Le sauvetage des villages du Haut Var
Bargème
Trigance
Montmeyan
Aujourd'hui destinations privilégiées des touristes, les villages du Haut-Var étaient, au lendemain de la seconde guerre mondiale, des lieux désertés, rendus exsangues par l'exode rural. Mais comment redonner vie à ces lieux désolés ? Dans les années 1960, Henri Monier, directeur de la mission habitat rural à Draguignan, fourmille d'idées pour sauver ces villages du Haut-Var. Au fait des réflexions nationales menée sur les villages ruraux, il propose un projet de valorisation du bâti rural qui intéressera l'ensemble de ces villages. Informé de ce projet ambitieux, le sénateur des Basses-Alpes, Emile Aubert présente le dossier auprès du ministre de l'agricuture à Paris. Ce dossier reçoit une écoute favorable, un programme de "tourisme en agriculture" est créé pour aider à la restauration des bâtiments en milieu rural. Ainsi, le premier gîte de France ouvrira ses porte à Ginasservis, très vite les communes de Montmeyan, Moissac, Baudinard, Bargème, La Roque-Esclapon... suivront l'exemple. Cette expérience est médiatisée dans les journaux télévisés. De Vinon au pied du Lachens, en passant par Montmeyan et Moissac, Henri Monier rencontre les maires des villages et réalise un recensement des bâtiments à restaurer et des projets possibles. Dès 1961, il fait intervenir le "mouvement chrétien pour la paix". Des chantiers d'été sont organisés pour déblayer les rues et les ruines des gravats. Pendant trois ou quatre ans se succèdent des jeunes venus de toute l'Europe pour contribuer à reconstruire ces villages. A cette même période, Bargème accueille le mouvement "Alpes du Lumière" pour des chantiers de restauration. Des artistes de l'Ecole des Beaux Arts d'Angers viennent par l'intermédiaire du père de l'un d'entre eux PDG d'une importante société. En 1962, une liquidation permet à Henri Monier d'acquérir un lot de ruines dans le village de Trigance. Il achète ces ruines et les revend sans bénéfice à des personnes susceptibles d'apporter du sens et une aide à l'esprit du projet. Il ne s'agit pas là d'une opération immobilière. Sacré défi, quand la tendance est à déserter les villages pour s'installer dans les villes. S'installent donc un maçon pour restaurer les maisons, un archiviste pour sauver la mémoire du lieu, une personne qui s'occupe des affaires sociales, un curé pour célébrer la messe. Le projet prend forme. La mémoire, le social et le culte pour construire les bases d'un nouveau départ. En 1962, les Hartmann qui viennent de St Gervais en Savoie achètent les ruines du château pour en faire un restaurant, une de leurs amies de l'école des Beaux-Arts de Paris vient sur Trigance et s'y installe. D'autres peintres s'installent également. Sous le regard curieux des trigançois, ces jeunes personnes se sont installées et ont redonné vie au village.
Source : Plaquette éditée par le Musée des Arts et Traditions Populaires de Draguignan.
Vue générale de Trigance