Trigance dans le Haut-Var (Photo Nadine)

Castellane-clocher

Girouette coq sur le clocher de l'église de Castellane dans les Alpes-de-Haute-Provence (Photo Nadine)

Le-Muy-1

Girouette oriflamme sur le campanile du clocher de l'église fortifiée Saint Joseph du Muy (Photo Nadine)

Trans-campanile2

Girouette oriflamme sur le campanile du clocher de l'église Saint Victor de Trans en Provence (Photo Nadine)

Girouette-Ampus

Girouette sur le toit d'une maison à Ampus (Photo de Rosette d'Ampus du blog "Le Toupin")

Il existe des girouettes très anciennes. Les girouettes sont apparues au IXe siècle sur les églises. Au Moyen-Âge, elles sont l'emblème du pouvoir et un attribut noble sur les châteaux, elles se présentent sous la forme de fanions carrés ou de drapeaux. Le nombre et la disposition des pointes qui les ornent constituent un code qui indique la position sociale de celui qui les possède. C'est ainsi que les nobles ont des fanions avec des pointes ou bien des motifs évidés et aussi parfois des armoiries. Par contre, les chevaliers ont une seule flèche avec différents empennages... Puis elles se multiplient sur les beffrois (un beffroi est un ouvrage de charpente destiné à supporter et à permettre de faire mouvoir des cloches), sous le nom de "panonceau". A la Renaissance, on voit apparaître des dragons, chimères et autres monstres sur les châteaux et les tourelles. A l'abolition des privilèges (dans la nuit du 4 août 1789, l'assemblée nationale constituante proclame la fin du régime féodal et de ses privilèges) est promulgué le droit pour tout citoyen de possèder une girouette. Les girouettes se mettent alors à faire partie du paysage. Chacun veut en orner sa maison, indiquer son métier, son rang dans la société, ses goûts, ses craintes. Par exemple, le laboureur et son attelage, le chasseur et son chien, le vendangeur et son panier, la gabare du marinier ou le cheval et la calèche, etc...

 Mais les girouettes étaient aussi placées à des fins protectrices ou conjuratoires, le vent puissant faisant naître dans l'imagination populaire des légendes entretenues par tradition orale. Les girouettes ont bien sûr un rôle fonctionnel : nous faire connaître la variation des vents. Elles sont aussi des enseignes, avertissant le voyageur qui les découvrait de loin, de la profession de l'occupant de la maison. Ainsi, un cheval cabré indiquait un relais, un boeuf montrait la maison d'un éleveur, un moulin celle d'un meunier, etc... Les girouettes étaient en tôle ou en fer blanc, aujourd'hui elles sont en cuivre ou en zinc et sont souvent simples, parfois naïves. Mais elles peuvent être beaucoup plus raffinées et délicatement découpées pour faire les contours d'un personnage, les ailes d'un moulin ou les détails méticuleux d'une scène de vie et manifestent de cette façon l'adresse de l'artisan. Les girouettes qui représentent un coq sont les plus répandues (on pouvait voir des girouettes coq au sommet des clochers aux alentours du VIIe siècle). Pourquoi le coq ? Parce qu'il représente le passage des ténèbres à la lumière.

 Sources : D'après les sites : girouette.com et 1001.girouettes et objets de vent en Europe.

Reportage sur les girouettes posté il y a 9 ans sur youtube.com

30 mai 2023

Crimes dans une bastide entre Riez et Valensole en 1799 (2ème partie)

Le_brigandage_dans_les_Basses-Alpes_[

En 1899, dans son étude sur le brigandage dans les Basses-Alpes, l’abbé Maurel insiste sur le drame qui, en cette fin de l’année 1799, a frappé la maisonnée. Il a d’ailleurs accès à des documents qui lui permettent, écrit-il, de connaître le nom d’au moins un des criminels et les circonstances de son arrestation. De son côté, le ministre de la Police générale est choqué par le niveau criminel atteint, il s’étonne auprès du commissaire central des Basses-Alpes – c’est le représentant du gouvernement, une fonction qui disparaît lorsque sera créé le corps préfectoral – de l’absence d’informations sur ses auteurs. Il lui écrit : "Ces scélérats étaient nécessairement nombreux et leur qualité d’étrangers n’aurait fait qu’éveiller plutôt l’attention sur leurs démarches". S’inspirant de ses lectures sur d’autres faits présentant des similitudes – la manière d’opérer des criminels – l’abbé Maurel reconstitue la scène avant le drame  : femmes, hommes et enfants de la maisonnée ont été surpris à l’heure du repas du soir. Les autorités tentent d’arrêter cette bande après avoir battu la générale. Les gardes nationales de Riez et de Montagnac battent la campagne, en vain

********************************************

Brigands

Voilà ce qu’écrit l’abbé Maurel en 1899  : c’est l’enfant âgé d’un plus peu de trois ans, Jean-Paul, qui, à Riez, reconnaît dans la foule un des brigands. Le désignant du doigt, il aurait dit : "Vaqui aqueou qu’a tua moussu". Maurel poursuit : "Saisi, convaincu, le bandit entre dans la voie des aveux, déclare, soit par forfanterie, soit pour décharger ses compagnons, que sur onze victimes, lui seul en avait assassiné neuf" mais il ne dévoile pas le nom de ses complices. Maurel ne livre pas le nom de l’assassin. Or, un seul brigand fut fusillé à Riez : Jean-Baptiste Jugy (Jugi ou Juge), 24 ans – il est né dans la paroisse de Brunet le 11 mars 1777, où il réside chez son père, à la bastide de Lincel, en limite de terroir de la commune. Sa famille est locale : Brunet, Bras et Saint-Julien-d’Asse. Jugy n’est pas un enfant de choeur : il a été reconnu par des victimes d’attaque. Suzanne Bernard veuve Clarenty, de la campagne Dalmas sur le terroir de Valensole, l’identifie parmi les six brigands qui, dans la deuxième décade de prairial an 8 (en juin 1800), l’avant-veille de la Fête-Dieu, "lui passèrent la corde au col et la suspendirent à la porte" et de l’avoir "outragée". Jugy appartenait à une petite bande commandé par le célèbre Elzéar Garcin, dit Pouli Pastre (le Beau Berger) d’Oraison, un vrai mauvais garçon. Or, Jugy n’a pas été arrêté à Riez mais chez son père, le 5 messidor an 8 (24 juin 1800), au petit matin, par un détachement de seize hommes, dont six gendarmes : il dormait dans le foin. Lors de l’interrogatoire conduit par le capitaine délégué pour la chasse aux brigands et le juge de paix du canton de Digne, il dénonce ses camarades et livre des indications pour les capturer. Conduit à Avignon, Jugy est condamné à mort par la commission de la 7ème division militaire le 2 thermidor an 8 (21 juillet 1800). Il est exécuté le 6 suivant (25 juillet 1800), à Riez, à 4 h 30 du soir, sur la place des Ormeaux, par un détachement de la 47ème demi-brigade d’infanterie de ligne placé sous les ordres d’un capitaine. L’officier de l’état civil rendu sur place écrit sur l’acte de décès que, rendu sur place avec deux témoins : "Nous avons vérifié que ledit Jean Baptiste Juge était réellement mort ayant trouvé son cadavre étendu par terre". Jugy était-il coupable de ce crime ? Rien n’est moins sûr. à ce massacre, il existait un précédent, remontant à quelques années, le 7 frimaire an 5 (27 novembre 1796) par les bandes locales à la bastide des Molières, à Pourcieux dans le Var, près de Pourrières, ce dernier bourg étant à l’origine d’une bande très puissante. Ce jour-là, les témoins découvrent six cadavres, les mains liées dans le dos, les yeux bandés. Le ménager Mathieu Fabre, 47 ans, son épouse Marianne, 36 ans, et Marie, leur fille de 8 ans, ainsi que son beau-frère, Pierre Barrême, et les deux bergers, Jean André Blanc et Honoré Isnard, respectivement âgés de 17 et 30 ans, ont reçu soit un coup de sabre au cou soit un ou plusieurs coups de baïonnette ; de ce massacre, un survivant : un enfant de deux ans encore dans son berceau. Marianne avait été pendue dans la chambre et la plante de ses pieds était brûlée. Enfin, à un "grand" brigand du Var, de son nom Pons, qui dressa aux enquêteurs la liste de ses méfaits et livra les noms de plus de cent brigands et de leurs complices, on posa cette question : - Avez-vous entendu parler d’un vol et de l’assassinat de onze personnes commis à la bastide d’un nommé Blanc au terroir de Riez ? - J’en ai entendu parler vaguement, mais je ne connais aucun des auteurs.

Comme si cette vérité, pour un assassin, était indicible.

Décès Juge

Riez - Acte de décès de Jean-Baptiste Juge le 6 thermidor an 8 (25 juillet 1800)

SourcesHistoire d'archives - Les archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence racontent - "Un crime abominable à Riez en l’an 8" - Janvier/Février 2022 - Mag 188 et Brigands des grands chemins dans les Basses-Alpes de l'an 8 à l'an 13 de la République - Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence.

 

Posté par Nadine de Trans à 00:00 - Commentaires [2] - Permalien [#]
Tags : , , , , , , , , ,

23 mai 2023

Crimes dans une bastide entre Riez et Valensole en 1799 (1ère partie)

Carte crimes Riez

Rapport

Première page du rapport du commissaire du directoire exécutif (Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence)

Ce crime a été commis dans le département des Basses-Alpes, dans la nuit du 22 au 23 vendémiaire (du 14 au 15 octobre 1799), onze personnes – vieillards, hommes mûrs et jeunes, femmes et enfants – ont été massacrées dans la bastide (maison de campagne) du citoyen Blanc, située sur le terroir de Riez. Un survivant : un enfant de trois ans ! Le crime a été découvert par un ménager, exploitant d’une bastide voisine, qui s’inquiétait de ne plus voir paraître personne et qui voyait vaquer à l’abandon les animaux de la ferme.

*************************************

Riez le 24 vendémiaire an 8 républicain 

Rapport du commissaire du directoire exécutif près de l'administration municipale de Riez au citoyen commissaire du directoire auprès l'administration centrale 

Je viens vous rendre compte de ce que l'histoire des forfaits offrira de plus horrible. Tous les crimes à la fois commis ensemble.

Hier soir à trois heures, un ménager vint avertir le juge de paix qu'on n'avait vu paraître personne de la bastide du citoyen Blanc propriétaire qui y réside. Bastide située aux confins du terroir de Riez et Valensole, que le troupeau vaquait à l'abandon dans les champs, sans guide, qu'un troupeau de cochons, les bœufs, une ânesse et son poulain paraissaient aussi sans guide et à l'abandon et que s'étant approchés de la basse-cour avait vu un cadavre étendu et la tête coupée, sur ce présage sinistre, l'administrateur Bérard, le juge de paix et moi partîmes escortés de deux gendarmes et de cent gardes nationaux armés qui furent à l'instant rendus et accompagnés du citoyen Garrus médecin, Arnoux et Jaubert officiers de santé, nous arrivâmes bientôt à la bastide. Nous trouvâmes d'abord un premier cadavre étendu dans la basse-cour, sans tête. Nous avons présumé qu'un cochon a mangé cette tête. Poussant la porte du ménage, sur le seuil était un autre cadavre, pénétrant dans la grange, nous avons...

Nota de Nadine : j'ai fait la transcription du début du rapport (première page) que le commissaire de Riez adresse au ministre de la police générale. Pour la suite je vous propose le texte écrit par Jean-Christophe Labadie, directeur des archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence.

Entrée basse-cour

C’est un spectacle atroce que découvre le commissaire de l’administration municipale de Riez, lorsqu’il s’approche de la bastide, et qu’il décrit à son homologue du département : "de ce que l’histoire des forfaits offrira de plus horrible. Tous les crimes à la fois commis ensemble". Rendu à cette bastide située aux confins de la commune de Riez et de Valensole avec le juge de paix de Riez, Jacques Morenon, deux gendarmes, cent gardes nationaux ainsi qu’un médecin, Garrus, et un officier de santé, Jaubert. Un des cinq administrateurs du Département, Bérard, l’accompagne aussi.

Dans la cour, gît le cadavre de Joseph Charabeau, le granger, 45 ans, la tête dévorée par un cochon. Dans la pièce principale de l'habitation se trouve la cadavre de sa fille Marguerite, 3 mois, étouffée sous sa mère Anne, laquelle, gravement blessée expire peu après. La tête appuyée sur l'escalier se découvre le corps violentée de son autre fille, Marie, 16 ans, allongée sur le dos. Vers la fenêtre, couché sur le côté droit, Maxime Reymond, le berger, 55 ans, la tête écrasée, alors qu'à côté, les cadavres du couple Marguerite Segond et Joseph Blanc montrent des traces de torture. Dans une cave, trois hommes et une femme tués : Jean Martin 36 ans, Antoine Garagne, 23 ans, le garde cochons ; Joseph Charabeau, 18 ans, fils d'un premier lit et Suzanne Raymond, 62 ans. Les victimes entravées portent encore les stigmates de coups de stylets et ont la tête "massée", c'est-à-dire, fracassée à coups de gourdin. Pire, écrit le narrateur, le citoyen Blanc, vieillard de plus de 80 ans, avait d'abord été attaché dans son appartement supérieur au clou qui tient la crémaillère et là avait été chauffé. Les officiers de santé ont trouvé la plante des pieds et les genoux brûlés. Son épouse avait été brûlée aux parties sexuelles et ensuite on les avait descendus à l'appartement du ménage, ils avaient été "massés" l'un près de l'autre. La maison est sens dessus dessous. Un enfant de 3 ans, Jean-Paul, retrouvé couvert de sang, a échappé au massacre. Le bambin raconte comment, leur forfait accompli, les brigands ont dîné d'une bonne omelette.

Les autorités sont frappées par la violence d’un crime commis par ces "cannibales que la nature rougit d’avoir placé dans la classe des humains", comme les désigne le commissaire de l’administration de Riez. Celui-ci avait été terriblement choqué que les brigands aient mangé sur place à l’étage de la grange : Nous avons vu, écrit-il, un bouleversement général de tous les meubles, denrées, effets, résultat des fouilles et recherches et du fromage et des œufs cassés, preuve du repas de cannibale qui a suivi ces horribles massacres. Outre l’action judiciaire pour condamner les coupables, l’administration propose une récompense de 300 francs – une forte somme alors car le revenu journalier d’un travailleur est d’un franc par jour – pour celui qui contribuera à faire arrêter un membre de la "bande d’assassins". Un des membres de l’administration départemental est envoyé sur place afin d’enquêter. Des visites sont conduites par les troupes de ligne, la gendarmerie, la garde nationale, tous doivent aussi veiller à la sécurité des habitants, en particulier ceux isolés des campagnes. Une troupe de vingt cavaliers est envoyée sur place pour patrouiller et des postes de surveillance sont installés, à la charge des communes, afin de repérer les mouvements des bandes. Tous ceux qui circulent sur les routes et les chemins sont désormais contrôlés. En cas d’alerte, les communes doivent signaler le danger avec le tocsin, le son du tambour ou des feux allumés sur les hauteurs. L’administration départementale, qui a sous ses ordres les administrations municipales, compte sur les Bas-Alpins pour combattre le fléau du brigandage. Ses cinq administrateurs appellent : Le zèle, le courage, la vigilance de tous les bons citoyens, elle les invite à concourir de tous leurs moyens, à l’extermination des brigands, à la sûreté des personnes et à la conservation des propriétés. La mobilisation est générale mais il faudra des années pour réduire ce mal endémique.

Sources : Histoire d'archives - Les archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence racontent - "Un crime abominable à Riez en l’an 8" - Janvier/Février 2022 - Mag 188 et Brigands des grands chemins dans les Basses-Alpes de l'an 8 à l'an 13 de la République - Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence.

Bastide

 A suivre l'autre partie de ce récit le 30 mai 2023

 

16 mai 2023

Le toulonnais Félix Mayol, le chanteur au muguet

Dans le Paris et la France du début du XXème siècle, avant que la Grande guerre et ses millions de morts, ne ternissent l'ambiance générale, le Toulonnais Félix Mayol faisait la joie du monde du spectacle parisien. Durant la Belle Epoque, sa houppette, si caractéristique du personnage, se trimbalait de spectacles en spectacles, et entraînait avec elle un succès retentissant. Mais avant de devenir une vedette de la chanson française, Félix Mayol fut un enfant puis u n adolescent toulonnais, né le 18 novembre 1872, d'un père premier maître canonnier dans la marine et d'une mère modiste. Tous deux étaient comédiens amateurs et Mayol fut en quelque sorte un enfant de la balle, à l'aise très rapidement pour pousser la chansonnette. Orphelin à 13 ans il est recueilli par son oncle qui le pousse à apprendre le métier de cuisinier. Le jeune garçon continue pourtant à chanter en cachette en se produisant au grand café concert de Toulon sous le pseudonyme de "Petit Ludovic". Son tuteur l'oblige à s'engager dans la marine où il est victime d'une chute et se voit définitivement réformé.

Félix Mayol

Le 1er mai 1895, il arrive à Paris où il rencontre une amie qui lui remet du muguet, conformément à la tradition, et le soir-même, la plante accrochée à la boutonnière, Félix décroche un contrat de trois ans dans une troupe du Concert parisien, une petite scène située dans le 10ème arrondissement. Désormais, c'est donc comme cela qu'il se produira : avec sa houppette et son brin de muguet. Félix Mayol est volontairement reconnaissable et caricaturable par les spectateurs et les journalistes de l'époque. Chanteur comique, il interprète des chansons dans la veine réaliste ainsi qu'un répertoire plutôt grivois. 

Et quand, après la Première Guerre mondiale, revenu à Toulon, Mayol acceptera de financer un stade pour les rugbymen locaux, le club nommera le stade à son nom et dessinera l'emblème à son image, c'est-à-dire ornée d'un bouquet de muguet. En attendant, Félix a une carrière à construire et quitte en 1900 le Concert parisien, la salle où il a débuté, pour rejoindre La Scala, la plus importante salle du Paris d'alors. Sa carrière finit par exploser en 1902 avec son titre le plus connu, Viens Poupoule, qui le consacre comme "la plus grande vedette du moment", selon le réalisateur Luc Benito. L'air du titre, que chacun peut reprendre de l'aveu de Mayol, le rend populaire et son chanteur avec lui. A la ville, ce sont pourtant les hommes qu'il préfère : "il était homosexuel, il ne le cachait pas à son entourage, mais ne l'a pas révélé au public. Son orientation sexuelle lui vaudra de nombreuses railleries de la part de presse à scandale de l'époque", explique le fin connaisseur de Mayol. Malgré les moqueries, Mayol grimpe les marches de la gloire. Comme un symbole, en 1910, l'artiste rachète le théâtre de ses débuts, le Concert parisien, qu'il renomme en Concert Mayol et fait monter de nouveaux artistes. Le succès est total. Si, réformé, il ne prend pas part aux combats de la Première Guerre mondiale, Félix Mayol sillonne la France pour soutenir les troupes. Ce qui semble marcher au regard des nombreux mots laissés par les soldats et officiers sur son carnet de route. Les poilus sont ravis de voir la vedette mouiller le maillot et lui, continue à faire ce qu'il aime, c'est-à-dire chanter.

Mayol_et_sa_troupe-1915

Mayol et sa troupe, affiche d'Adrien Barrère, 1915 (Wikipédia)

Après la guerre, la nouvelle époque qui débute, celle du music-hall et des Années folles, n'est plus la sienne. Le Toulonnais est ringardisé par les artistes dont il a participé à l'éclosion, comme Maurice Chevalier, avec qui il sera ami et les toulonnais Raimu et Valentin Sardou. Le chanteur au muguet retourne dans sa ville natale en 1918 et commence, dès 1930, des tournées d'adieux qu'il mène à bien chaque année. Aussi, il monte à Toulon un théâtre à ciel ouvert dans l'une de ses vingt villas où viennent se produire chaque été des artistes en vogue. C'est le octobre 26 octobre 1941 qu'il tirera définitivement sa dernière révérence, après un AVC en 1938 qui l'avait laissé paralysé des deux jambes.

Source : D'après un article de france3-regions.francetvinfo.fr - Auteur de l'article Martin Fort

Mayol

Viens Poupoule (1902) 

Les mains de femme (1932)

 Felix Mayol

Posté par Nadine de Trans à 00:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , , , ,