L'histoire de Trigance
Jusqu'à l'âge du fer, les premiers habitants de la région de Trigance s'étaient établis sur les montagnes environnantes. Les populations qui ont suivi, tels les peuples celto-ligures, se sont regroupées sur les collines et les crêtes en habitat regroupé. Certains alignements et bases de murs permettent de reconstituer les habitats celto-ligures : cabanes, villages, enceintes, cheminement sont répartis sur cinq lieux : Rigaux, Les Auies, Chastillon, les granges de Breil et la Serrière du Peil.
La période romaine
La Paix romaine (Pax romana), en sécurisant les voies de communication, a favorisé le développement des cultures et a permis aux populations de s'installer dans les plaines. Le Cartulaire de Wismes fait état de huit villages autour de Trigance. A l'époque gallo-romaine, Trigance fait partie des territoires romains ayant pour capitale Arles. Après la chute de Rome, en 476 après Jésus-Christ, les provinces sont divisées en diocèses et Trigance dépendra du diocèse de Riez. Lieu de passage, la Basse-Provence est aussi un lieu de brassage. De 1000/1500 avant Jésus-Christ jusqu'à la présence romaine, ou l'ancien Empire a laissé sur place esclaves et serfs ainsi que des membres de la caste guerrière. La Pax romana n'a pas empêché la coexistence avec les anciennes tribus.
La période moderne
Au IXe siècle, le nom de "Trigance" est cité pour la première fois dans le polyptyque (un polyptyque est un ensemble de panneaux peints (voir sculptés), articulé ou non). de l'Evêque Wadalde, rédigé en 813-814 qui énumère les biens de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille. Il est fait état de treize "Villae", dont celle de "Tregentia" et celle de "Rovaganis" (Rougon). La "Villae Tregentia" comptait huit exploitations agricoles dont quatre seulement étaient cultivées par des paysans, les terres incultes fournissant des pâturages pour les troupeaux. L'histoire de Trigance est le reflet de l'histoire de la Provence et suit ses soubresauts, de la succession des alliances et des guerres. La chute de l'empire romain favorise l'éclosion des barons de Castellane qui construisent des châteaux forts et progressivement tentent de constituer un gros territoire, jusqu'à ce qu'en 1262, le comte de Provence Charles 1er, y mette un terme en le fractionnant en trois. La Viguerie de Trigance est ainsi rattachée à Draguignan. Du début du XIVe siècle jusqu'au XVIIe siècle, Trigance est partagé entre co-seigneurs. Le village se verra alors placé sous l'autorité de diverses familles dont celle des de Raimondis jusqu'au milieu du XVe siècle, puis passera par mariage aux de Demandolx jusque vers 1704. Par un mariage encore, avec Anne-Marie de Demandolx, Cosme Maximilien de Valbelle deviendra seigneur de Trigance. La famille des de Valbelle conservera la seigneurie avec les autres fiefs jusqu'en 1789, à l'heure de la Révolution française. A la Révolution, c'est Joseph de Castellane- Majastre qui est en possession du fief par mariage avec Delphine de Valbelle. Les archives constituent la preuve de la propriété de la commune, des acquisitions de terres aux seigneurs, ainsi que les chartes passées témoignent des acquis sociaux et des liberté, il et donc primordial de les conserver et un grand soins leur est apporté.
Les invasions maures
Du VIIIe au Xe siècle, les invasions sarrasines ont bouleversé la vie des campagnes jusqu'à ce que le comte de Provence, Guillaume (dit le Libérateur) parvienne à les chasser de Provence. Victimes de pillage et de destruction, les populations sont déportées en esclavage ou enlevées. Du Xe au XIe siècle, les populations gagnées par l'insécurité se regroupent dans des lieux escarpés, construisent le château fort et abandonnent les plaines exposées aux attaques. Cette période a vu la pays être mis à feu et à sang. Un des effets secondaires de cette période fut la perte des archives anciennes laissant dans l'ombre la connaissance de cette période (VIIIe au XIe siècle).
Les épidémies de peste
La peste, alliée à la pauvreté, a fortement modelée l'identité du pays, la maladie ayant réduit la population et mis à mal la prospérité. Tout au long du Moyen-Âge et jusqu'aux périodes récentes, la Provence fut soumise aux ravages de la peste réduisant la population de façon drastique. En 1348, plus de la moitié de la population fut anéantie. La médecine se révélant impuissante, les villageois s'en remirent à des pratiques religieuses pour combatte la maladie, comme les processions dédiées à Saint Roch, patron des malades. Une chapelle fut érigée en 1640, la population de Trigance fut relativement épargnée.
Le blason
Depuis Louis XIV, les armoiries des de Demandolx (armoirie "parlantes" Manosque manus-Demandolx) sont celles aussi du village. "D'or à trois faces de sable au chef du gueule chargé d'une main dextre appaumée d'argent" main ouverte en signe de paix.
La misère endémique
Mais la vie à Trigance est difficile. Un état de pauvreté et de délabrement du terroir en est responsable. L'appauvrissement des sols, les déboisements excessifs ainsi que le surpâturage ont rendu la culture difficile et laborieuse. La détérioration et le mauvais entretien des biens communs et des infrastructures tels que ponts et chemins, fours et moulins, renforcent la pauvreté. La misère pousse les habitants à s'expatrier et la pauvreté a pour effet le vol et le brigandage, fléaux qui provoquent l'insécurité des biens et des personnes.
Source : D'après une plaquette sur Trigance éditée par le Musée des ATP.