L'extraordinaire épopée du culte des reliques chrétiennes
Reliques de Marie Madeleine dans la basilique de Saint-Maximin
Si elles sont tombées un peu en désuétude de nos jours, et si leur culte a très fortement diminué, les reliques de saints ont été l'objet d'une épopée extraordinaire à partir du Moyen-Age. Leur présence toujours actuelle dans de très nombreuses églises en Europe rappelle ces événements peu communs. Le culte des reliques chrétiennes trouve son origine dès le début du christianisme avec la mort des premiers martyrs et des premiers saints. Les reliques avaient une triple fonction : elles étaient un témoignage concret de l'exemple d'une vie droite et vertueuse à imiter ou à suivre, elles possédaient un pouvoir spirituel et énergétique à même de provoquer des miracles. En fait, on croyait que le pouvoir des saints qui faisaient des miracles se maintenait à travers leurs reliques et, avec le temps et la création du phénomène contesté des indulgences, elles procuraient des indulgences à celui qui les possédait. La demande créant l'offre, assez rapidement, des intermédiaires peu scrupuleux se mirent à inventer des reliques, aidés en cela par l'Eglise qui, pour des raisons politiques, canonisa nombre de personnalités qui ne le méritaient pas. Cela créa des situations absurdes : si l'on considère que toutes les reliques sont vraies, Marie-Madeleine aurait six corps et San Biagio, une centaine de bras. Ces excès provoquèrent évidemment une défiance vis-à-vis des reliques, et peu à peu, leur culte chuta dans l'oubli, même s'il est toujours pratiqué de nos jours : nombreux sont ceux qui croient encore aujourd'hui qu'une relique véritable d'un saint possède des pouvoirs énergétiques et spirituels. Il existe environ 50 000 reliques disséminées un peu partout à travers l'Europe, elles sont issues d'environ quelques 5 000 saints. Notons que la plupart des autres religions de la planète vénèrent ou ont vénéré des reliques.
Le plus grand collectionneur de reliques fut Frédéric III de Saxe (1463-1525) qui au total se procura 21 441 reliques, dont 42 corps de saints entièrement préservés. Avec cette collection unique au monde, il calcula qu'il avait totalisé 39 924 120 ans et 220 jours d'indulgence ! Pourtant, sous l'influence de Luther, il abandonna le culte des reliques en 1523. A partir du Moyen-Age, la chasse aux reliques s'accéléra et les inventions de reliques avec elles. On inventa carrément les saints eux-mêmes. Afin d'augmenter le nombre de reliques potentielles, on procéda aussi à la canonisation totalement abusive de certains personnages, afin que le marché continue à être alimenté en reliques de saints. Pour des raisons diplomatiques, liées à l'époque de la Réforme au XVIe siècle, la canonisation se fit aussi beaucoup sur des critères politiques plutôt que sur des critères religieux ou moraux. La plupart des souverains de l'époque furent ainsi sanctifiés afin de s'assurer de leur fidélité à l'Eglise catholique, qui subissait les assauts des protestants. Saint Stanislas de Pologne, saint Casimir de Lituanie, sainte Brigitte de Suède, saint Stéphane de Hongrie, sainte Marguerite d'Ecosse, sainte Elisabeth du Portugal, saint Venceslas de Bohême... la liste est longue. Ne renonçant à rien pour s'enrichir au détriment des croyants les plus naïfs, les marchands de reliques ont fait preuve d'une imagination sans faille lors de leur quête aux reliques et ont réussi à inventer quelques reliques tout simplement fascinantes comme les cornes de Moïse ou les plumes de l'Archange saint Michel, dont on a les traces de la vente au Mont-Saint-Michel en 1784. Les reliques les plus prisées étaient bien sûr celles du Christ. Malheureusement, pour les chasseurs de reliques, le Christ étant monté au Ciel lors de l'Ascension, son corps n'était plus par définition sur Terre. On fit alors preuve d'imagination en inventant la relique absolument extraordinaire, du souffle de Jésus (!) qui serait préservée dans la cathédrale de Wittemberg en Allemagne, dans une ampoule en verre. Celle du prépuce du Christ, récupéré après sa circoncision, sept jours après sa naissance, et celle de son ombilic (!) seraient conservées au palais du Latran, à Rome et le pain de la Cène, lui, serait préservé à Gaming en Autriche. Certains textes médiévaux, perdus de nos jours parlaient même de la relique des rayons de l'étoile qui guida les Rois mages, et qui aurait été conservée elle aussi au palais du Latran à Rome !
Source : Provence insolite et secrète - Jean-Pierre Cassely - Editions Point 2
Compléments de Nadine
A propos de Marie-Madeleine :
Si vous vous rendez à Sainte-Maximin-la Sainte-Baume vous pourrez voir dans la basilique la crypte dans laquelle sont conservées les reliques de Sainte-Marie-Madeleine. La basilique constitue le troisième tombeau de la chrétienté après le Saint Sépulcre à Jérusalem et la basilique Saint-Pierre-de-Rome. Je cite : "Au fond de la crypte, dans la paroi sud, est creusée une alvéole dans laquelle est placé le reliquaire de sainte Marie-Madeleine. Le reliquaire contient un crâne qui selon la tradition serait celui de Marie-Madeleine. Un tube de cristal scellé à ses deux extrémités est attaché au reliquaire ; il contient le "Noli me tangere" (Ne me touche pas) lambeau de chair ou de tissu osseux adhérant à l'os frontal de la sainte où Jésus aurait posé ses doigts le jour de la résurrection. Ces ossements font partie de ceux découverts au cours des fouilles réalisées par Charles II. Ils étaient contenus dans un reliquaire d'or et d'argent avec une couronne d'or et de pierreries. Ce reliquaire et tous les autres de la basilique ont disparu à la Révolution. Le reliquaire actuel a été sculpté en 1860 par Didron suivant un dessin de l'architecte Henri Révoil".
Source : Wikipédia, l'encyclopédie libre
A propos de San Biagio
Blaise de Sébaste, connu sous le nom de San Biagio (IIIe siècle - Sébaste 316), était un évêque catholique arménien. Il a vécu entre le IIIe et le IVe siècle à Sébaste en Arménie (Asie Mineure) il est vénéré comme un saint par l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe. Il était médecin et a été nommé évêque de sa ville. En raison de sa foi, il a été emprisonné par les Romains, pendant le procès a refusé de renoncer à la foi chrétienne ; en punition il a été mutilé avec des peignes de fer, qui sont utilisés pour carder la laine. Il est mort décapité. San Biagio martyr meurt trois ans après l'octroi de la liberté de culte dans l'Empire romain (313). Une raison à son martyre peut être trouvée dans le conflit qui a opposé deux empereurs : Constantin et Licinus (314), ce qui a conduit à des persécutions locales, avec la destruction des églises, des travaux forcés pour les chrétiens et des condamnations à mort pour les évêques. Le corps de Saint-Blaise a été enterré dans la cathédrale de Sébaste. En 732 certains de ses restes mortels, placés dans une urne de marbre, ont été pris pour être amenés à Rome. Une tempête a jeté le bateau sur la côte de Maratea, les fidèles ont amené l'urne contenant les reliques - la "poitrine sacrée" et d'autres parties du corps - dans la Basilique de Maratea, sur le mont San Biagio. La basilique a ensuite été placée sous la protection de la Curie Royale par le roi Philippe IV de Habsbourg, par une lettre datée du 23 Décembre 1629 et depuis lors, est populairement connue sous le nom de Chapelle Royale. Un grand nombre d'endroits se vantent de posséder un morceau du corps du saint. Cela est dû, en plus de l'ancienne coutume de disséquer les corps des saints et de distribuer les pièces pour répondre aux besoins des fidèles, à la pratique de la simonie, dont une forme consistait dans la vente de fausses reliques (reliques des saints ou des homonymes). Dans Casal di Principe (en Campanie), un sanctuaire qui lui est dédié. C'est là qu'est conservée la relique d'un os de la main du saint. Carosino, un petit village dans la province de Tarente, abrite une autre relique : un morceau de langue, conservé dans un flacon dans une croix en or massif. Dans la paroisse de San Biagio di Montefiore, dans la municipalité de Recanati, est conservé dans un reliquaire tout un os de l'avant-bras. Il y a ainsi beaucoup de lieux en Italie où se trouvent les reliques de San Biagio et la liste est longue.
Source : D'après Wikipédia, l'encyclopédie libre
A propos des reliques de Jésus :
Un certain nombre de reliques associées à Jésus ont fait l'objet de vénération tout au long de l'histoire du christianisme. Si certains croient en leur authenticité, d'autres en doutent profondément. Par exemple, au XVIe siècle, le théologien catholique Érasme écrit ironiquement à propos de la prolifération des reliques, notamment en évoquant le nombre de bâtiments qui auraient pu être construits à partir du bois de la croix utilisée dans la crucifixion du Christ. De même, alors que des experts argumentent pour savoir si le Christ a été crucifié avec trois ou quatre clous, plus de 30 "saints clous" continuent à être vénérés comme des reliques à travers l'Europe. Quelques reliques, comme les restes supposés de la Couronne d'épines, ne reçoivent qu'un faible nombre de pèlerins, tandis que d'autres, tels le Suaire de Turin (associé à une dévotion catholique approuvée à la Sainte Face de Jésus), reçoivent des millions de pèlerins, y compris les papes Jean-Paul II et Benoît XVI.
Source : D'après Wikipédia, l'encyclopédie libre