Les cinq voeux de la naissance
Autrefois, en Provence, comme dans les autres régions de France, les sages-femmes s'occupaient des naissances, ne faisant appel aux médecins que lorsqu'il y avait un problème. Une vieille coutume, permettait à celle qui coupait le filet de l'enfant, c'est-à-dire la petite membrane qui se situe sous la langue, de recevoir une pièce de 25 centimes percée en son centre.
Après la naissance du nouveau-né, la tradition voulait que les premières personnes qui venaient voir le bébé, en général des voisines de la maisonnée, lui présentent des cadeaux qui symbolisaient des voeux pour ce dernier. Ces cadeaux apportés à la mère étaient censés proféger l'enfant au cours de chaque étape de sa vie. C'est pourquoi cette tradition était fort importante et devait être respectée à la lettre si l'on voulait que l'enfant ait une vie sans embûche.
Les offrandes apportées avec cérémonie étaient au nombre de cinq : il y avait tout d'abord du pain, puis du sel, ensuite une allumette, et encore un oeuf ainsi qu'au final du miel. Ces voisines disaient alors à tour de rôle au-dessus du berceau (lou brès) où l'enfant était couché :
- Que siègue boun coume lou pan (qu'il soit bon comme le pain) ;
- Que siègue san coume la sau (qu'il soit sain comme le sel (symbole de bonne santé) ;
- Que siègue dre coume uno brouqueto (qu'il soit droit comme une allumette) ;
- Que siègue plèn coume un ioù (qu'il soit plein comme un oeuf (au sens de : qu'il soit comblé de biens matériels et spirituels) ;
- Que siègue dous coume lou mèu (qu'il soit doux comme le miel).
Avec ces voeux on pouvait dire que le bébé avait toutes les chances de son côté et qu'il était paré pour affronter la vie et ses vicissitudes. Cette tradition s'est hélas perdue de nos jours dans les familles provençales, à l'heure où les présents sont des jouets, des vêtements, etc...
Source : Almanach provençal
Scène de la visite des voisins à l'enfant reconstituée avec des santons