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Passion Provence

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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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18 septembre 2012

Bèn vengudo dins lou Var

 

Région Provence

 

Bienvenue dans le Var.

 

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Trans en Provence au fil de la Nartuby : http://www.transenprovence.info

 

Nouveau blog : Trans en Provence d'hier et d'aujourd'hui : Trans en Provence d'hier et d'aujourd'hui (villagedetrans83.fr)

 

Nouveau blog : Cimetières de Trans en Provence et généalogies transianes

Cimetières de Trans en Provence et généalogies transianes (cimetierestrans.org)

 

La Gazette de Nadine : La Gazette de Nadine (canalblog.com)

 

Ma base de données de généalogie :

 

Des racines et des hommes - Geneanet

 

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"J'aime ce pays et j'aime y vivre parce que j'y ai mes racines, ces profondes et délicates racines qui attachent un homme à la terre où sont nés et morts ses aïeux, qui l'attachent à ce qu'on pense et à ce qu'on mange, aux usages comme aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l'air même." (Guy de Maupassant-Le horla)

 

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11 mai 2024

Les saints de glace

Saints de glace

 

Les Saints de glace sont issus d’une vieille croyance populaire datant du Moyen-Age. Ils sont fêtés chaque année les 11, 12 et 13 mai. Les régions les plus septentrionales, notamment l'Alsace, où les gelées sont généralement plus tardives ont ajouté également les 19, 20 et 25 mai. Les agriculteurs des régions du Nord de la Méditerranée imploraient jadis Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais de protéger les plantations de la baisse des températures et du gel qui survenaient habituellement à cette époque. Il pouvait en effet arriver que les récoltes subissent un gel destructeur, survenant de manière plus ou moins brutale, dans les zones montagneuses jusqu’à la fin mai. Au-delà de cette période, à partir du 26 mai, on considère généralement que les jardiniers peuvent commencer à semer et planter sans craindre un coup de froid qui sera fatal. De là découle toute une série de proverbes et de dictons régionaux tels que "Saints Pancrace, Servais et Boniface apportent souvent la glace", "Quand il pleut à la Saint Servais, pour le blé, signe mauvais", "Quand la Saint Urbain est passée, le vigneron est rassuré" mais encore "Saint Servais, Saint Pancrace et Saint Mamert font à trois un petit hiver".

 

dicton-saints-de-glace

 

Qu'en est-il de la légende ? Elle prend sa source au début du deuxième millénaire alors que la "vague de froid printanier" apparaissait réellement au cours du mois de mai dans certaines régions du monde. Les populations du Nord de la Méditerranée avaient observé une chute des températures nocturnes et des matinales une fois tous les deux ans à cette époque. Les astrophysiciens expliquent l’origine de cette croyance par le fait que vers mi-mars l’orbite de la Terre traverse une zone de l’espace chargée de poussières qui sont constituées de résidus de planètes qui représente un obstacle aux rayons du soleil. Les effets du soleil sur la Terre seraient alors diminués, ce qui conduirait à une baisse significative des températures. De nos jours, il semblerait que celle-ci ait été avancée d’au moins un mois, plutôt dans le courant du mois de mars. Il n’est pourtant pas impossible qu’une vague de froid se produise au mois de mai. En effet, des courants froids venus des hautes latitudes envahissent parfois la France. Ils engendrent une baisse marquée des températures. Sous un ciel dégagé et sans vent, des gelées tardives peuvent alors se développer. La légende des Saints de Glace a donc bien un fond de vérité, même si les observations basées sur les dernières années tendent à montrer que le mois de mai s’avère être de moins en moins une période à risque pour les plantations.

 

Source : D'après un article de La Chaîne Météo

 

 

5 mai 2024

Le poids public, l'octroi

 

Le poids public a été construit dans quasiment chaque ville et village de France. Son histoire est liée à un impôt de notre pays : l'octroi. Il consistait à taxer divers produits qui entraient dans les bourgs ou les agglomérations, en fonction de leurs poids. Il fallait donc peser, vin, bière, charbon, chaux, bestiaux de boucherie, poissons, minerais, huile, bois... A cet effet, durant le XIXème siècle, chaque municipalité fait bâtir à l'entrée de sa commune un petit édifice de plan carré ou hexagonal, en général en pierre de taille. Ce poids public, appelé aussi dans le jargon populaire, pont à bascule, dispose devant lui d'une plateforme de pesage. Ce tablier en fer accueille tous les véhicules à peser : charrettes, et plus tard, camions, voitures, wagonnets... Dessous, dans une fosse, un système complexe de leviers permet de perser le chargement. Le poids est directement affiché sur un cadran à l'intérieur de la construction. C'est un officier assermenté, le peseur, qui s'occupe de l'opération et délivre des bons de pesage. Il fait passer le véhicule en charge puis à vide, la différence donnant la quantité de marchandise livrée... Avec la suppression de l'octroi en 1943, les poids publics perdront petit à petit de leur importance. Ils seront cependant encore largement utilisés, en libre-service, par de nombreux corps de métiers : les vignerons pour peser leurs vendanges, les bûcherons, leurs stères de bois, les maçons, leur sable, etc... D'autres ponts à bascule seront même construits près des marchés ou des champs de foire pour estimer les animaux vendus, les cargaisons de fruits et de légumes... Toutes ces installations typiques deviendront obsolètes avec l'augmentation du tonnage transporté par les camions et l'installation de nouveaux engins de pesage dans les entreprises.

 

Source : Le petit bâti - Sud de la France - Hubert Delobette.

 

Poids public Aups

Poids public Aups bis

Poids public Aups ter

 

Les deux photos représentent le poids public à Aups dans le Haut-Var

 

A Trans-en-Provence, il y avait deux ponts à bascule : l'un à la coopérative vinicole et l'autre derrière l'église. Ils n'existent plus ni l'un ni l'autre. Je me souviens de celui qui était derrière l'église puisque je n'habite pas loin de l'endroit où il se trouvait. Lorsque celui-là a été démoli, je n'ai pas pris de photo. Il faut dire qu'à l'époque je ne faisait pas encore de blog et je ne pensais pas qu'un jour j'aurai pu vous montrer la bascule.

 

Poids public-Draguignan

 

Je copie ici le commentaire de Giselle, une de mes lectrices qui nous dit : "Dernier vestige aussi devant notre coopérative vinicole, bientôt transformée en appartements... et le poids public a certainement déjà dû d'ailleurs disparaître... On est parfois tellement habitué à voir les choses qu'on ne les voit plus en fait... et on cherche en vain à retrouver ces "souvenirs", leur emplacement exact, etc... Merci Nadine pour ce billet fort intéressant.

 

Je copie également le commentaire d'Anne-Marie, qui nous parle de l'octroi de Draguignan : "Je me souviens à Draguignan, de celui qui se trouvait à l'emplacement de l'actuel Office du Tourisme, exactement la même construction que celle des photos de l'article. Il n'était plus en service depuis longtemps dans les années 60 mais je me rappelle que pour emprunter ce trottoir (pour aller retrouver notre bande de copains à La Civette qui était notre QG et y faire chauffer le juke-box), nous devions marcher sur les planches de la bascule.
J'ai vu sur des photos anciennes de Draguignan qu'il y en avait également un autre au carrefour de l'avenue du 4 Septembre qui marquait à l'époque le début de l'avenue que nous appelions la route de Lorgues, et que tous les dracénois véritables appellent toujours ainsi. Il a dû être démoli très tôt car même dans les années 50, je ne l'ai pas connu. En revanche je ne me souviens pas de celui qu'évoque Giselle, je n'allais pas beaucoup dans le quartier de la coopérative, si tant est qu'elle parle de celle de Draguignan. Edifice qui va bientôt disparaître et que je regretterai moi aussi. Merci Nadine de raviver des souvenirs d'enfance qui nous sont chers".

 

Poids public-Draguignan

 

Une carte postale qui représente le Champs de Mars à Draguignan avec l'octroi à gauche. Ci-dessous, une autre carte du même endroit. Vous verrez que tout a bien changé de nos jours. Et une dernière qu'Anne-Marie vient de me transmettre qui montre l'octroi qui se trouvait tout en bas des allées d'Azémar, face à la route de Lorgues.

 

Poids public-Dragugnan-Champs de Mars

Octroi-Avenue de Lorgues

 

Source pour cette photo :

 

Livre "Mémoire en images" Draguignan - Charles Clairici et Louise Armero.

 

 

28 avril 2024

La légende de la fondation de Marseille

 

Caret Marseille

 

Massilia-lacydon

 

La calanque du Lacydon, futur Vieux Port dans la configuration trouvée par les Grecs il y a plus de 2600 ans


Six cents ans avant Jésus-Christ, les Ségobriges, tribu salienne qui occupait le littoral à l'Est du Rhône, vivaient pauvrement de pêche et de chasse. Ils ignoraient l'écriture, l'usage de la monnaie et l'art de construire des villes, mais commerçaient depuis fort longtemps avec les navigateurs grecs. Ceux-ci venaient en Occident pour en rapporter des métaux précieux, notamment l'étain, qui était alors aussi indispensable que le pétrole de nos jours. Mais ils venaient aussi chercher le sel, car les côtes orientales de la Méditerranée, trop profondes, n'en facilitaient pas la production. Le nom même de Saliens, qui n'a pas une consonnance ligure, évoque sans doute "les hommes du sel".
    Pour couvrir leurs expéditions, les Grecs établirent des comptoirs : Enserune sur la côte du Languedoc, Saint-Blaise au-dessus de l'étang de Berre, enfin Massalia qui signifie peut-être : Mas des Saliens.
    Selon l'historien romain Justin (Marcus Junianus Justinus) "ce fut en l'an 600 avant Jésus-Christ que le premier vaisseau phocéen jeta l'ancre sur la côte gauloise, à l'Est du Rhône, où devait être fondée Marseille". La légende prétend que ces Phocéens, conduits par Protis sous la protection d'Artémis, la grande déesse d'Ephèse aux dix-huit mamelles, débarquèrent sur les rives du Lacydon (le futur Vieux-Port) le jour même où Nann, roi des Ségobriges allait marier sa fille prénommée Gyptis.

 

Gyptis et Protis

 

Toile d'Anne-Marie Avon Capana réalisée en 1999, pour les 2600 ans de la naissance de la cité phocéenne. Tableau où elle met en scène la légende de Gyptis et Protis.

 

 

Gyptis, princesse des Ségobriges accueillant les Phocéens. Illustration de l'Histoire populaire de la France de Victor Duruy, ministre de l'Instruction publique sous le Second Empire.

 

La coutume voulait alors que la fiancée désignât elle-même l'heureux élu en lui tendant une coupe de vin à l'issue d'un banquet rituel. Les navigateurs phocéens furent amicalement invités à ce banquet ; à la fin de celui-ci, Gyptis eut un coup de foudre et tendit la coupe à Protis. Comme la fille était jolie et le père puissant, le jeune capitaine accepta le mariage. En cadeau de noces, Nann fit don aux nouveaux époux d'une bande de littoral sur laquelle Protis fonda cette ville qui au fil des siècles allait devenir Marseille. La colonie comprenait alors, au Nord et à l'Est d'une crique hospitalière, le Lacydon, des marécages (devenus La Joliette et la Canebière), une butte inaccessible de la mer (actuel Saint-Laurent) et quelques terres pauvres délimitées par les collines proches. Les marins grecs y acclimatèrent avec un plein succès la vigne et l'olivier. Le premier soin de Protis fut de placer en évidence les statues des dieux qui lui avaient accordé une si heureuse destinée. Il éleva le temple d'Artémis sur la butte des Moulins, face aux barbares de l'intérieur (la Butte des Carmes s'appelait encore au Moyen Age Rocca barbara), tandis que celui d'Apollon Dauphin, protecteur des marins, faisait face à la mer. Ce fut la grande prêtresse Aristachè qui, selon la tradition, se chargea du débarquement de la précieuse statue d'Artémis.

 

Artémis d'Ephése

 

Fille de Zeus et de Léto, sœur aînée et jumelle d'Apollon, née dans l'île de Délos, la déesse Artémis d'Ephèse est la déesse de la fertilité, elle nourrit l'ensemble de l'humanité grâce à ses seins très nombreux et engorgés du lait divin..

 

Source : D'après un article du Guide de la Provence mystérieuse - Jean-Paul Clébert - 1986.

 

21 avril 2024

L'hygiène au fil du temps

 

 

Tête d'Higie, attribuée à Scopas et provenant de Tégée - Musée national archéologique d'Athènes

 

Le mot hygiène dérive du nom de la déesse grecque Hygie ou Hygée (du grec ancien hugieinós "bon pour la santé"), qui était la déesse de la santé et de la propreté. Fille d'Asclépios, dieu de la médecine, et d'Epione, celle-ci symbolise la prévention alors que sa sœur Panacée (voir les explications à la fin du texte) est la déesse guérisseuse liée au traitement médical et aux médicaments. Cette origine mythologique explique que les Grecs entretiennent initialement avec leur corps des rapports vertueux, l'hygiène considérée à cette époque comme purificatrice étant ritualisée lors de cérémonies ou de libations. Dans la Grèce antique mais également dans la Rome antique, l'hygiène est un symbole de santé et se concrétise par la fréquentation des bains publics. Hippocrate, considéré comme le père de la médecine fut le premier à préconiser l'hygiène du corps à des fins curatives mais aussi préventives. Il écrivit trois livres sur le sujet consacrés à la diététique, la propreté et l'hygiène. Dans ces écrits, il recommande les exercices corporels, la pratique de bains thérapeutiques et avant toute chose la modération dans l'alimentation et la boisson.

 

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Le Tacuinum Sanitatis (Manuel de diététique et traité d'hygiène)

 

Au Moyen-Age en Europe, le manuel de diététique et traité d'hygiène de référence est le Tacuinum Sanitatis duquel les médecins extraient des conseils généraux d'hygiène, adaptés aux configurations astronomiques, aux conditions climatiques et à l'âge des patients. L'hygiène domestique médiévale concerne aussi les repas : un véritable guide du savoir-vivre apparaît au XVème siècle, Les Contenances de la table qui recommandent notamment de se laver les mains avant le repas ou de s'essuyer la bouche avant de boire. La nourriture est un chapitre essentiel de l'art médical et de nombreux traités médiévaux d'art culinaire ne sont que des adaptations du Régime du corps du médecin italien Aldebrandin de Sienne. Les étuves et bains publics populaires (hommes et femmes s'y baignant dans des baquets communs) ou raffinés sont en plein essor au XIIIème siècle, Mais l'église catholique d'Europe centrale et occidentale interdit leur pratique et cherche à fermer les établissements la permettant. Elle désapprouve également les bains à la rivière et recommande avant tout les ablutions, la seule eau pure étant l'eau de baptême destinée au salut de l'âme.

 

Réalité-des-bains-publics-étuves-du-moyen-age

 

Bains publics au Moyen-Age

 

Une des raisons invoquées pour bannir les étuves, bains publics et bains de rivière est qu'ils sont suspectés de propager la peste (traumatisme de la peste noire du milieu du XIVème siècle, les médecins craignant qu'elle ne fût transmise par l'eau s'infiltrant dans les pores de la peau et transportant toutes sortes de germes) et que les premiers sont assimilés à des lieux de débauche, parfois de façon justifiée, même si cette débauche n'empêche pas l'hygiène corporelle : leur fermeture se fera progressivement au cours des XVIème et XVIIème siècles. Ces prescriptions religieuses expliquent qu'aux XIVème et XVème siècles apparaissent dans les maisons aisées, au plus près du lit, les "estuves" ou bains privés, la "cuve baigneresse" (cuvier en bois cerclé, dont les parois sont doublées avec une toile pour éviter les échardes) ou la fontaine murale et, plus rarement dans les maisons plus modestes (car le bain chaud reste un luxe), les baquets et bassines qui sont plus réservés au lavage du linge. Le bain privé reste cependant essentiellement un privilège de riche et un signe d'hospitalité.

 

Bains et étuves

 

Les étuves – Le livre de Valère Maxime, XVème siècle - Paris

 

Au début du XVIIème siècle, les bains fréquents qui étaient à la norme dans les cités médiévales disparurent progressivement avec l’arrivée de certaines croyances. La principale était la crainte de la maladie, car on croyait à cette époque que l’eau pénétrait par les pores de la peau et déposait, entre autre, le germe de la syphilis. L’eau était aussi censée faire perdre la vigueur sexuelle et on pensait être épargné de la maladie grâce à la crasse ! L’église, quand à elle, contribua à effacer les bienfaits des bains, en dénonçant l’immoralité de ces lieux qui mélangeaient les individus des deux sexes, et les attitudes lascives que prenaient les femmes lors de bains chauds. On ne peux pourtant pas omettre de dire que durant le XVIème siècle, le nudisme était de rigueur, et qu’il était fréquent de voir quelques attroupements près d’un fleuve ou d’une rivière. Le nudisme des femmes quand à lui, fut interdit au début du XVIIème siècle et le port de la chemise fut rendu obligatoire... On utilisait des parfums  (jasmin, cannelle, jonquille, musc) pour camoufler les mauvaises odeurs et ceux-ci étaient censés servir de désinfectant. Les pastilles d’anis servaient à parfumer l’haleine. Le développement des cosmétiques (notamment l'usage des fards rouges et blancs introduit par Catherine de Médicis ou le poudrage du corps et des cheveux par la pommade de Florence, la poudre de Chypre) souligne qu'à la cour, la vue s’impose face à l’odorat et au toucher. La toilette sèche se fait sur le corps par friction avec un linge propre ou un frottoir en peau, seul le visage et les mains se lavent à l'eau et au savon (ou l'herbe à fossé pour les moins nantis). Le corps est protégé sous la crasse, ainsi un habit blanc devenu noir est bien perçu. Seules les personnes aisées, qui peuvent changer souvent de vêtements, pratiquent une hygiène vestimentaire. La toilette des plus nobles est complétée par l'application de baumes et d'onguents aux vertus préventives, apportés notamment par les Grandes découvertes. Luigi Cornaro (1484-1566), noble vénitien qui vécu centenaire, écrit en 1558 De la sobriété dépend la longévité. Conseils pour vivre longtemps qui "sert de modèle aux ouvrages d'hygiène classiques où la santé est quasi idéalisée, permettant d'épurer le corps, de l'alléger, l'éloignant de toute maladie".

 

Habit-de-parfumeur

 

Habit de parfumeur - Nicolas de Larmessin (1632-1694)

 

A partir du XVIIème siècle, la "toilette sèche" perdure, mais l'usage de l'eau réapparaît petit à petit. Les premiers cabinets de bain se développent chez les gens riches et raffinés dont la blancheur de linge est soulignée au col et au poignet. Le bain froid est jugé hygiénique, non par son pouvoir nettoyant mais par son pouvoir tonifiant, tandis que le bain chaud ne reste qu'une pratique médicale. La bourgeoisie dénonce le caractère masquant des parfums et des cosmétiques de la noblesse, et de fait, l'usage de fards qui blanchissent la peau devient beaucoup moins présent. A partir du XVIIIème siècle, on voit apparaître la terreur des miasmes et les philosophes et les médecins se penchent sur les questions de l'hygiène individuelle et l'hygiène collective. Mais, l'hygiène concerne aussi la "propreté du dessous" puis, la propreté de la peau qui se fait entièrement par le lavage. La réapparition des établissements de bain et la multiplication d'espaces spécialisés (cabinets de bain, bidets, latrines collectives en usage non seulement dans les châteaux ou abbayes mais aussi dans les maisons modestes) est liée au développement de la notion d'intimité. C'est à partir de cette époque que les grandes ville se dotent d'égouts souterrains.

 

Louis Pasteur

 

Louis Pasteur (1822-1895)

 

Au XIXème siècle, Louis Pasteur (1822-1895) développe une théorie des germes selon laquelle certaines maladies sont causées par des micro-organismes. Un nouveau courant de pensée, l'hygiénisme s'appuie sur les travaux de Pasteur et s'intéresse à tous les aspects de la vie quotidienne (propreté des villes, pollution, réseaux d'eau). Les scientifiques et les médecins formulent des recommandations comme le lavage des mains et la toilette quotidienne à l'eau et au savon  qui est produit en masse avec l'essor des industries chimiques de fabrication de soude. Ces instructions sanitaires s'invitent alors autant dans les classes d'école que dans la cour de récréation et dans les familles. Le thermalisme, réputé pour la santé se développe, répondant à la vocation d'une ville de santé conforme aux préceptes de l'hygiénisme urbain. La fin du siècle marque le développement des salles de bain et des toilettes dans les logements en lien avec le développement de l'eau courante dans les maisons.

 

 

Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865)

 

C'est Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865), chirurgien et obstétricien hongrois qui met en évidence le risque nosocomial. Il devine en 1846 les vrais mécanismes de la contagion de fièvres puerpérales. Les femmes meurent moins en accouchant à leur domicile, à la maternité des sages-femmes de Vienne ou même dans la rue qu’à l’hôpital. Un comble ! Il arrive à la conclusion que les fièvres puerpérales sont véhiculées par les médecins eux-mêmes lorsqu’ils passent des salles de dissection et d’autopsie aux salles d’accouchement sans se laver les mains ni changer de blouses. Il mourut fou, à quarante-sept ans, de ne pas avoir réussi à convaincre les scientifiques de son époque.

 

Source : D'après un article paru dans le site Wikipédia, l'encyclopédie libre.

 

Complément sur Panacée

 

 

Qui était Panacée ? Dans la mythologie grecque, Panacée est la déesse de la guérison. Elle est la fille d'Asclépios, dieu de la médecine et d'Epione, et la petite-fille d'Apollon (dieu du soleil, des arts et de la médecine). Elle est reconnue comme l'incarnation divine du rétablissement et du soin. Elle symbolise un idéal de bien-être absolu. Son rôle ne se limite pas à la guérison physique. Elle représente aussi les propriétés curatives des plantes médicinales traditionnelles. Sa présente évoque un lien étroit entre nature et santé humaine. Dans divers courants ésotériques, elle est perçue comme une divinité généreuse qui offre des solutions pour toutes sortes d'afflictions corporelles et spirituelles. Elle incarne l'espoir en une guérison universelle grâce à ses dons multiples. Elle est experte en concoction de potions magiques qui sont capables d'éradiquer maladies et douleurs physiques. Elle est aussi experte en herboristerie qui aide à calmer l'esprit, réduire le stresse mental et promouvoir la sérénité.

 

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En pharmacie, il était une croyance selon laquelle un remède efficace pouvait exister contre un grand nombre de maladies. On appelait ce remède la thériaque ou la panacée. Ce mot entra dans le langage courant au Moyen-Age. Aujourd'hui, on l'utilise de façon souvent ironique pour désigner un objet, une idée, un concept qui semble être le remède à tous les maux ou tout un ensemble de maux. Le mot est parfois redoublé, on ne parle plus simplement de "panacée", mais de "panacée universelle", ce qui est un pléonasme. Le ginseng appartient au genre panax, traduction latine de Panákeia. La centaurée était autrefois considérée comme une panacée, son nom évoquant le centaure Chiron, qui enseigna la médecine à Asclépios, l'Esculape romain.

 

Source : D'après Wikipédia, l'encyclopédie libre et le site "La porte du bonheur.com".

 

 

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14 avril 2024

La légende de la chèvre d'or

 

La chèvre d'or est un animal mythique qui a pour particularité de posséder un pelage, des cornes et des sabots en or. Elle serait la gardienne de trésors légendaires et fabuleux laissés sur place par les Sarrasins du Fraxinet (région de la Garde-Freinet). On trouve mention de sa présence dans différentes parties de la Provence. 

Dans la Provence orientale, la légende la rattache à la fée Estérelle. Alphonse Daudet, dans son conte "Les étoiles", les évoque l’une et l’autre : "Et ta bonne amie, berger, est-ce qu’elle monte te voir quelques fois ? ça doit être bien sûr la chèvre d’or ou cette fée Estérelle qui ne court qu’à la pointe des montagnes".

 

La chèvre d'or - Paul Arène

 

Illustration de La chèvre d'or de Paul Arène (Wikipédia)

 

Paul Arène, dans sa préface à "La Chèvre d’or", fut co-auteur des "Lettres de mon moulin" et des "Contes du lundi", situe lui aussi la "Cabro d’or" en Provence orientale. Mais la légende la situe le plus souvent dans les Alpilles. Dans "Mireio", Frédéric Mistral lui fait hanter la région du Val d’Enfer proche de la vallée des Baux, son repaire préféré où veillant le jour et sortant la nuit, elle garde le trésor d’Abd-el-Rhamân, ce général ommeyyade (Les Ommeyades sont une dynastie arabe qui gouverne le monde musulman de 661 à 750) qui a dirigé des soldats musulmans contre les armées de Charles Martel lors de la Bataille de Poitiers en l'an 732.

 

"Je veux la chèvre d'Or, la chèvre
              Que nul mortel ne paît ni trait
              qui, sous le roc de Baus Manière
              lèche la mousse des rochers
              ou je me perdrais dans les carrières
              ou tu me verrais ramener la chèvre au poil roux !
              hélas ! Combien d'âmes sèches et affamées de gain
              mordant au piège du noir antenois et à la Chèvre d'Or
              font humer leur encens !"

 

Extrait de Mireio de Frédéric Mistral publié en 1859 une œuvre en vers et occitan provençal

 

les-Antiques-le-mausolee-min

 

Les Antiques à Saint-Rémy-de-Provence - Le mausolée

 

On la retrouve aussi à Saint-Rémy-de-Provence où elle campe au sommet du mausolée des Antiques. Là aussi elle est gardienne du trésor d’Abd-el-Rhamân. Il lui arrive de passer le Rhône et d’aller camper sur la rive droite du fleuve. Elle s’installe alors sur un oppidum, le "Camp de César", situé sur la commune de Laudun (Gard). Là, elle veille sur le trésor qu’y laissa Hannibal "roi des Sarrasins d’Afrique". Ce même trésor lui fait aussi hanter le Ventoux. Son antre se situe au-dessus de Malaucène, au lieu-dit "Les Aréniers", près de la source du Groseau. De gigantesques lingots d’or sont cachés derrière la "Porte Saint-Jean" qui ne s’ouvre que la nuit de Noël. Les audacieux peuvent s’en saisir au cours de la messe de minuit puisque la porte s’ouvre entre le début de l’Épître et la fin de l’Évangile.

 

Source : D'après un article de Wikipédia - l'encyclopédie libre

 

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Sur le versant méridional du plateau des Encourdoules qui domine Valauris (Alpes-Martimes), une faille de roc donne péniblement accès à la grotte de la Chèvre d'Or, "lou traou de la cabro", ou seraient entassées en des profondeurs mystérieuses des masses d'or et de pierres précieuses. On ne pourrait arriver jusqu'à ces trésors sans l'aide d'une chèvre aux cornes d'or, postée sur le seuil et invisible durant le jour. Elle apparaît le soir, éveillant, par ses bonds capricieux, la curiosité du passant. Malheur à celui qui la suivrait dans la grotte, il ne reverrait jamais la douce lueur du jour. égaré dans le labyrinthe des couloirs ténébreux, il perdrait bientôt le trace de la chèvre aux cornes d'or et mourrait misérablement de faim, de soif et d'épouvante, près des plus mirifiques richesses. C'est ce qui est arrivé, conte-t-on, à tous ceux qui ont voulu suivre la chèvre dans sa sombre retraite.

 

Source : Le Folklore de la Provence - Claude Seignole - 1963

 

Chèvre d'or

 

Je vous mets un lien vers ce site : "J'aime le Vaucluse", dans lequel j'ai trouvé un article sur la chèvre d'or qui complète mon article.

 

La chévre d'or

La légende de la Chèvre d'or est présente dans bien d'autres lieux aussi bien en Provence, comme l'a constaté Paul Arène, que dans des contrées plus éloignées. La chèvre d'or est un animal fabuleux qui possède un pelage, des cornes et sabots d'or.

https://www.j-aime-le-vaucluse.com
7 avril 2024

A Toulon, au temps des fumeries d'opium

Opium fumerie 4

 

Vers 1900, à l'époque de l'empire colonial et alors que l'Orient fait rêver, à Toulon comme dans les autres villes portuaires, on trouve jusqu'à 200 fumeries d'opium clandestines. En Angleterre, on "mange" l'opium comme en Inde, en France, on fume le "chandoo" comme au Tonkin. Les marins et les militaires de retour d'Indochine, les Asiatiques immigrés, les négociants et les fonctionnaires français ont rapporté cette habitude de "tirer sur le bambou" des territoires indochinois qu'ils ont fréquentés. Les ports de Toulon et de Marseille seront ainsi "contaminés" en premier. La pratique se propageant ensuite aux villes portuaires telles Brest, Rochefort, Cherbourg, avant d'atteindre Paris. A Toulon, les marins fréquentent les maisons closes, mais se sont surtout les courtisanes appelées demi-mondaines, qui contribuent grandement à développer la pratique de l'opium comme une prestation supplémentaire pour leurs clients. Les fumeries sont aménagées le plus souvent chez ces dames, dans leurs villas du Mourrillon ou leurs appartements situés dans la haute ville, où elles ont aménagé une pièce de leur logement de manière exotique : des nattes, des matelas et des coussins sur le sol, un paravent chinois, tout l'attirail du fumeur sur un plateau (pipe, lampe, aiguille), sans oublier les kimonos dont elles se parent pour recevoir leurs hôtes. Elles se nomment Libellule, Hélène Narcisse, Rose Pétrole, Joujou, Clo-Clo, Claire d'Orthys, Gaby de Pulvis, Marcelle Esther ou bien Jeanne de Rochefort. C'est dans les bras de ces demi-mondaines, actrices ou encore danseuses de cabaret, que les officiers et sous-officiers de Marine, noient leur ennui et passent leur temps. Toulon ne vit alors que pour sa Marine et sa garnison. Les fumeries seront répertoriées par les services de police jusqu'au décret de 1908 où l'importation d'opium sera réglementée et la vente absolument interdite. Vers 1910, en France la "noire idole" est partout, dans tous les milieux : les arts, la littérature, la peinture, le cinéma... A l'Assemblée nationale, on réprouve cette pratique mais l'intérêt supérieur des colonies prime. L'opium est mollement réprimé. Un rapport de police daté du 20 janvier 1913 établi que : "l'usage et le trafic de l'opium ont repris depuis quelques mois une extension considérable à Toulon. L'arrivée de l'escadre du Nord est venue augmenter le nombre des fervents passionnés de ce dangereux poison.

 

Opium fumerie 1

 

Opium

 

Beaucoup de nouvelles demi-mondaines ont créé dans leurs appartements des fumeries et invitent ainsi leurs amis à venir fumer. Quelques femmes d'officiers de marine ont ajouté ce complément de fumerie à leurs réceptions". Ce rapport de police indique également que l'opium est apporté de Marseille et de La Ciotat où il est acheté à bord des bateaux venant de Chine et du Japon. Des douaniers du port de la Joliette à Marseille faciliteraient la vente de l'opium en dépôt dans les docks et les entrepôts par des manœuvres illicites et moyennant rétribution. Le 23 avril 1913, un journaliste du journal Le Matin révèle qu'il y aurait à Toulon 163 fumeries clandestines et qu'il aurait vu des officiers de marine fumer jusqu'à 80 ou 100 pipes en une seule soirée ! L'amiral Bellue, préfet maritime de Toulon reconnaît alors que la "toufiane" envahit notre flotte. Le péril est grand car il menace à la fois la santé et la sécurité nationale. Tous les jeunes officiers fument. La Marine et les militaires sont pointés du doigt. Parallèlement, on reproche aux artistes qui ont traité de l'opium dans leurs œuvres d'en avoir véhiculé une image romantique et encouragé ainsi sa pratique. Parmi eux, Charles Dickens, Walter Scott, Edgar Allan Poe, Charles Baudelaire, Jean Cocteau, Pierre Loti, Claude Farrère. Pourtant, dès 1906, le ministère de la Marine est intervenu auprès du préfet de Toulon afin qu'il procède à des perquisitions dans les fumeries et qu'il les ferme. Seulement voilà : nulle loi ne condamne l'opium. Finalement, à force de perquisitions et de fermetures publiques, les fumeries disparaîtront après 1916, laissant une armée et une marine affaiblies par ces pratiques opiomanes.

 

Source : D'après un article d'Ambre Mingaz paru dans le supplément du journal Varmatin du 25 mars 2012.

 

Opium fumerie 2

Opium fumerie 3

 

Opium, poison de rêve
Fumée qui monte au ciel,
C'est toi qui nous élève
Au paradis artificiel.
Je vois le doux visage
Les yeux de mon aimée,
Parfois j'ai son image
Dans un nuage de fumée.

Dans le port de Saïgon
il est une jonque chinoise
Mystérieuse et sournoise
Dont nul ne connaît le nom.
Et le soir dans l'entrepont,
Quand la nuit se fait complice
Les Européens se glissent
Cherchant des coussins profonds.

Et le soir au port falot
Les lanternes qui se voilent
Semblent de petites étoiles
Qui scintillent tour à tour.
Et parfois dans leur extase
Au gré de la fumée grise,
Le fumeur se représente
Ses plus beaux rêves d'amour.

Puisqu'on dit que le bonheur
N'existe pas sur la terre,
Puisse l'aile de nos chimères
Un jour nous porter ailleurs
Au paradis enchanteur
Plein de merveilleux mensonges
Où dans l'ivresse de mes songes
J'ai laissé prendre mon coeur.

 

Paroles de la chanson Opium créée en 1930 par Charlys et Guy d'Abzac

 

Opium matériel

31 mars 2024

La campagne, des bois aux champs (2ème partie)

 

 

Les châtaignes, le pain des vieilles montagnes des Maures et de l'Estérel, n'intéressent plus grand monde. Les arbres sont malades, abandonnés. L'histoire des célèbres marrons du Luc semble bien près de s'achever, comme celles des amandons pour confiserie, culture des hauts-pays. Dans ces conditions, le travail des champs continue comme jadis, long, pénible. Machines à vapeur et mécaniques perfectionnées, faucheuses et moissonneuses, sont réservés aux grandes propriétés de la région d'Hyères, de Rians, de Salernes, de Comps... Les sols des plaines les plus épais sont travaillés à la charrue simple. Mais, pour nombre de petits propriétaires, celles-ci sont encore trop chères, trop lourdes à tirer et les chevaux font souvent défaut. Dans la région du Golfe, certains attèlent encore des bœufs. Aussi l'araire se rencontre-t-il partout. Transporté à dos d'âne, tiré par ce même animal, il gratte le sol maigre des restanques sous les oliviers. Un an sur deux ou trois, la jachère règne, faute d'engrais. Viennent la moisson et ses rudes journées. La faux et, par endroits, la faucille couchent les épis. Des gavots sont venus à la fin juin. En ligne, les hommes coupent, les femmes lient. De l'aube à la nuit, il faut garder le rythme.

 

 

Les pauses sont brèves, pour se reposer et se restaurer. Une assiette de soupe le matin, avant de partir aux champs ; à 8 heures, pain, oignons et anchois ; à midi, repas froid, légumes, figues sèches, olives et force pain ; à 16 heures, on fait "merenda", un petit goûter ; après une belle tirée, la journée s'achève enfin par une assiette de soupe et un plat, maigre le plus souvent : des légumes cuits à volonté. Salade sauvage, broussin grillé, farigoulette même, n'étaient pas négligés. Par contre, œufs et volailles, et plus encore la viande de boucherie, réservés aux jours de fête, n'apparaissaient que pour le repas de fin de moisson. Les champs sont souvent petits, les rendements faibles, 7-10 quintaux à l'hectare. La moisson dure peu. La dernière gerbe, parfois fleurie, a quitté les restoubles (emblavures : terres ensemencées en blé).

 

 

Le dépiquage peut commencer. "On dépique les blés par les procédés bibliques et barbares des chevaux mulets foulant les gerbes" note le journaliste Victor-Eugène Ardouin-Dumazet (1852-1940) auteur de Voyage en France. Les rouleaux en pierre se sont répandus depuis leur apparition vers 1850 dans la propriété, promue ferme-école, de Charles de Gasquet, à Salgues, près d'Entrecasteaux. Puis, à la pelle, avec le van et mieux encore le tarare, le grain est purifié. Ensaché, il sera échangé contre de la farine, du pain chez le boulanger, moulu chez le meunier, vendu à quelque foire... Rien n'a changé depuis des siècles autour de l'olivier. On le taille "aux premiers boutons", sévèrement car, comme le dit le vieil adage, "faï mi paure, te faraï riche" (fais-moi pauvre, je te ferai riche). De décembre à mars, l'acanaire (le gauleur), la canne en main, gaule les fruits mûrs, d'un coup sec, dans le sens des rameaux.

 

 

 

En bas, sur les draps étendus, femmes et enfants ramassent les olives, cassés en deux, les doigts gourds et douloureux par les fraîches journées hivernales. Rares sont les olivettes basses où les femmes grimpées sur leur cavalet à trois pieds, peuvent cueillir les fruits. Une partie de la récolte est vendue sur les gros marchés voisins de Draguignan et de Grasse. Pour le reste, les moulins tournent jusqu'au printemps. La meule, dressée dans l'auge (la mare), écrase les olives nettoyées des feuilles et ramilles du gaulage. La pâte, tassée dans les scourtins, est pressée, parfois encore dans les antiques pressoirs à chapelle. Ici et là, la fête célèbre l'or fruité de l'huile nouvelle, goûtée et savourée sur des tranches de bon pain, entre hommes, près des meules. Mais l'olivier n'enrichit plus personne malgré les tentatives de regroupement et de modernisation dans le cadre des toutes jeunes coopératives, comme La Travailleuse, dite "la rouge", premier moulin coopératif moderne né à Cotignac le 6 août 1905.

 

 

Déjà beaucoup d'arbres ne sont plus taillés ni fumés. Abandonnés aux maladies, fumagine et neiroun, ils rejoignent dans la disgrâce les châtaigniers, les blés et les moutons. Heureusement, quelques réussites avaient pris le relai. Le rétablissement de l'élevage du ver à soie est sans doute, incomplet et discret. Naguère, de très nombreuses communes "faisaient les magnans". Depuis, la concurrence, la maladie, la terrible pébrine, la chute des prix ont découragé les éleveurs : 6 à 8 francs le kg de cocons vers 1866-1870, 3 francs seulement vingt ans plus tard. A la fin du siècle cependant, se produit un sursaut, grâce à l'aide de l'Etat et surtout au choix d'une spécialisation heureuse : la production de graines de ver à soie. Des Mayons et du Muy au Luc, de Draguignan au golfe de Saint-Tropez, les magnaneries revivent. Au dernier étage, une grande pièce bien aérée, est désinfectée à la chaux et pourvue d'un poêle. Des claies de canisses attendent leurs hôtes. En avril, les graines arrivent dans leurs petites boites banderolées de leur garantie. Dans la chaleur de la cheminée ou littéralement couvée dans le giron de la maîtresse de maison, elles éclosent une dizaine de jours après.

 

 

Aussitôt, les jeunes chenilles, affligées d'une incommensurable fringale, se mettent à denteler et à engloutir les feuilles de mûrier dans un bruit d'averse perpétuelle. Tous les jours, ces estomacs sans fond réclament leur dû. Et il faut encore nettoyer les claies, toujours sales, surtout après les mues. Heureusement, la vie de ces goinfres malpropres est brève. Après la quatrième mue, dès la croissance finie, les branches de genêt, de bruyère sont fichées sur les claies. Bientôt les vers, bouffis, grimpent, cherchent leur place, se fixent et s'encoconnent vers la mi-mai. Trois ou quatre jours encore et c'est fini. Il reste aux femmes à recueillir habilement les cocons puis à les porter à la "fabrique". Pour quelques 6 000 éleveurs, la vie redevient plus calme en même temps que rentrent les premiers gains de l'année.

 

Les graines, les cocons, les papillons et les vers à soie (Photo internet)

 

Source : D'après le livre "Le Var autrefois" - Yves Rinaudo - Editions Horvath

 

24 mars 2024

La campagne, des bois aux champs (1ère partie)

 

 

Le XIXème siècle a son terme à été rude. Les crises, la maladie du ver à soie, celle de la vigne, la concurrence, en ont découragé plus d'un. Et les hommes vieillissent. Les jeunes s'en vont tandis que se vident les berceaux. Les champs abandonnés, les friches s'étendent. Maigres taillis et rares futaies, chênes et pins, cistes (messugues) et genêts, bruyères et ronces, garrigues et maquis, landes et terres "gastes" (terrains pauvres, peu fertiles), mangent le paysage 200 000 hectares de terres cultivées et guère plus de forêt en 1873, mais respectivement 150 000 ha et 300 000 ha un demi-siècle plus tard. Ces nouveaux espaces sauvages, moins parcourus et moins disputés que jadis, restent bien utiles et même indispensables pour beaucoup. Les moins chanceux y prélèvent de précieuses ressources. Herbes et plantes aromatiques, champignons, escargots, parfums et gloires de la cuisine rustique, sont recherchés, parfois vendus sur le marché du village ou de la ville avec le cade, apprécié pour ses vertus thérapeutiques, et quelques fagots pour allumer le feu. Les austères pays du Haut-Var récoltent la lavande, distillée sur place ou vendue aux parfumeurs de Grasse. De l'automne au printemps, les bouscatiers peinent dans les coupes. Ils sont venus nombreux d'Italie et sont renforcés l'hiver par des paysans du haut pays alors peu occupés par les travaux des champs.

 

 

Les charbonniers, eux, construisent leur "motte" fragile avec soin et précision. La qualité de la cuisson doit tout à leur art. De Rians à Comps, Fayence et Montauroux, on va, au printemps, piquer la "rusque" (écorce de chêne-liège) en famille, par villages entiers. Les baliveaux de chênes-lièges coupés, leur écorce incisée tout du long, délicatement martelée, se détache. Séchée puis broyée dans le moulin à tan, elle livre son précieux extrait, longtemps indispensable à la préparation des cuirs.

 

 

Moulin à tan (Photo Nadine-Musée des ATP à Draguignan)

 

Depuis la fin du XIXème siècle cependant, des produits "chimiques" sont en passe de ruiner le tan varois. L'été, les suberaies (forêts de chênes-lièges) des Maures et de l'Estérel s'animent. Les rusquiers s'affairent au démasclage (liège mâle) et au levage (liège femelle) de l'écorce du chêne, naguère grande richesse du pays. Une incision circulaire à la naissance des branches, une autre à la base du tronc, deux fentes en long, un léger martelage de chaque côté, et, sous la poussée du fer glissé entre la "mère" et l'écorce, le liège vient.

 

 

L'arbre est déshabillé par plaques, sur une dizaine d'années. Coupé en "planches", raclé à l'herminette, le liège est transporté jusqu'à l'usine voisine, tâche malaisée dans ce pays coupé de profonds ravins. Et comme il faut encore compter avec la rude concurrence de l'Afrique du Nord, de l'Espagne, de l'Italie, bien des abandons se sont produits. Ici et là, des chercheurs de trésors étranges sont à l'œuvre. Ceux-là, à Vérignon, à Aups, à Ampus, dans le canton de Comps, à Mons encore, se cachent et taisent le secret de gîtes mystérieux où, au pied des chênes, dort la truffe incomparable. Guidés par le flair du cochon ou le vol de la mouche dorée, ils partent à la chasse au trésor dans la froidure hivernale du haut pays. Mirage prestigieux qui pousse "au cul du cochon" des gens "sérieux", des notables, et jusque dans la région d'Hyères. Ceux-ci moins passionnés, fouillent le sol pour extraire des racines : racines de bruyères pour les fabriques de pipes de Cogolin, racines de buis dans la région d'Aiguines pour les tourneurs du village.

 

 

Mais les rois de ces contrées, ce sont les chasseurs et la braconniers. Dès l'ouverture de la chasse, les bois pétaradent sans arrêt ou presque : grives (tourdres) et perdrix (bartavelles), cailles et bécasses, oiseaux divers, gibier d'eau des marécages côtiers de l'Argens et du Gapeau, lièvres et sangliers connaissent des temps difficiles. Car ici tous les hommes dignes de ce nom sont chasseurs. Les plus habiles d'entre eux accèdent à la gloire, du moins locale. Au sommet, le chasseur de sangliers dépasse les autres par la noblesse de son art, aux règles précises qui distribuent les rôles et partagent les honneurs. La bête repérée, les tireurs sont postés. Chiens et rabatteurs lancent la chasse. Le sanglier abattu, après avoir posé pour la postérité si le photographe est là, se déroule le partage ritualisé et codifié : la tête va au tueur, le reste est découpé en lots tirés au sort. Tout se termine  par une de ces ribotes réservées aux hommes, qui rompt avec le quotidien et consacre un temps de marginalité sociale où l'on mange, où l'on parle, où l'on se tient autrement. Les nouveaux apprennent et les anciens se remémorent des histoires de chasse, grosses de secrets pour les initiés et de gloriole pour les profanes. Tout un imaginaire de la chasse se raconte et s'enrichit, bien inscrit au cœur de la culture, du temps et de l'espace villageois. Car chasser c'est apprendre et retrouver, connaître et vivre, les terres et les bois, les bêtes et les gens. Le temps de la chasse, c'est encore celui du corps et du terroir. Aussi, le plus doué est-il l'honneur du pays, qui reconnaît en lui sa plus belle image.

 

 

C'est Maurin des Maures, le "légendaire" chasseur-braconnier, libre parce que marginal, vainqueur modèle parce que maître de son espace, héros rêvé devenu mythe vénéré (héros du roman de Jean Aicard inspiré d'Aristide Fabre). Mais pour les simples mortels, cette masse de petits paysans propriétaires, il faut bien travailler la terre pour gagner sa vie. De ce côté-là, la géographie et l'histoire ont décidé. L'eau rare, les terroirs morcelés, les sols minces, l'ouverture au marché national ont dicté l'orientation : la vigne et les cultures délicates seules rapportent désormais. Certes, l'antique héritage agricole n'a pas disparu. Sur les terres sèches des plateaux et des plaines, au flanc des coteaux, on sème toujours la tuzelle (touselle : blé tendre) chère aux poètes varois, toujours vaillante malgré l'assaut des variétés modernes. Les oliviers, le noble cayon, mûrissent leurs fruits. Les moutons hantent les chaumes et les bois.

 

 

Les avérages (bétails menus : ovins ou caprins) conduits par leurs pastres, suivis de leur âcre parfum, montent au printemps vers les alpages, escortés de sonnailles et noyés de poussière. Ils redescendent pour la Saint-Martin et les ancestrales drailles retournent au calme de l'attente. Certaines n'en sortiront plus. Car, depuis la fin du Second Empire, ces antiques richesses ont beaucoup souffert. Le blé produit trop peu et ne rapporte plus rien. Les huiles locales, même les plus réputées, celles de Lorgues ou de Solliès, résistent de plus en plus mal à la concurrence des rivales "exotiques" (arachide), étrangères (Italie, Espagne, coloniales (Tunisie), des produits nouveaux (pétrole) ou trafiqués. Partout des prix de misère... Les troupeaux de moutons se réduisent. Laine et viande viennent d'ailleurs. Dans les bois et sur les landes, au long des routes et des drailles, ils se font plus rares, sauf dans quelques secteurs fidèles comme les pays de Comps qui élèvent aussi des mulets. Seul bénéfice : leur nourriture, naguère source de bien des soucis et de pas mal de conflits, n'en pose plus beaucoup.

 

Source : D'après le livre "Le Var autrefois" - Yves Rinaudo - Editions Horvath

 

Cet article sera suivi d'une deuxième partie.

 

17 mars 2024

Tout ce qu'une femme doit faire pour être heureuse en ménage par Agnès Rouvier d'Aiguines - 1919

 

Voici à présent le dernier volet de la série des publications d'Agnès Rouvier d'Aiguines dans son agenda de 1919. Je précise que cet agenda est tellement riche que je n'ai pas pu tout étudier pour tout vous relater.

 

 

Ce texte s'intitule : "Ce qu'il est bon de savoir ou tout ce qu'une femme doit faire pour être heureuse en ménage".

 

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1 - Ne commence jamais une dispute, mais si une explication devient inévitable, ne cède pas avant d'avoir obtenu raison.

2 - N'oublie jamais pourtant que tu es la femme d'un homme et non pas d'un être supérieur, cela te fera comprendre ses faiblesses.

3 - Ne demande pas trop d'argent à ton mari. Tâche de te tirer d'affaire avec l'argent qu'il te donne au commencement de chaque semaine.

4 - Si tu t'aperçois que ton mari a le coeur un peu large, souviens-toi qu'il a également un estomac. Soigne bien son estomac et tu auras vite fait de gagner son coeur.

5 - De temps à autre, mais pas trop souvent, permets à ton mari d'avoir le dernier mot, cela lui fera plaisir et ne te nuira nullement.

6 - Lis le journal entièrement et non pas les nouvelles sensationnelles seulement, ton mari s'entretiendra volontiers avec toi au sujet des évènements du jour et de la politique.

7 - Garde toi de froisser ton mari, même pendant une période de  bouderie.

8 - De temps en temps, fais lui un compliment en lui disant qu'il est le plus gentil et le plus attentif des hommes mariés, mais fais lui comprendre en même temps qu'il n'est pas sans défaut non plus.

9 - Si ton mari est intelligent et actif, sois pour lui une bonne camarade, s'il est un peu lourd sois pour lui une amie et une conseillère.

Ne voilà-t-il pas de forts sages préceptes et faciles à suivre ?......

 

Agnès Rouvier

 

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J'espère que ce texte vous a plu. Moi je l'ai trouvé génial car il ne faut pas oublier qu'il a été écrit en 1919 !

 

 

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