George Roux de Corse fonde Brue-Auriac
Jean-François Roux, riche armateur, s'établit dans l'île de Tinos qui fait partie de l'archipel des Cyclades en mer Egée. Il y épouse Anne Marie Franceschi, d'origine corse. C'est là que naît en 1703, un fils dénommé Georges, puis en 1707 une autre fils : Jean André. De retour en France il s'installe avec ses enfants tout d'abord à La Ciotat puis à partir de 1735 à Marseille où il fait commerce avec les Antilles. Les deux fils séjournent fréquemment en Martinique, développent l'entreprise et acquièrent chacun une fortune considérable.
Son fils Georges également appelé Roux de Corse (surnom qu'il gardera jusqu'à sa mort) à cause du lieu de naissance de sa mère, s'établit à Marseille où il développe son activité de négoce avec les Antilles, en y transportant des colons et des marchandises.
Ancien hôtel Roux de Corse à Marseille, actuellement lycée Montgrand
Il participe à l'introduction du café en France en 1730 et fait de Marseille un centre de commerce prospère dans tout le bassin méditerranéen. Mais le 23 août 1751, son frère Jean André décède à l'âge de 44 ans. N'ayant pas d'enfant, il fait de son frère Georges son héritier universel par son testament, à charge pour ce dernier de verser à sa veuve Magdeleine Audibert une rente annuelle de 6 000 livres. Il fait également des dons à diverses oeuvres tels que l'hôtel du Saint-Esprit, l'hôpital de la Charité, etc... Georges Roux hérite de l'hôtel particulier situé au 13 rue Montgrand à Marseille qui fut construit vers 1745. Devenu un important armateur, il arme notamment des navires pendant la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748) et la guerre de Sept ans (1756-1763) contre la Grande Bretagne durant lesquelles il fait participer ses capitaines à la guerre de course. Le 28 mars 1746, il acquiert de François Nicolas Dupin le val de Brue (Brue-Auriac dans le Var) et les terres qui l’entourent ; il est alors parsemé de bastides isolées qui comptent une centaine d'habitants.
Le pigeonnier de Brue-Auriac (Photo Fondation du patrimoine)
Il y fonde une importante magnanerie en 1757 et vers 1759 il fait élever un pigeonnier qui sera le plus grand d'Europe de par ses dimensions : 22.50 mètres de haut et 12 mètres de diamètre (à lire dans mon prochain article). En parallèle, le village se dote de trois tanneries, une chapellerie (20 ouvriers à l’année, 12 000 chapeaux par an), deux fabriques de cadis (draps de laine grossiers) une fabrique de siamoise (étoffes de fil et de coton) et de mouchoirs, une manufacture de toile à voile, une faïencerie (12 ouvriers en 1763) ainsi qu’une installation de teinturerie. L’ensemble de ces activités favorise le développement démographique et économique du village. Roux fait cultiver les terres et exploiter les forêts environnantes. Il est nommé premier échevin de Marseille successivement en 1743 puis en 1764. Il concentre son action sur l'assainissement des finances de la ville. Par la suite il est fait chevalier de l'ordre de Saint-Michel. En 1749, sa terre de Brue est érigée en marquisat par lettres patentes du roi Louis XV en février 1750 puis et il devient conseiller d'Etat en 1765. Au sommet de sa puissance financière, il organise de somptueuses réceptions dans son hôtel particulier. En tant que marquis, il y reçoit avec faste de nobles personnages que la guerre amène à Marseille. Ainsi il reçoit le 22 juillet 1756 le maréchal duc de Richelieu auréolé de la victoire que lui valait la bataille de Minorque ou bataille de Port-Mahon. La tradition veut que ce jour-là on ait servi pour la première fois en France la Mahonnaise ou mayonnaise, recette importée des Iles Baléares pour assaisonner le poisson. Roux de Corse reçoit aussi en août 1757 le maréchal de Thomard chargé du commandement des côtes du Languedoc et de Provence.
Guerre de sept ans (Photo sur le site de laculturegenerale.com)
Mais Georges Roux connait de graves difficultés financières car la guerre de Sept ans le ruine. De 1765 à 1766, il perd par naufrage ou par incendie ses plus beaux navires qui ne sont pas assurés. Il liquide ses affaires à partir de 1767. En 1774, l'hôtel est loué au marquis de Rochechourt, lieutenant général des armées du Roi et commandant en Provence. Georges Roux décède à Brue le 12 mars 1792 à l'âge de 89 ans. Marié en 1727 à Lucie Beraud (morte au château de Brue en 1783), fille du négociant Honoré Beraud et d'Anne de Jougla, ils eurent une fille unique, Marie-Désirée qui se maria le 25 octobre 1764 à Marseille avec le baron Pierre de Glandevès, capitaine de vaisseau. Elle héritera de l'hôtel en 1792 mais ne put effectivement s'en prévaloir, ayant quitté le royaume pendant la Révolution et ayant été inscrite sur la liste des émigrés. Le 22 messidor an IX (11 juillet 1801) le nom de la baronne de Glandevès, décédée en Espagne le 3 brumaire an IX (25 octobre 1800) est rayé de la liste des émigrés. Ses deux enfants héritent de ses biens, à savoir Georges François Pierre de Glandevès (1768-1832) et Lucie (née en 1765) qui mourut sans enfant.
Source : D'après un article de Wikipédia - l'encyclopédie libre
Voir mon prochain article qui paraitra le 12 juillet : Le plus grand pigeonnier d'Europe est à Brue-Auriac (avec une vidéo).