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15 mai 2019

Le cimetière des Alyscamps et son rituel funéraire

 

Van_gogh_lallee_des_alyscamps

L'allée des Alyscamps par Vincent Van Gogh (novembre 1888)

Vincent Van Gogh l'a immortalisé sur une de ses peintures : c'est le cimetière des Alyscamps, à Arles, avec son étrange et majestueuse allée de tombeaux de pierre. On pourrait l'appeler les Champs-Elysées, mais cela porterait à confusion avec l'avenue du même nom de notre capitale. Les Alyscamps eurent très tôt le don d'attirer beaucoup de monde, dès les temps romains déjà. Il ne s'agissait pas encore de touristes comme de nos jours, mais de visiteurs dans un sens plus définitif du terme, puisque ceux-ci y établissaient leur sépulture. Pourquoi choisissait-on d'élire sa dernière demeure aux Alycamps ? Tout simplement, parce qu'en ces temps très éloignés, la mort suscitait, tout comme maintenant d'ailleurs, de grands questionnements. La mort faisait peur. Surtout auprès des puissants qui, en fin de vie, se demandaient, si leurs agissements accomplis pendant toute leur existence n'allaient pas leur attirer les foudres des cieux. Or, les Alyscamps avaient la réputation d'assurer à ses hôtes éternels une quiétude que l'on ne trouvait pas dans d'autres lieux de sépultures. Ainsi des tribuns descendaient-ils, post-mortem, depuis la capitale des Gaules (soit Lugdunum, Lyon de nos jours), en empruntant le cours du Rhône. Le principe était simple. Pour son dernier voyage, le mort était placé dans un tonneau dans lequel on avait pris soin d'ajouter des offrandes. Le tonneau était scellé et expédié sur les flots plus ou moins tumultueux du fleuve. Quand celui-ci parvenait enfin au niveau des quais d'Arles, des bateliers étaient chargés de le récupérer. Ils emmenaient ainsi tous les tonneaux qui descendaient le Rhône jusqu'aux Alycamps. Si les offrandes étaient destinées principalement aux dieux, elles servaient également à payer les frais funéraires, parfois conséquents, mais aussi, le salaire des bateliers. L'absence de celles-ci pouvait entraîner le refus des marins de repêcher le tonneau qui continuait alors de dériver pour aller se perdre dans l'univers étrange et confus de la Camargue, avec pour conséquence redoutable, de laisser errer l'âme et l'esprit du défunt jusqu'à la nuit des temps ! De telles perspectives démotivaient généralement toute envie de radinerie de la part du commanditaire ou de sa famille, mais n'empêchaient pas sur le trajet que le tonneau avec le défunt soit l'objet de détrousseurs de tonneaux. Heureusement, les dieux veillaient, comme en témoigne un fait étrange qui se déroula à Beaucaire et à Tarascon, là où il était possible de traverser le Rhône. Un homme décédé depuis peu, voguait tranquillement pour sa dernière destination. Alors que son tonneau passait non loin de la rive droite, il fut arrêté par des jeunes gens qui avaient probablement bu et qui avaient décidé de s'emparer du tonneau ! Ayant perdu tout sens de la réalité, ils ne trouvèrent pas mieux que d'ouvrir celui-ci afin de s'en prendre à l'offrande qui se trouvait à l'intérieur. C'était un petit coffret qu'ils volèrent au défunt et leur forfait accompli, ils remirent le tonneau à l'eau.

Tonneau-vague-1900-par-Ivan-Yakovlevitch-Bilibine-1876–1942

Quelle ne fut pas leur surprise de constater que l'embarcation mortuaire refusait d'être entraînée par le courant pourtant assez important à cet endroit. Ils prirent peur et s'enfuirent en courant sans demander leur reste, dans les rues de la basse ville, en emportant leur butin. Le lendemain et les jours qui suivirent, le tonneau était toujours au même endroit et il tournoyait sur place sans intention évidente de repartir. Les gens d'armes intrigués finirent par aller le récupérer. Ils constatèrent en soulevant le couvercle que le mort voyageait seul, sans pécule pour l'accompagner dans l'eau de-là, chose qui n'était pas conforme aux pratiques habituelles. Ils en déduisirent que le défunt avait été victime de voleurs. L'enquête fut rapide car l'un des jeunes gens n'avait pas pu s'empêcher de raconter leur mésaventure afin de dissiper la grande peur qui lui hantait l'esprit. Lui et ses compagnons furent arrêtés et ils reconnurent aussitôt qu'ils avaient mal agi. Ils restituèrent le coffret qu'ils n'avaient pas oser toucher, à la famille du défunt. Ce dernier, retrouva donc son bagage et tous les deux furent de nouveau enfermés dans le tonneau. Remis à l'eau, il fut emporté par le courant qui l'emmena sans autre aventure vers Arles.

Source : Hervé Berteaux pour un article paru dans l'Almanach des Provençaux et du Comté de Nice, année 2016.

Alyscamps_arles

Complément à cet article

Les Alyscamps (Champs Elysées, en provençal, cité des morts vertueux dans la mythologie grecque) sont une nécropole, située à Arles et qui remonte à l'époque romaine. Jusqu'au Moyen-Âge, les Alyscamps ont été une nécropole païenne puis chrétienne qui était située à l'entrée sud-est de la cité d'Arles sur la voie Aurelia, c'est-à-dire en dehors de la cité comme la plupart des nécropoles romaines. Ils comprenaient de très nombreux sarcophages.

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Dès la fin du IVe siècle, les Alyscamps et le cimetière de Trinquetaille doivent leur célébrité au martyre de Genest, saint arlésien, décapité en l'an 303. Au fil des siècles ce lieu devient si renommé que de nombreuses personnes souhaitent y être enterrées, comme les évêques d'Arles. Des cadavres sont descendus par le Rhône dans des barriques pour y être inhumés ; une offrande est jointe à chacun pour rémunérer les Arlésiens qui mettaient en sépulture les défunts. Aux XIe, XIIe et XIIIe siecles, ce cimetière connu de toute la chrétienté, s'enrichit de nombreuses églises. Au XIIe siècle une collégiale est ainsi établie aux Alyscamps, mais vers l’an 1035, cette canonica étant tombée entre des mains laïques, l’archevêque Raimbaud donne aux moines Saint-Victor de Marseille l’antique église Saint-Genès ainsi que toutes ses dépendances, moyennant le cens d’une livre d’encens à fournir le jour de Saint-Trophime. Les Alyscamps deviennent alors le point de départ du pèlerinage de Compostelle pour les pèlerins provençaux.

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Toutefois, en 1152, le transfert des reliques de Saint Trophime à la cathédrale Saint-Étienne (devenue par la suite Saint-Trophime) au centre-ville, lui enlève une partie de son prestige. À partir de la Renaissance, les prélats, seigneurs et rois dérobent les sarcophages les mieux sculptés pour enrichir leurs collections. Un bateau ainsi chargé coule dans le Rhône vers la fin du XVIe siècle à hauteur de Pont-Saint-Esprit (Gard). Au cours du XVIe siècle, ce quartier fait l'objet d'une première transformation avec le creusement du canal de Craponne (Adam de Craponne) qui alimente en eau la Crau, entre la Durance et le Rhône. L'église Saint-Honorat des Alyscamps est classée au titre des monuments historiques par la liste de 1842. En 1848, les Alyscamps ont été profondément modifiés lors de la construction de la voie ferrée Paris-Lyon-Méditerranée et des ateliers afférents. La chapelle des Porcelets et le cimetière sont classés par la liste de 1862.

Source : D'après Wikipédia - L'encyclopédie libre.

 

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Commentaires
G
Merci Nadine pour cet article très intéressant sur les Alyscamps/Arles et ce petit voyage dans le temps, au fil de l'eau et au cœur de notre belle Provence. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Bonne semaine<br /> <br /> Giselle
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