L'école d'antan
Ecole de garçons de Trans vers 1910 (Collection Nadine)
Ecole de fille de Trans vers 1915 (Collection Nadine)
L'école joue un rôle fondamental dans la société provençale. Elle représente pour les enfants d'ouvriers et d'agriculteurs, nombreux dans les villages de Provence un moyen d'accéder à un niveau supérieur de l'échelle sociale. Leur présence dans les villages se multiplie considérablement au cours du XIXè siècle. L'origine des écoles au tout début du IVè siècle est traditionnellement attribuée en France à Charlemagne. L'époque moderne voit se développer de petites écoles destinées à donner une instruction de base aux enfants : lecture, écriture, apprentissage des chiffres. Ces petites écoles sont présentes surtout dans les villes et dans certaines régions et sont généralement réservées aux garçons. Sous Napoléon Ier, par décret du 17 mars 1808, le monopole de l'enseignement d'Etat est institué. Au cours du XIXè siècle, les gouvernements successifs s'efforcent d'améliorer l'enseignement primaire. Avec la loi Guizot de 1833, les communes de plus de 500 habitants sont tenues d'avoir une école de garçons. Guizot encourage aussi la fondation d'écoles primaires supérieures destinées à améliorer la formation générale et professionnelle des élèves issus de familles modestes et qui ne pourraient accéder aux collèges et lycées. En 1850, la loi Faloux, cherche à développe l'enseignement primaire en fixant le principe d'une école de garçons dans toutes les communes et d'une école de filles pour les villes qui en ont les moyens. Les années 1880 sont marquées par des changements fondamentaux dans le système éducatif français, mouvement essentiellement porté par Jules Ferry et son principal conseiller Ferdinand Buisson. Ces lois Ferry de la fin du XIXè siècle qui rendent l'école laïque, gratuite et obligatoire, sont l'aboutissement d'un mouvement de démocratisation de celle-ci.
La loi instaure un enseignement obligatoire de 6 ans à 13 ans, les enfants pouvant toutefois quitter l'école avant cet âge s'ils ont obtenu le certificat d'études primaires. La laïcité, proclamée dès 1881 avec la suppression de l'éducation religieuse dans l'enseignement public, est renforcée par la loi Goblet de 1886, qui interdit aux religieux d'enseigner dans le public. Filles et garçons restent séparés. L'école devient alors un ascenseur social pour tous les enfants des villages de Provence qui accèdent à l'éducation. Au début du XXè siècle, les enfants vont à l'école de fin septembre jusqu'à mi-juillet et les jours de repos sont le jeudi et le dimanche. L'institution offerte par les écoles des villages est alors de moins bonne qualité qu'à la ville, d'où le désir de certaines familles aisées des campagnes de mettre leurs enfants en pensionnat dans de plus grandes communes. Dans les villages, l'enseignement est plus proche de la nature, on y étudie sur des bancs de bois et non des bureaux, on y joue à des jeux simples et il n'y a souvent pas de service de cantine pour le déjeuner. Il faut l'emporter avec soi pour les enfants qui habitent loin du village dans les fermes isolées ou dans les hameaux. Il faut aller à pied parfois sur plusieurs kilomètres pour aller à l'école. En hiver, l'instituteur ou l'institutrice fait partir les enfants éloignés plus tôt afin qu'ils soient rentrés avant la tombée de la nuit. Quand les travaux des champs l'exigent, les enfants délaissent l'école pendant quelques jours pour aider leur famille.
Source : D'après le livre "La Provence d'antan" Editions HC.