La fameuse Route bleue : la Nationale 7
La Nationale 7 c'est avant tout la route des vacances : d'abord route impériale, puis royale et enfin nationale, appelée "la Route bleue", elle est un grand témoin de l'Histoire de la France. Depuis la Porte d'Italie à Paris jusqu'à Menton dans les Alpes-Maritimes, elle s'étend sur 1000 km. A elle seule, elle raconte 2000 ans d'Histoire de la capitale jusqu'au Sud.
Vestige de la voie aurélienne à Saint-Maximin (Var)
Les premiers fondements de cette route mythique datent de l'époque romaine. Bien que la Gaule dispose déjà d'un réseau de chemins primitifs, celui-ci ne répond qu'à un usage local. Rome contribue à le régionaliser et, surtout, à le modifier en fonction de ses priorités militaires de ravitaillement. Le sentier gaulois retranché se transforme alors en un axe majeur. C'est depuis Lyon (Lugdunum en latin), cité fondée en 43 av. J.-C. par Lucius Munatius Plancus, alors gouverneur de la Gaule que partent les voies romaines pour se disséminer dans tout le pays. La voie de la rive gauche du Rhône (qui relie Orange à Valence, et Vienne à Lyon) est l'une des premières voies romaines et l'ancêtre de la Nationale 7 ! En effet, le tracé des premières routes romaines ne se limite, au départ, qu'au sud-est de la Gaule, ce qui comprend aujourd'hui l'axe Nice (Nicaea), Antibes (Antipolis), Fréjus (Forum Julii) ou encore Aix (Aquae Sextiae) par ce qu'on appelait à l'époque la Via Aurélia ou voie Aurélienne. La Via Aurelia a été mise oeuvre à partir de 241 av. J.-C. par le consul Caïus Aurelius Cotta. Elle partait de Rome, longeait la côte occidentale de la péninsule italienne et passait par Pisae (Pise) pour arriver à Luna (Luni).
Il faut ensuite attendre le XVIe siècle et l'affirmation de l'État moderne pour que le développement des routes connaisse un regain d'intérêt et, avec elle, la RN7. C'est d'ailleurs un ouvrage : "Le Guide des Chemins de France" publié par Charles Estienne, imprimeur royal, en 1552 qui l'illustre bien. Dans son ouvrage, voici comment il qualifie ce qui est pour nous aujourd'hui la Nationale 7, indémodable route bleue des vacances : "A Lyon, le Grand chemin".
Du XVIIe au XIXe siècle, l'ancêtre de la Nationale 7 ne cessera de se rapprocher de son schéma actuel, via les différents projets d'états de la grande voirie de Sully, de Jean-Baptiste Colbert et la formation d'un corps d'ingénieurs des Ponts et Chaussées. A ce propos, l'Ecole des ponts et chaussées a été créée en 1747 par Daniel-Charles Trudaine sous le nom d'"École royale des ponts et chaussées" afin de former les ingénieurs du corps des ponts et chaussées. Elle est l'une des plus anciennes et des plus prestigieuses grandes écoles de France.
Panneau route nationale n°8 à Cuges (Photo internet)
C'est en 1824 que la Route impériale n°8 (1456 km), appellation donnée depuis Napoléon, devient la Route royale 7, désignant l'itinéraire allant de Paris à la ville d'Antibes et jusqu'en Italie. Puis, c'est sous la IIIe République, en pleine révolution industrielle, qu'elle devient "route nationale 7".
Entre les années 1940 et 1960 le pays est en pleine croissance. Bien que les congés payés soient nés en 1936, on voyageait essentiellement en train jusqu'aux années 1950-1960. Les deux voitures qui contribuent à motoriser véritablement la France, ce sont la petite Renault 4CV (qui date de 1946) et la Citroën 2CV (1948), qui permettent progressivement à tout le monde de partir en vacances. Car c'est aussi cela que symbolise la Nationale 7 : le départ pour les vacances et par là même le défilé des automobiles. On peut dire qu'elle est un témoin symbolique de l'histoire de l'automobile tant elle fut traversée par tous les modèles, devenus aujourd'hui de véritables objets de collection. Dans cette période de séduction entre le pilote et son engin, pensons à la "reine de la route" incarnée par la Citroën Traction DS, mais aussi la fameuse 2CV. Pensons aussi à la Renault 4CV, aux grosses frégates, à la Dauphine, à la Simca 5, à la Vedette, à l'Aronde, à la Juvaquatre ; à la P60, aux Panhard, aux Peugeot dont l'inoubliable 204 et combien d'autres…
De nos jours, elle est débaptisée sur bons nombres de ses tronçons, déclassée en départementale depuis 2006. En effet, dès que l'autoroute a été mise en service dans les années 1960-1970 (notamment l'A6 et l'A7), la Nationale 7 est entrée dans une espèce de léthargie, ne se cantonnant plus qu'au trafic local. De nombreux départements ont débaptisé leur tronçon de RN7, la reléguant à une départementale comme une autre. En tout, ce sont les 2/3 de la Nationale 7 qui ont été transformés en routes départementales.
Des souvenirs mémorables
Cette RN7 a laissé dans les mémoires des souvenirs inoubliables comme celui de la traversée du village de Tourves dans notre département On parlait du fameux "bouchon de Tourves" car le long de la 7 se formaient des files interminables de voitures.
Il faut dire que dans la traversée du village, la Nationale 7 se réduit à moins de quatre mètres de large entre les maisons. En plus d’être étroite, la rue est en courbe. Les camions ne se voient pas arriver. Comme le raconte Thierry Dubois dans son livre, "C’était la Nationale 7" : "Marcel, le garde champêtre, passait une grande partie de l’été sur la place, faisant de grands signes dès qu’il apercevait des camions de chaque côté pour essayer d’en arrêter un". L’ancien maire de Tourves, Paul Castellan, se souvient : " Les habitants qui devaient se rendre au travail prenaient des dispositions. Certains avaient acheté des vélomoteurs rien que pour l’été, afin de se faufiler entre les voitures…"
Reconstitution du fameux Bouchon de la RN7 qui se produisait dans la traversée du village de TOURVES. Cette manifestation a lieu tous les 15 Août les années impaires. Les nostalgiques peuvent admirer plus de 180 véhicules anciens qui se croissent avec grandes difficultés dans les rues étroites du village dans une ambiance festive devant plus de 3000 spectateurs.
https://bouchondetourves.fr
Reconstitution du bouchon de Tourves en 2019