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Passion Provence
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5 octobre 2023

Le cloître de la cathédrale Saint-Léonce à Fréjus

 

 

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Maquette du groupe épiscopal (Photo Nadine)

Erigé en pierres taillées dans les grès polychromes de l'Estérel ou prélevées sur les monuments antiques de la cité, le cloître fait partie d'un groupe épiscopal construit à partir du Ve siècle. La cathédrale Saint-Léonce et l'église Saint-Etienne, le baptistère et le cloître forment un ensemble dont l'existence est liée à la présence à Fréjus, d'une importante communauté chrétienne. Dès le Xe siècle, une assemblée de chanoines entoure l'évêque de Fréjus. Ce sont des ecclésiastiques au service de la cathédrale et de l'évêché. Ils vivent en collège, comme des moines. Ils fréquentent quotidiennement la cathédrale Saint-Léonce qui, au Moyen-Âge, était beaucoup moins grande qu'aujourd'hui. L'étroitesse de ce lieu de culte, alors qu'il faut y accueillir de plus en plus de chrétiens, pousse le clergé à faire bâtir, accolée à la cathédrale, une seconde église. Baptisée Saint-Etienne, elle est construite au XIe siècle.

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Le cloître avec son jardin central et sa citerne (Photo Nadine)

Deux siècles plus tard, le cloître vient compléter l'ensemble des bâtiments canoniaux. Au coeur de la vie médiévale, il ne faut pas imaginer ce cloître comme un lieu clos, de retraite, où le silence est roi. Au contraire, c'est un espace de rencontres, de discussions, passage imposé à tous les fidèles qui souhaitent se rendre au culte. De la maison du prévôt, le plus âgé des chanoines, à l'église paroissiale, hommes, femmes et enfants traversent le cloître. Les chanoines le veulent majestueux, symbole de leur prestige et de leur richesse. Issus de familles nobles, ces religieux entrent dans la communauté avec une dot dont ils gardent l'usufruit. Cela participe à l'abondance du chapitre qui organise une fois par semaine des aumônes pour les nécessiteux. Remarquable dès l'origine, le cloître de la cathédrale Saint-Léonce de Fréjus se pare de nouveaux atours au fil des siècles : une galerie haute, puis un plafond en bois et enfin des peintures décoratives. En 1316, Jacques Duèse, ancien évêque de Fréjus, devient le deuxième pape d'Avignon sous le nom de Jean XXII. Les liens entre Avignon et Fréjus, sont alors privilégiés. De grands travaux sont lancés. Il s'agit, pour les chanoines, de montrer la richesse de leur chapitre à la papauté.

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Ces trois photos pour vous montrer les planchettes peintes du plafond de la galerie (Photos Nadine)

L'étage du cloître, déjà existant, est complété par de belles galeries d'apparats. Sa voûte en pierre est supprimée et remplacée par un plafond en bois de mélèze, choisi pour sa résistance. De chaque côté de la galerie, les boiseries sont placées en encorbellement sur trois rangées. Entre les solives de plancher, pièces de charpentes reposant sur les poutres, des rangées de planchettes sont disposées. Elles sont peintes avant d'être assemblées pour former un plafond unique. Préalablement à leur découpe, puis leur pose, les planches de bois sont recouvertes d'une couche de peinture bleue ou rouge. Sur ce fond uniforme, les peintres réalisent d'abord trois sortes d'encadrement : rectangulaire, rond ou en médaillon formé par un polygone étoilé. A l'intérieur de ces cadres, ces artistes laissent vagabonder leur imagination. On ne sait rien de ces anonymes qui peignirent ces plafonds. Seules les 300 oeuvres conservées aujourd'hui, sur le 1 200 à l'origine, témoignent de leur talent. Il s'exprime grâce à des couleurs vives, aux tons plutôt chauds. Obtenues à partir de pigment naturels mélangés à de l'eau et de l'oeuf, elles permettent la création de scénettes soignées qui vraisemblablement se répondaient, formant un ensemble cohérent. Certaines ayant été déplacées, d'autres effacées, il est inutile aujourd'hui de chercher un sens dans la succession des peintures. Par contre, les types de représentations sont encore bien identifiables, classés en trois catégories : scènes de vie quotidienne, monstres et sujets religieux. 

Pour les observer, il faut lever les yeux et s'attarder dans les galeries du cloître, notamment à l'est, là où les représentations ont bien été conservées. L'observation du plafond donne à voir le quotidien des femmes et des hommes du Moyen-Age. On aperçoit un homme à la pêche, une femme admirant sa chevelure ou encore des scènes de vie joyeuses, avec des personnages qui dansent et jouent de la musique. Les religieux sont représentés célébrant l'office, dans de beaux apparats, mais aussi de manière plus simple, se baladant dans le cloître. Beaucoup de portraits, et notamment de chanoines, ornent les allées. Des anges et des démons complètent les représentations à connotation religieuse. "On ne connaît pas le sens iconographique de ces peintures mais on sait qu'elles étaient destinées à faire peur", explique Margareth Pavoni, guide conférencière. "Le XIVe siècle est une époque encore sombre. Vices, passions et peurs sont concentrés ici". Parmi les représentations effrayantes, de nombreuses créatures interpellent. Il y a, par exemple, cette femme sortant du nez d'un poisson à l'arrière-train d'un lion. Animaux à tête humaine et inversement, monstres et hybrides habillent plus de la moitié des planchettes conservées. Ils côtoient aussi des représentations d'animaux domestiques ou sauvages. Entre réel et imaginaire, les plafonds peints du cloître de la cathédrale de Fréjus, plus de 600 ans après leur création, invitent toujours à la contemplation.

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Le clocher (Photo Nadine)

Nota : Après la Révolution, le cloître est vendu. Plusieurs particuliers se portent acquéreurs et construisent des maisons en lieu et place des galeries. Le rez-de-chaussée servait de poulailler et de remise agricole. En 1862, le groupe épiscopal dans son ensemble est classé à l'inventaire des Monuments historiques. Cela comprend le cloître malgré son état très dégradé à l'époque. Dès 1920, Jules Formigé, architecte des Monuments historiques, entreprend la restauration du cloître et de l'ensemble cathédral. Elle durera jusqu'en 1932.

Source : Magazine "Le Var" - édité par le Conseil départemental du Var - N°6 Hiver 2018-2019. 

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Plan de la cathédrale (Photo Nadine)

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Je vous signale que faisant suite à cet article, un autre paraîtra le 12/10/23, il concerne le baptistère de Fréjus.

 

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Commentaires
G
Merci Nadine pour ce bel article sur le cloître de St.Léonce à Fréjus.<br /> <br /> Un plaisir que de retrouver ce magnifique ensemble architectural avec des photos superbes.<br /> <br /> Bonne fin de semaine<br /> <br /> Giselle
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