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Passion Provence
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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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5 novembre 2012

Les échanges entre les gens de la montagne et ceux de la plaine

 Transhumance

 Très tôt, les échanges entre la montagne et la bas pays ont été favorisés par la transhumance des troupeaux. Le long des chemins (draio en provençal), des rencontres ont eu lieu, des contacts se sont établis, des amitiés se sont nouées entre les habitants de la montagne et ceux de la plaine. Chaque famille du haut pays a des connaissances, des relations dans la plaine, parfois même des membres de sa propre famille s'y sont déjà fixés. Ces relations facilitent l'émigration temporaire à la belle saison et en hiver. A certaines époques de l'année, la plaine a besoin de main d'oeuvre nombreuse pour divers travaux. Le décalage climatique permet ainsi au paysan de la montagne d'aller faire les moissons dans la plaine, d'aider aux différentes récoltes, puis de remonter dans son village pour accomplir son propre travail et une fois terminé, de descendre à nouveau dans la plaine pour les vendanges, la cueillette des châtaignes ou des olives. Cette main d'oeuvre ne part pas toute en même temps. Certains villages n'enverront des hommes que pour la moisson. Dans d'autres villages, on partira pour faire les vendange, etc... Beaucoup partiront en hiver qui est la période de morte saison à la montagne et parfois, c'est toute la famille qu'on verra s'expatrier dans la plaine pendant la mauvaise saison.

Moissonneurs

 En été, le grand départ pour la moisson est la règle dans la plupart des localités. Les hommes se rassemblent, forment des équipes de moissonneurs, parfois par affinités, et s'en vont louer leurs bras et leurs services dans les fermes du bas pays. Les villages qu'ils ont quittés, restent alors habités par les femmes, les enfants et les vieillards. Dans ces villages eux-mêmes producteurs de blé, la moisson est faite par des équipes qui viennent d'une autre vallée voisine. Ce système devait être rentable car les villages de la plaine offraient sans doute plus d'argent et aussi pendant une plus longue durée, à ces travailleurs saisonniers. L'importante de ces déplacements est dûe au fait qu'il faut une main d'oeuvre abondante pour la moisson qui se pratique avec la faucille (voulame en provençal). La généralisation des moissonneuses lieuses met un terme à cette émigration qui disparaît au début du XXe siècle. En hiver, beaucoup de villages sont pratiquement désertés. Prenons par exemple quelques localités au haut pays de Grasse. Les hommes de Saint-Auban et de Briançonnet vont jusqu'à Vidauban (Var), ceux de Gars s'arrêtent à Grasse. Ceux de Collongues, Cipières, et des Mujouls vont à Antibes, quelques famille de Cipières vont à Cannes. (Note de Nadine : un de mes ancêtres de Cipières est allé faire souche à Figanières (Var)). De Toudon, on va à Saint-Laurent (du Var), mais de Pierrefeu on va jusqu'à Draguignan (Var). De partout, on emploie les montagnards pour effectuer les travaux difficiles, à l'entretien des vignes ou à la coupe du bois. Certains vont jusqu'à Toulon pour s'employer comme dockers. D'autres sont charretiers, portefaix. On voit aussi des colporteurs faire de très longs trajets, parfois jusqu'en Suisse ou en Hollande. Tous sont peu payés, mais ce modeste apport d'argent suffit à ces hommes rudes et besogneux. Au printemps et à l'automnes, les déplacements sont moins nombreux. En septembre, c'est le départ pour les vendanges. En décembre, c'est pour les olives. Au printemps, la cueillette de la fleur d'oranger, de la rose, de la violette et en été celle du jasmin est à l'origine de gros déplacements de la main d'oeuvre féminine vers Valauris, Vence et Grasse, mais aussi vers Montauroux, Fayence ou encore Tourretes dans le Var. Cette séduction de la plaine on tout paraît plus facile a surtout joué sur l'élément féminin. Les femmes plus sensibles au confort et à la facilité de la vie quotidienne, rêvent de vivre dans le bas pays et encouragent leurs filles à y rechercher un fiancé, un tel mariage étant un symbole de réussite sociale. Les garçons, particulièrement les cadets, la tradition voulant que l'exploitation agricole revienne au frère aîné, rêvent eux aussi d'un départ définitif de leur village. Les petits emplois dans l'administrations sont très recherchés : facteur, agent de police, employé d'octroi, cantonnier, garde-champêtre. Ceux qui dépassent le niveau du certificat d'études (à 14 ans) ont d'autres ambitions, comme instituteur par exemple. /.../ La conséquence de ces départs est la baisse globale de la population. Cette diminition concerne la population jeune : hommes et femmes de 20 à 30 ans. D'où une baisse des mariages entraînant une chute du taux de fécondité et par là même une chute du taux des naissances. Ce sont les décès qui l'emportent alors sur les naissances. C'est ainsi que des villages entiers ont été dépeuplés ou presque... Quand on fait comme moi, de la généalogie et qu'on cherche dans les registres paroissiaux ou dans les registres d'état-civil d'un village en particulier, on s'en rend bien compte. Par rapport au nombre des actes enregistrés à certaines époques, des villages qui comptaient une grosse population n'ont plus que très peu de familles souches de nos jours.

Source : Extrait du livre "Le haut-pays de Grasse" - Lucien Aune - Editions Serre. Texte agrémenté de mes propres connaissances.

 

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Commentaires
O
Je viens par le biais de Michèle et vous voici dans Scoop.it = http://www.scoop.it/t/blog4burma/p/3228133100/les-echanges-entre-les-gens-de-la-montagne-et-ceux-de-la-plaine-passion-provence Bonne soirée !
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M
Je dépose le lien de la revue :<br /> <br /> http://blogoliviersc.org/?p=5948
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M
Cette note est absolument magnifique et nous emmène sur des sentiers chargés de souvenirs, d'histoire !<br /> <br /> Merci beaucoup , j'avais aperçu cette nuit et d'ailleurs partagé ;) mon ami Olivier a retenu mon g+1 ..pour sa prochaine revue de blog, un peu son pays !<br /> <br /> Bon mardi et bises en échange :)
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G
Ce fut aussi la vie de mes arrière-grands parents et grands parents encore.<br /> <br /> Une bien belle "madeleine de Proust" avec ce très beau texte qui fait chaud au coeur.<br /> <br /> Merci pour ce partage.<br /> <br /> Avons la chance aussi chez nous de bénéficier de cette vente directe du producteur au consommateur, que pratiquaient d'ailleurs à petite échelle mes parents, agriculteurs - ils limitaient ainsi au maximum les intermédiaires et évitaient les prix "cassés" des coopératives qui ne couvraient pas les frais de l'exploitation. Ce à l'époque où les super-marchés faisaient leur entrée fracassante avec leurs poulets aux hormones ..<br /> <br /> Bonne semaine<br /> <br /> Très sincèrement<br /> <br /> Giselle
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A
Mon arrière-arrière- grand-père est sûrement ainsi descendu des Alpes de Haute Provence jusqu'à Marseille où il a fait souche! Un article très intéressant!<br /> <br /> Gros bisous Nadine!
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C
Quelle dépaysement que cette vie en montagne , pas si différente en fait que la vie nos pêcheurs à l’époque !!!<br /> <br /> Beaucoup de changement actuellement !<br /> <br /> Bises à toi
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L
Belle rédaction sur l'ambiance qui régnait à l'époque. Le travail était peut-être plus pénible, mais ne manquait pas. Les gens vivaient simplement, mais certainement mieux que maintenant. Ils avaient toujours à manger et se contentaient de ce qu'ils avaient, Mais cette exode vers la plaine a été la cause de la desertification de nos campagnes qui aujourd'hui nous font défaut. Où sont passés nos agriculteurs ?? Nos enfants des villes ne connaissent plus la saveur d'un fruit cueuilli à maturité sur un arbre. Tous les fruits dans nos supermarchés viennent de l'étranger,ramassés verts et stockés dans des frigos. C'est un scandale.Je suis pour la vente directe du producteur au consommateur. En parlant de fruits mes vignes ont bien donné cette année, un régal depuis début septembre nous mangeons du raisin ceuilli chaque jour sur notre vigne, mais ce sont les derniers grains. Merci Nadine pour tous tes messages. Joëlle de la MALLE AUX TRESORS
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