Louis Gérard de Cotignac, médecin botaniste d'exception
En publiant en 1761, Flora gallo-provincialis, le premier ouvrage sur la flore de Provence et en créant un herbier exceptionnel constitué de 3 476 parts d’herbiers, conservé dans les réserves du Muséum départemental du Var à Toulon, le botaniste Louis Gérard s’est inscrit dans l’histoire des sciences naturelles.
La vie de Louis Gérard est tellement exceptionnelle que l’on pourrait commencer à la raconter par : "Il était une fois". Plus simplement à l’image de ce scientifique dans l'âme, il naît à Cotignac le 16 juillet 1733 de François Gérard, médecin, et de Claire-Emmanuelle, née Lombard de Taradeau, mère au foyer. Le jeune garçon suit un enseignement classique, surtout en latin, à Draguignan. Puis il poursuit ses études de médecine à Montpellier, et devient médecin à l’âge de 20 ans ! Il se lie d’amitié avec le botaniste Philibert Commerson (1727-1773), qui lui transmet sa passion pour la botanique, à une époque où la pharmacopée était essentiellement à base de plantes. Infatigable, il va parcourir la Provence et les Alpes du Sud pour rassembler les documents nécessaires à la réalisation d'une flore de Provence, qu’il publie à Paris en 1761, sous le nom de Flora Gallo Provincialis. Jusqu’en 1768, Louis Gérard réside principalement à Paris, mais au sommet de sa gloire, à 35 ans, il retourne à Cotignac pour prendre la suite de son père et exercer la médecine de campagne. Alors que Bernard de Jussieu - professeur de botanique au Jardin du roi Louis XV - lui offrait pourtant un poste rémunéré de professeur adjoint au Jardin des Plantes à Paris. Louis Gérard épouse, un an plus tard, Thérèse Templier, avec laquelle il a neuf enfants. Il se plonge dans la vie d’un médecin de campagne, par tous les temps, de jour comme de nuit, pour soulager les malades dont la plus grave maladie, dit-il, est la misère. Tout en exerçant la médecine, Louis Gérard continue de pratiquer la botanique et à faire oeuvre d’érudit.
Ses relations avec les botanistes français et étrangers sont incessantes comme par exemple Perreymond de Fréjus, Gouffé de Marseille, Gouan de Montpellier, Dominique Villars de Gap, Allioni de Turin, Smith de Londres… Des échanges de plantes se faisaient avec toutes les régions du monde ! Louis Gérard était en première ligne des révolutions botaniques de son époque. Il obtient la médaille d’or de la Société de médecine de Paris en 1787, pour son Etude Topographie médicale à Cotignac et il est élu la même année, membre correspondant de l’Académie royale des sciences. La période révolutionnaire le pousse à l’exil sur Toulon, puis à Draguignan et enfin dans sa propriété de Combecave, près de Cabasse, avant d’être fait prisonnier et transféré au sanctuaire Notre-Dame de Grâces à Cotignac. Il échappe aux exécutions, reprend ses activités médicales, tout en étant nommé associé non résident de l’Institut national des Sciences.
Il s’éteint à Cotignac le 16 novembre 1819, à l’âge de 86 ans. Après les premiers jalons de Flora Gallo Provincialis, puis le Catalogue d’Albert et Jahandiez, l’étude de notre flore suscite toujours de nombreuses questions et invite les curieux à prospecter nos sentiers. C’est d’ailleurs l’une des missions de l’association Inflovar, créée en 1996, dans le but de participer à l'inventaire de la flore du Var.
Source : Magazine Le Var - Eté 2023 N°15 - Le parcours d'un médecin botaniste d'exception Louis Gérard.