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Passion Provence
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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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10 mars 2014

L'estamaire ou le rétameur

Rétameur1

Rétameur3 Rétameur2

Huile sur toile d'Alphonse Legros (1837-1911). Né à Dijon, il entre à l'Ecole des Beaux-Arts avant d'assister à la "Petite Ecole" de Horace Lecoq de Boisbaudran (1802-1897) à Paris. Il commence à exposer en 1857. En 1863, il se rend à Londres où il trouve des admirateurs et des clients, notamment la famille Ionides, et a été ardemment promu par les frères Dante Gabriel Rossetti et William Michael Rossetti. Graveur, peintre et sculpteur, il entre à la Slade School en 1876 et est naturalisé citoyen britannique en 1880.

************************************

Autrefois, les gens possédaient infiniment moins qu'aujourd"hui. Ce n'était pas la société de consommation que nous connaissons de nos jours. Aussi les ménagères attachaient-elles beaucoup d'importance aux objets usuels qu'il fallait faire durer le plus longtemps possible. Si elles ravaudaient elles-mêmes le linge, elles ne pouvaient cependant pas réparer ce qui était métallique : couverts, casseroles, cafetières, bassines, moules, etc... Quand par-ci, par-là, des trous ou des taches de rouille apparaissaient, seul l'estamaire (le rétameur) pouvait y remédier. C'est pourquoi, dans chaque village et dans les grandes villes, il était attendu avec impatience. Celui-ci passait deux fois par an. Il finissait par avoir ses habitudes dans les villages et cela rassurait les habitants. Il faisait partie de ces gens, qui par leur passage rompent l'isolement des villages reculés. A peine était-il installé que les enfants accouraient pour regarder, bouche bée, travailler ce virtuose du fer. Avec patience il attisait son feu avec un soufflet de cuir, puis pendant qu'il faisait fondre l'étain (du provençal : estama) dans un grand chaudron en fonte, il guettait les ménagères. Il n'attendait pas longtemps. Elles arrivaient avec des faitouts, des bassines, des brocs, des poêles, des casseroles, des chaudrons de cuivre pour les confitures, ainsi que des cuillères et fourchettes dont elles attendaient qu'il leur donne une seconde jeunesse. Il déposait toute cette ferblanterie devant lui et ensuite se mettait au travail. Il commençait par décaper les ustensiles dans un bain d'esprit de sel dilué dans de l'eau. Puis, à l'aide d'une longue pince, il les plongeait dans un bain de métal en fusion, les laissant s'enrober d'une couche brillante d'étain. Une fois refroidis, il suffisait d'un peu de talc, puis d'un frottage énergique pour que les couverts retrouvent leur éclat d'origine et que les casseroles redeviennent étanches. Le soir, les ménagères récupéraient leurs objets remis à neuf contre une somme modique. Tout en travaillant, l'étameur chantait une chanson de son pays et son doute se plaisait-il à penser qu'un jour il pourrait y retourner pour s'y installer de façon définitive grâce à l'argent qu'il avait gagné.

"Lou paure mestié d'estamaire

Noun vaù aqueu di deputa

Mai fa plus per la soucièta

Que li grand discours di bramaire"

Elzéard Rougier

Source : D'après un article paru dans le supplément Var-matin du 6 octobre 2013 et arrangé par moi-même.

Estamaire

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Commentaires
C
je suis collectionneur de santons et expose ma crèche qui est visitée chaque année par des centaines de visiteurs. Je voudrais savoir ou me procurer le rétameur en santon habillé de 25 à 30cm et chez quel fabriquant. merci
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A
Nous en avions un au Suquet à Cannes et les enfants aimaient bien aller le voir travailler !!!! Ton article est intéressant.
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L
Merci pour ce bel article...... j'en apprend tous les jours ou presque avec votre blog... Bonne fin de semaine.... Bien amicalement...
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A
L'article, les photos et le tableau sont remarquables.<br /> <br /> Je me souviens avoir vu des ustensiles de cuisine et autres bassines en fer blanc, réparés non par le rétameur mais par l'usager lui-même, astucieux et économe : s'il ne s'agissait que d'un trou, il le comblait avec un rivet d'aluminium ou d'étain qu'il martelait jusqu'à ce qu'il se soude de lui même au corps de l'ustensile du fait de l'écrasement, et c'était étanche ! La débrouillardise palliait au manque de moyens.
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G
Merci Nadine pour cet article fort intéressant et si bien illustré. Lointains souvenirs de mon enfance de par les histoires du bon vieux temps, racontées par les grands-parents, lors de la construction de la crèche, car il y avait toujours le santon de "l’estamaire"/le rétameur, et de "l’amoulaire"/le rémouleur. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce métier ambulant aujourd'hui disparu, comme tant d'autres, souligne la nécessité de recyclage et de réutilisation des objets jusqu'à leur usure complète autrefois. On ne jetait rien ... Nos poubelles débordent aujourd'hui d'objets que l'on pourrait encore réparer - autre mode de consommation et non-sens écologique quelque part ..<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a un tableau de Courbet représentant aussi un rétameur à l'ouvrage, différent de celui ci dont je ne connais pas l'auteur non plus. Merci Nadine si tu peux nous en dire un peu plus sur l'artiste qui a peint ce tableau.<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne fin de journée<br /> <br /> Giselle
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M
Un article passionnant à lire ...et de belles photos !<br /> <br /> Connais-tu le nom de l'artiste qui a peint ce tableau magnifique ?<br /> <br /> Bon mardi à toi
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J
Je ne sais pas pourquoi, mais dans ma famille (Fayence) on n'étamait pas le chaudron à confitures
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