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Passion Provence
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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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9 mai 2022

Les maisons étroites, toutes en hauteur

Pour faire suite à mon article précédent sur la maison provençale, je vous en propose un autre ciblé celui-ci sur les maisons étroites, bâties en hauteur.

La maison en hauteur type

Draguignan-Rue de la vieille boucherie

Il s'agit en général d'une maison étroite qui a entre quatre à cinq mètres de largeur et qui est assez profonde, soit entre huit à quatorze mètres de profondeur. Les plus courtes ne disposent que d'une pièce par niveau, avec les escaliers sur le côté ; les plus profondes ont une cage d'escalier au centre, avec une pièce sur le devant, donnant sur la rue et une sur l'arrière, donnant sur une petite cour ou une ruelle. La cave est présente dans la totalité des maisons, dont elle constitue un premier niveau. Elle y occupe généralement la totalité de la superficie du bâtiment et déborde très souvent largement sous la rue. Elle est toujours voûtée en berceau. Dans les maisons plus larges ou s'étant agrandies, on observe la présence de plusieurs caves juxtaposées, avec sous les murs maîtres, une ouverture voûtée en plein cintre autorisant le passage de l'une à l'autre, ou, plus rarement, un ou deux piliers soutenant des arêtes de voûtes. Quelques bâtiments possèdent, sous ce premier niveau, une autre cave de taille plus modeste. Il est fréquent lorsque la maison est construite sur un sol en déclivité, que la cave soit enterrée sous une grande longueur pour déboucher à une autre extrémité, au niveau d'une ruelle. On trouve dans cette cave, de manière systématique, sous la partie avant, près de la rue, une "tine", grande cuve à vin d'une capacité de 6 000 à 12 000 litres, en général de forme cubique, avec des murs de forte épaisseur, maçonnés en pierres liées à la chaux, et dont les parois intérieures sont plaquées sur toute leur hauteur de carreaux vernissés de couleur rouge. Sur la façade avant, au niveau du fond de cuve, un robinet en cuivre permet de faire couler le contenu dans un petit bassin en maçonnerie, également plaqué de carreaux vernissés. Au-dessus de la "tine", on remarque une ouverture dans la voûte ; c'est par cet orifice que l'on remplissait la cuve de raisins écrasés, soit manuellement, soit avec l'aide du fouloir placé au-dessus de ce trou. Après quelques jours de fermentation, le jus, futur vin, était récupéré dans le petit bassin et transféré dans des tonneaux disposés soit à cheval sur des poutres de bois, soit sur des berceaux en pierre taillée. Le marc de raisin était évacué par le trou d'accès, et mis sous pressoir, afin d'obtenir le jus de presse, vin de petite qualité réservé à la consommation familiale. Cette opération terminée, le marc était distillé par le bouilleur de cru ambulant installé dans la rue, afin d'obtenir l'eau-de-vie.

Vieille cave

Le deuxième niveau est occupé par le rez-de-chaussée. C'est un espace réservé au domaine du travail. Dans les demeures peu profondes, cette pièce est très souvent l'écurie ou la bergerie ; on y remise les outils agricoles, notamment charrette et instruments de labour. Elle peut être aussi l'atelier de l'artisan, la boutique du commerçant, ou encore abriter le four du boulanger. Dans les maisons plus allongées, la pièce donnant sur la rue a la même destination que précédemment : on trouve sur la partie arrière une autre salle qui peut être également une écurie, mais plus souvent une réserve, principalement une "jarrerie", lieu où sont entreposées des jarres en terre cuite de grande dimension dans lesquelles est stockée l'huile d'olive. Cette pièce est très importante, elle va héberger la ressource financière principale du foyer. Cette huile doit être conservée dans les meilleures conditions, donc pas de fenêtre ici, ceci pour éviter la lumière du jour et maintenir une température constante. Pour éviter toute perte, le sol est carrelé, avec une légère déclivité vers un minuscule bassin situé au centre de la pièce dans l'espoir de récupérer le précieux liquide en cas d'accident, comme un renversement ou un bris de jarre.

Jarrerie

Dans les murs, de petites cavités cubiques permettent de déposer la lampe à huile ou à pétrole destinée à diffuser un éclairage en toute sécurité. C'est au premier étage que se trouve la cuisine. C'est une pièce toute en longueur, avec la cheminée adossée ou engagée dans un mur maître mitoyen. Le potager, très souvent, la prolonge jusqu'à l'évier qui est accolé au mur donnant sur la rue. On y trouve aussi un ou plusieurs placards encastrés, parfois une petite pièce aveugle faisant office de réserve. Dans les maisons plus importantes, ayant l'escalier central et une pièce de chaque côté, il n'est pas rare de trouver la cuisine sur l'arrière, si la maison donne sur une petite ruelle.

Draguinan-Rue juiverie

Ce choix est déterminé par le fait que dans les rues et ruelles, court une rigole alimentée par la surverse des fontaines, laquelle devient aussi un déversoir naturel pour les eaux grasses de la cuisine, se transformant, au fil de son parcours, en égout à ciel ouvert. A partir du deuxième étage, ce sont les espaces de repos, occupés exclusivement pour dormir. Dans la ou les chambres, en fonction de l'importance de l'habitat, il arrive que l'on trouve, mais rarement, une cheminée qui apporte un peu de chaleur. Pendant la période froide, si l'on voulait bénéficier d'un peu de bien-être au moment du coucher, il fallait soit réchauffer le lit avec une bassinoire remplie de braises, soit emporter avec soi une brique ou un gros galet qui avait séjourné près du feu, et que l'on avait soigneusement enveloppé dans un chiffon avant de le glisser dans les draps. On y trouve peu de mobilier : le lit, une commode, et, très souvent, des placards encastrés qui permettent le rangement du linge. Un cloisonnement à l'intérieur de la chambre permet de créer une petite pièce : la garde-robe, lieu d'aisance principalement réservé à la maîtresse de maison et aux enfants.

Foin-dans-le-grenie

C'est immédiatement sous le toit que se trouve le grenier, en général assez vaste pour contenir une grande quantité de foin. Celui-ci est hissé depuis la rue dans les trousses ou filets de corde, à l'aide d'une poulie fixée à une potence située au ras de la génoise et au-dessus d'une large ouverture. Une goulotte maçonnée partant du grenier et descendant à l'aplomb de la mangeoire permettait d'alimenter directement les animaux. Une partie du grenier pouvait être aménagée en séchoir. Un large espace, obtenu par un décalage de la toiture, laissant passer le soleil et assurant une bonne ventilation permettait de faire sécher sur des claies les figues et les tomates. On y conserve les grappes de raisin suspendues sur un fil ainsi que les fruits pour l'hiver.

Source : Extrait de "L'autrefois des cuisines de Provence" - Yves Fattori - Edisud

Autrefois des cuisines

 

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Commentaires
B
Je vois que nous avons les mêmes lectures. Je retrouve des descriptions qui correspondent à celles de ma maison. C'est sympa de lire cet article.
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