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Passion Provence
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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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10 mars 2024

Mon sol natal "Les Cavaliers" par Agnès Rouvier d'Aiguines - 1919

 

Je vous livre comme promis une suite de l'agenda d'Agnès Rouvier d'Aiguines. Elle fait ici une description de sa ferme familiale où elle est née et où elle a grandi.

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De nos lieux par une claire après-midi, on peut contempler un vaste paysage. D'abord au pied de la colline de Marjès, est épandue une vaste plaine où sont groupés nos champs bordés d'érables, de chênes et de buis. Bientôt le terrain se relève, se mamelonne, s'ondule et c'est là même qu'est située notre campagne "Les Cavaliers", aux murs vieillis, bâtis absolument sur le roc aux toits versants à plusieurs côtés, grisés par les temps. Deux prairies au fin gazon, aux mille petites fleurs odorantes encadrent le vieux ménage, à leur extrémité, un petit bosquet aux chênes gigantesques, aux bois touffus, ombragent et servent de refuge à certaines bêtes sauvages. Le terrain va toujours montant et forme une nouvelle colline rocheuse où ne croît que le buis et quelques menues herbes. Au sommet et à l'extrémité nord de la colline se trouve le roc tombant à pic, se continuant en gorges d'une extrême profondeur, nous formant une barrière tout à fait au nord de notre terroir. Là même, au fond de cet abîme, roule le Verdon, impétueux et sombre, brisant ses vagues à l'impérieux rocher, qui sur les deux rives l'enserre et l'étreint. Par les chaudes soirées de juillet au mois où le soleil a transformé la rivière en un vase fleuri, la solitude de ce lieu est étrange, et remplit l'âme du voyageur d'une mystérieuse épouvante. Qu'y a-t-il de plus pittoresque que cette majestueuse vallée verdoyante, ces bois parfumés, pleurant de rosée, quand les oiseaux les plus variés y chantent leur chanson matinale. L'aigle royal, souvent perché là-haut, au point culminant du rocher, sembler se plaire à contempler notre paysage. Le merle, le pinson, l'hirondelle s'insinuent au nid. Le gai rossignol s'y plaît davantage, bercé par tant de charmes, il nous envoie de délicieuses mélodies. Mais à l'automne, quand souffle la bise, poussant les nuées du nord, notre paysage s'anime et prend une parole. Le chêne frissonne, l'oiseau se tait, la rivière monte, clapote davantage et tous ces murmures s'unissent à la plainte du vent. Alors notre petit coin perdu du vaste monde est vraiment superbe, d'une beauté sauvage et presque ignorée, mais mon pays que j'aime, pays où je suis née, pays où j'ai ri, où j'ai pleuré, pays où j'ai aimé.

Les Cavaliers, le 18 janvier 1919. Agnès R.

 

 

La ferme des Cavaliers. J'ai trouvé ces deux photos sur internet et je pense que c'est la ferme où habitait la famille Rouvier.

 

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