Mirabeau et la Provence
Gabriel-Honoré de Riquetti de Mirabeau, né en 1749 au château de Bignon en Gâtinais, appartenait à une riche famille installée à Marseille au XVIème siècle. Fils de famille, il est révolté contre son père, perclus de dettes et multiplie les extravagances et les aventures féminines scandaleuses, à commencer par son mariage avec Emilie Covet-Marignane, la plus riche héritière de Provence, qu'il compromet, pour obtenir le mariage, en se présentant au balcon de sa chambre après l'avoir séduite. Des aventures qui aboutissent à sa condamnation à mort par contumace par le parlement de Franche-Comté, et à divers emprisonnements à Joux, Pontarlier, Vincennes et au château d'If. Compensant sa laideur par l'agilité de l'esprit, la révolte politique et la licence morale, Mirabeau trouve, dans les moments qui précèdent et accompagnent les débuts de la Révolution, matières à faire triompher sa forte personnalité et à rompre ouvertement avec sa classe. La préparation des états généraux le conduit à se prononcer en faveur du dédoublement du Tiers état et du vote par tête. Exclu du corps des possédants-fiefs, il en appelle à la nation française et se taille une immense popularité à Aix comme à Marseille où, en mars 1789, précédé de 500 cavaliers et suivi de 300 carosses, 120 000 personnes l'acclament dans les rues, le couvrent de palmes et de lauriers. Elu représentant d'Aix, il se fait le champion de la cause du Tiers état, vise à l'instauration d'une monarchie parlementaire. A partir de 1790, il se rapproche secrètement de la cour, prêtant le flanc aux attaques les plus vives. Usé précocement par ses luttes comme par ses excès en tout genre, il meurt le 2 avril 1791 à Paris, tombé bien bas après être apparu si grand. "Mirabeau ne s'est pas vendu, dit Charles Augustin Sainte-Beuve, il s'est laissé acheter", subtile nuance.
Statue de Mirabeau - Palais de justice d'Aix-en-Provence
Source : L'almanach de la Provence - Pierre Echinard - Collection Jacques Marseille - 2003.