L'alimentation en milieu rural du XVIème au XVIIIème siècle
Gravure : Le fardeau des privilèges
Dans les villages et les hameaux il y avait beaucoup de misère. Les impôts, nombreux, y étaient plus lourds à supporter. Le Seigneur et le clergé pratiquaient des ponctions sur le nécessaire. Les disettes étaient nombreuses dues à plusieurs facteurs : intempéries, sécheresses ou grands froids, entraînant des famines. Les guerres, nombreuses au cours de cette période, engendraient pillages, destructions, et contributions agricoles pour les troupes et les chevaux. La nourriture n'était pas très variée ni raffinée, comme dans les villes, où les bourgeois aisés étaient nombreux, ainsi que les marchands, les fonctionnaires et les professions libérales. Le paysan se nourrissait mal au cours du XVIème siècle et bien souvent, la nourriture était avariée, le pain rassit ou moisi, le repas était frugal, bien souvent constitué d'une grosse soupe avec du pain trempé avec de l'huile d'olive et du sel, accompagnée de plantes pour lui donner du goût, et rarement du lard. Il ne mangeait pas à sa faim et n'avait pas les calories nécessaires pour compenser les travaux pénibles qu'il accomplissait dans les champs. L'ouvrier agricole avait un petit jardin où il faisait pousser quelques légumes et quelques fruits. La famille élevait un cochon lorsque les récoltes étaient plus abondantes, c'est l'animal le plus facile à élever où tout est comestible... Les petits propriétaires (ménagers) avaient quelques vignes dont il tiraient un vin, plutôt une piquette aigre, car il faisait peu de degrés (7 à 8).
Le jardin potager surtout à partir du XVIIème siècle, apporte davantage de variétés de légumes : choux, fèves, lentilles, pois, raves ; plantes aromatiques du terroir : thym (farigoulette), persil, ciboulette, laurier. Le paysan boit surtout de l'eau, pas toujours potable d'ailleurs. Prise à la source, au puits ou à la fontaine publique, mais aussi dans la campagne, à la mare, avec toutes les maladies que cela pouvait entraîner. Dans les bastides, l'eau de pluie est recuellie dans des citernes. Le ménager, propriétaire de ses terres pratique la culture pour lui et pour la vente. Il cultive le blé, le seigle, l'avoine, il a des oliviers, des arbres fruitiers, de la vigne, des moutons, quelques ruches, mais il est tributaire des conditions climatiques. Le pain pour les pauvres était la base de l'alimentation, la moins chère, consommé en grandes quantités, près d'un kilo par personne adulte par jour. Le pauvre avait du pain de seigle ou de blé avec du son, qui lui donnait une couleur sombre. Au XVIIIème siècle, l'alimentation s'améliore sensiblement. Au jardin, il y a des carottes, pommes de terre, poireaux, tomates, aubergines, navets. Le porc est la viande la plus consommée avec le mouton, la volaille, les oeufs. En campagne, il y a le traditionnel braconnage qui a toujours existé, c'est un apport conséquent. En ville, le beurre fait son apparition, à la campagne, la graisse de porc : le saindoux le remplace, il apporte le goût et les calories. Le vin est de meilleure qualité, recommandé pour redonner des forces aux malades. Il est plus consommé en ville et aux fêtes diverses à la campagne. La nourriture est aussi conditionnée par les contraintes imposées par l'Eglise : 90 jours par an, cela représente tout de même un quart de l'année à cause des nombreuses fêtes religieuses et surtout le carême, où la viande et les oeufs sont interdits. Si le paysan est habitué à se serrer la ceinture, le villageois n'y souscrit pas toujours avec assiduité ! Les riches sont plutôt gourmands que gourmets et le clergé aussi aime bien faire bonne chère. Le poisson remplace la viande : carpes, anguilles, perches, truites et crustacés mais seulement pour les riches. Le pauvre rural mange du hareng fumé, de la morue séchée ou salée. Nos ancêtres paysans étaient tout de même bien robustes pour travailler si durement avec un important déficit de protéines animales, avec un excès de protéines végétales, une importante carence en lipides et en protides, ayant pour conséquence, l'asthénie, le manque de vitamines B, C et D, zinc et calcium. Tout cela entraînait fatigue, dénutrition, nausées, déshydratation et troubles du comportement. Mais les paysans savaient aussi faire la fête en communauté à la moindre occasion. Le dimanche, le clergé imposait la fermeture des cabarets... dans le Midi.
Source : D'après un texte paru dans le livre de Guy Desirat "Flayosc son histoire et vie quotidienne" et arrangé par moi-même.
Gravure : Né pour la peine. L'homme de village