Le poids public, l'octroi
Le poids public a été construit dans quasiment chaque ville et village de France. Son histoire est liée à un impôt de notre pays : l'octroi. Il consistait à taxer divers produits qui entraient dans les bourgs ou les agglomérations, en fonction de leurs poids. Il fallait donc peser, vin, bière, charbon, chaux, bestiaux de boucherie, poissons, minerais, huile, bois... A cet effet, durant le XIXème siècle, chaque municipalité fait bâtir à l'entrée de sa commune un petit édifice de plan carré ou hexagonal, en général en pierre de taille. Ce poids public, appelé aussi dans le jargon populaire, pont à bascule, dispose devant lui d'une plateforme de pesage. Ce tablier en fer accueille tous les véhicules à peser : charrettes, et plus tard, camions, voitures, wagonnets... Dessous, dans une fosse, un système complexe de leviers permet de perser le chargement. Le poids est directement affiché sur un cadran à l'intérieur de la construction. C'est un officier assermenté, le peseur, qui s'occupe de l'opération et délivre des bons de pesage. Il fait passer le véhicule en charge puis à vide, la différence donnant la quantité de marchandise livrée... Avec la suppression de l'octroi en 1943, les poids publics perdront petit à petit de leur importance. Ils seront cependant encore largement utilisés, en libre-service, par de nombreux corps de métiers : les vignerons pour peser leurs vendanges, les bûcherons, leurs stères de bois, les maçons, leur sable, etc... D'autres ponts à bascule seront même construits près des marchés ou des champs de foire pour estimer les animaux vendus, les cargaisons de fruits et de légumes... Toutes ces installations typiques deviendront obsolètes avec l'augmentation du tonnage transporté par les camions et l'installation de nouveaux engins de pesage dans les entreprises.
Source : Le petit bâti - Sud de la France - Hubert Delobette.
Les deux photos représentent le poids public à Aups dans le Haut-Var
A Trans-en-Provence, il y avait deux ponts à bascule : l'un à la coopérative vinicole et l'autre derrière l'église. Ils n'existent plus ni l'un ni l'autre. Je me souviens de celui qui était derrière l'église puisque je n'habite pas loin de l'endroit où il se trouvait. Lorsque celui-là a été démoli, je n'ai pas pris de photo. Il faut dire qu'à l'époque je ne faisait pas encore de blog et je ne pensais pas qu'un jour j'aurai pu vous montrer la bascule.
Je copie ici le commentaire de Giselle, une de mes lectrices qui nous dit : "Dernier vestige aussi devant notre coopérative vinicole, bientôt transformée en appartements... et le poids public a certainement déjà dû d'ailleurs disparaître... On est parfois tellement habitué à voir les choses qu'on ne les voit plus en fait... et on cherche en vain à retrouver ces "souvenirs", leur emplacement exact, etc... Merci Nadine pour ce billet fort intéressant.
Je copie également le commentaire d'Anne-Marie, qui nous parle de l'octroi de Draguignan : "Je me souviens à Draguignan, de celui qui se trouvait à l'emplacement de l'actuel Office du Tourisme, exactement la même construction que celle des photos de l'article. Il n'était plus en service depuis longtemps dans les années 60 mais je me rappelle que pour emprunter ce trottoir (pour aller retrouver notre bande de copains à La Civette qui était notre QG et y faire chauffer le juke-box), nous devions marcher sur les planches de la bascule.
J'ai vu sur des photos anciennes de Draguignan qu'il y en avait également un autre au carrefour de l'avenue du 4 Septembre qui marquait à l'époque le début de l'avenue que nous appelions la route de Lorgues, et que tous les dracénois véritables appellent toujours ainsi. Il a dû être démoli très tôt car même dans les années 50, je ne l'ai pas connu. En revanche je ne me souviens pas de celui qu'évoque Giselle, je n'allais pas beaucoup dans le quartier de la coopérative, si tant est qu'elle parle de celle de Draguignan. Edifice qui va bientôt disparaître et que je regretterai moi aussi. Merci Nadine de raviver des souvenirs d'enfance qui nous sont chers".
Une carte postale qui représente le Champs de Mars à Draguignan avec l'octroi à gauche. Ci-dessous, une autre carte du même endroit. Vous verrez que tout a bien changé de nos jours. Et une dernière qu'Anne-Marie vient de me transmettre qui montre l'octroi qui se trouvait tout en bas des allées d'Azémar, face à la route de Lorgues.
Source pour cette photo :
Livre "Mémoire en images" Draguignan - Charles Clairici et Louise Armero.