Le curé Adonis Volpato et le chemin de croix d'Ampus
Le Père Volpato (Photo Jean-Michel Soldi)
Le Père Adonis Volpato, qui fut curé d'Ampus pendant 33 ans, est né à Padoue en Italie le 10 février 1924 dans une famille de onze enfants. Le père d'Adonis, entrepreneur, donne très tôt à son fils, le goût de la maçonnerie ; il deviendra plus tard "Le Curé Bâtisseur" d'Ampus. En 1961, ayant suivi les cours du séminaire de Toulon, il est ordonné prêtre. Après un très court séjour à l'aumônerie de l'hôpital de Toulon, il est nommé curé d'Ampus. En 1962, il entreprend la restauration de l'église paroissiale. Les travaux durent quatre ans et demi jusqu'en 1967 : 10 000 tuiles sont scellées sur la dalle de béton qui nécessite 5 000 seaux de mortier, les murs extérieurs sont rejointés tandis qu'à l'intérieur l'épaisse couche de plâtre est décapée pour laisser apparaître les pierres taillées par les moines cisterciens au XIIème siècle.
Dans le même temps, le Père Volpato à qui l'on avait donné le terrain autour de l'église (à l'emplacement du castrum médiéval), a l'idée d'y édifier un chemin de croix. Pour cela, il fait appel à un céramiste britannique installé depuis quelques années dans le village : Geoffrey Hindry dit Geoff. Le curé trace lui-même avec son tracteur l'emplacement de son futur chemin de croix et discute avec Geoff des quatorze stations que celui-ci compte créer et mettre en place lui-même. Pendant que Geoff travaille à ses panneaux de céramique, le curé prépare le terrain : 400m3 de terre sont déplacés et 300 mines explosées pour modeler le rocher. Il plante des centaines d'arbres, d'arbustes et de fleurs. Les quatorze stations sont réalisées sur deux ans de 1965 à 1967. Geoff passionné par cette entreprise décide avec l'accord de l'Abbé Volpato de créer un quinzième panneau qui mélangera céramique et galets, plus abstrait dans sa conception. Les abords aménagés par le curé Volpato conviennent très bien. L'évêque de Fréjus viendra bénir l'ouvrage en grande cérémonie. Geoffrey Hindry meurt en 1977. Par la suite, certains carreaux employés par Goeff et qui étaient de mauvaises qualité ont peut à peu été détériorés par le gel de l'hiver. La belle station du Christ mourant sur la croix, exposée au vent, a particulièrement souffert. En 2001, la municipalité décide de faire restaurer ce bien qui fait partie du patrimoine communal (le curé Volpato mort en 1994, avait fait don du chemin de croix à la commune). Le laboratoire de Conservation, Restauration et Recherches du Centre Archéologique du Var met plus d'un an à faire ce travail de restauration et de remise en état des stations.
Nota : Je précise que je n'ai pas fait les photos de toutes les stations
Pour parler encore un peu du Père Adonis Volpato, je dois vous dire que le curé bâtisseur ne s'était pas contenté de restaurer l'église d'Ampus. Plus de trente églises et chapelles lui doivent d'être encore en bon état aujourd'hui, telles que celles de Vérignon, Châteaudouble, Tourtour, Lorgues, Comps, Sillans-la-Cascade, Saint-Antonin, Mons, etc... La renommée du curé dépasse largement les frontières du Var : le 7 octobre 1971, il reçoit de mains de Madame Pompidou le 8ème Prix des Chefs d'oeuvre en péril, ainsi que la somme de 10 000 Francs qui lui servira à boucher quelques trous dans les toitures des églises de la région. Le 10 décembre 1980, le Père Volpato est de nouveau à l'honneur : Monsieur Giscard d'Estaing lui remet un chèque de 20 000 Francs au nom de la Fondation des Chefs d'oeuvre en péril.
A Ampus et dans les villages des environs, on se souvient du Père Adonis Volpato. Tous le revoient, un sac de ciment sur l'épaule droite, une échelle sous le bras gauche, sur des chemins de chèvre accompagné de son âne Tintin ou bien encore monté sur des échafaudages faits de branches ficelées à de vieilles planches à 10 mètres du sol. Sans oublier de parler de sa technique particulière pour envoyer les tuiles à son ouvrier : le curé mettait la tuile au bout d'un bâton et d'un geste habile et sûr la lançait à l'ouvrier monté sur le toit qui la réceptionnait, il paraît que sur la quantité il n'en cassait pas tellement.
L'Abbé Adonis Volpato prit sa retraite et quitta Ampus à regret. Il retourna en Italie dans sa famille, où il mourut le 2 août 1994.
Source : D'après la brochure : Ampus, le chemin de croix, éditée par l'APPA - Association pour la Conservation du Patrimoine d'Ampus - Mars 2009