Le général François Mireur et la Marseillaise
Etienne François Mireur, est né à Escragnolles (Alpes-Maritimes) le 9 février 1770. Après une enfance sereine, il part à Montpellier pour y suivre des cours à la faculté de médecine. Il devient docteur en médecine en 1792 mais ses études ne lui serviront guère car la France est alors en pleine Révolution. Depuis la convocation des États généraux, la prise de la Bastille, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, le vote de la Constitution, une immense exaltation patriotique a émergé à Montpellier. En 1790, avec les montpelliérains Cambon, Cambaceres et le maire Durand, le jeune Mireur participe à l'action du club des amis de la Constitution et de l'égalité. "Mon zèle, ma philanthropie firent de moi le capitaine de la garde nationale de Montpellier, laquelle avec d'autres citoyens s'empara de la vieille citadelle royale dans la nuit du 1er au 2 mai. Ce fut notre Bastille !". Adepte des idées nouvelles du moment, Mireur fit de nombreuses propositions : rendre publiques les séances du Conseil Municipal de la Commune, supprimer les différences entre les riches et les pauvres lors des enterrements, dispenser gratuitement l'enseignement aux enfants, lutter contre la présence des chiens enragés dans la commune...
Le 21 juin 1792, il se rend à Marseille pour organiser le mouvement des volontaires du Sud vers Paris. Le 22 juin, au cours du repas donné en son honneur au lendemain d'un discours devant le club des Amis de la Constitution, il entonne pour la première fois le Chant de Guerre pour l'Armée du Rhin, composé par Claude Joseph Rouget dit Rouget de Lisle. Adopté par les volontaires marseillais qui le chanteront au cours de leur marche vers Paris en juillet, le chant deviendra ainsi la Marseillaise.
Arrivé à Paris pour rejoindre le bataillon de l'Hérault, il se rend sur le front, combat à Argonne, à Valmy, part avec l'armée de Dumouriez conquérir la Belgique et la Hollande. Officier à l'armée d'Allemagne, chef de l'état-major de Bernadotte, il conduit les renforts commandés par ce dernier en Italie et prend une part glorieuse au passage du Tagliamento, à la prise de Gradisca, Trieste, Laybach. Il se distingue par sa bravoure dans l'Armée d'Italie et est fait général. Bonaparte l'affecte à l'armée de Rome commandée par Berthier, puis au commandement de la cavalerie de l'avant-garde de l'armée d'Orient, sous Desaix. Il meurt à l'âge de 28 ans, pendant la campagne d'Égypte : "C'est pendant le séjour de l'Armée à Damanhour, le 21 messidor, que fut tué le général de brigade Mireur, officier distingué. Les Arabes n'avaient point cessé de harceler les Français dans leur marche, et ils rôdaient autour du campement des divisions. Le général venait d'acheter un cheval arabe, et voulut sortir du camp pour l'essayer. Les avant-postes lui firent de vaines représentations sur les dangers auxquels il s'exposait en s'éloignant ; poussé par la fatalité, Mireur ne tint pas compte de ces avis et se porta au galop sur un monticule à deux cents pas des postes. Trois Arabes embusqués dans cet endroit entourèrent le général, le tuèrent et le dépouillèrent avant que les soldats de garde ne pussent venir à son secours".
Les circonstances de sa mort ont fait l'objet de différents récits. Plus que ce qui précède, la version qui semble la plus proche de la réalité est qu'à la suite d'un conseil de guerre réuni à Damanhour en raison de la gravité de la situation des troupes, durement éprouvées par la traversée du désert depuis Alexandrie, Mireur aurait recommandé de rembarquer pour l'Europe. Il s'agissait de s'assurer de la paix continentale en priorité, avant de revenir en Égypte, avec une armée mieux préparée. Dans ses mémoires militaires, Desvernois aurait reconstitué l'intervention de Mireur au conseil de guerre en ces termes : "Le Directoire n’a eu qu’une pensée, éloigner d’Europe le héros qui portait ombrage à son insatiable ambition et son armée d’invincible. Au lieu de mettre le pied en Égypte, il était prudent, une fois Malte conquise, de revenir sur la Sicile et de s’en emparer, de concert avec l’armée de Rome et des États romains. Le Directoire exécutif devait à sa dignité d’agir de la sorte. Ne savait-il pas que le perfide gouvernement de Naples, cédant aux sollicitations de l’Angleterre, venait de rentrer dans une coalition contre la France ? Quant à la Sardaigne, elle accepterait facilement une garnison jusqu’à la paix générale. Maîtres de Turin, nous tenions son roi. Dès lors, toute la Méditerranée nous appartenait, puisque Corfou, les îles ioniennes, Ancône et tout le littoral de la mer Adriatique étaient gardés par nos troupes ; les Anglais n’oseraient plus s’y montrer et l’on pourrait à loisir, par l’Égypte et la Syrie, marcher sur les Indes. Toutes ces grandes choses sont encore faciles à exécuter si l’armée regagne au plus vite ses vaisseaux et ses transports. On reviendra en Égypte plus tard, sans crainte de la marine anglaise ; on aura le temps de s’entendre avec la Sublime Porte pour chasser les Mamelouks et lui payer plus fidèlement que ces usurpateurs le tribut qu’elle exige. La France n’a-t-elle pas la pensée de faire de l’Égypte et de la Syrie des comptoirs qui jalonneront la route vers les colonies qu’elle établira dans l’Hindoustan, après qu’elle en aura chassé les Anglais ?" Cet affront aurait valu à Mireur d'être suspendu de son commandement par Bonaparte qui aurait désigné le général Leclerc, son beau-frère, pour prendre la tête de la cavalerie d'avant-garde. Blessé, Mireur aurait, à la suite du conseil, cherché à s'isoler en dépassant les avant-postes, malgré les avis des officiers et généraux présents, dans un emportement qui lui coûtera la vie. La version de Bonaparte, quant à elle, dans ses récits de la Campagne d'Egypte est plus succincte : "Le général de brigade Mireur, se rendant d'un bivouac à un autre malgré les observations qui lui firent les grand'gardes, fut surpris dans une petite vallée à cent pas d'elles par quatre Arabes et percé de coups de lance. C'était un officier distingué. L'armée le regretta." Napoléon fit une halte à Escragnolles à son retour de l'île d'Elbe et demanda à rencontrer la mère du général Mireur.
Une grande plaque en faïence colorée en l'honneur de "François Mireur Héros de la Marseillaise" est apposée à l'entrée d'Escragnolles.
Son nom est inscrit sur la 28ème colonne de l'arc de Triomphe, au sommet du pilier sud, face à l'avenue Kleber avec celui des capitaines de la Révolution et du Premier Empire. Il est également visible sur les tables de bronze des galeries de Versailles où sont inscrits les guerriers et les généraux tués devant l'ennemi depuis la fondation de la Monarchie Française, parmi les Princes, les Ducs, les Généralissimes, les Amiraux et les Maréchaux tombés sur les nombreux champs de batailles. On peut lire ces lignes consacrant définitivement la gloire modeste de celui qui apporta la Marseillaise à Marseille et fut l'ami de Bernadotte :
FRANÇOIS MIREUR
GENERAL DE BRIGADE
TUE AU COMBAT DE DAMANHOUR
LE 9 JUILLET 1798 A L'AGE
DE 28 ANS
Buste de François Mireur, réalisé entre 1792, date de son engagement militaire, et 1798, date de son décès. Il a été donné par les descendants marseillais de sa famille, en souvenir de ses études de médecine à Montpellier avant son entrée dans l'armée (http://www.culture.gouv.fr)
Sources : Wikipédia et le site du Musée d'Histoire du Pays de Fayence.