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18 août 2019

Les bains de mer en 1900 sur la Côte d'Azur

 

Cotedazur

Carte de la Côte d'Azur (Site Wikipédia - l'encyclopédie libre)

Les début des bains de mer sur la Côte d'Azur

Jusqu'au XVIIe siècle, la mer, peuplée de monstres marins, labourée de tempêtes et de pirates qui rôdent sur les côtes, fait peur. Il est déconseillé de s'en approcher. Seuls les pêcheurs osent la défier. Alors l'idée des bains de mer n'est même pas envisageable.

Ce sont les Anglais qui, les premiers, découvrent les vertus thérapeutiques des bains de mer, et en premier lieu sur le littoral hyérois. Au milieu du XVIIIe siècle, la station d'Hyères et ses environs sont très recherchées par les Britanniques pour leur villégiature hivernale. Plus tard, les récits de Tobias George Smollett (1721-1771), médecin écossais, malade en repos à Nice, publiés outre-Manche en 1765, et la venue régulière de la famille royale d'Angleterre vont développer le littoral azuréen. "Les gens furent très surpris lorsque je commençais à me baigner au début du mois de mai. Ils trouvaient curieux qu'un homme apparemment poitrinaire plongeât dans la mer, surtout par un temps aussi froid, et des médecins prévoyaient une mort immédiate. Mais lorsqu'il apparut que, grâce à mes bains, je me portais de mieux en mieux, des officiers suisses en firent autant, plusieurs habitants de Nice suivirent notre exemple", écrit Tobias Smollett.

A partir de là, en Angleterre, les bains aux effets curatifs sont mis au goût du jour par des médecins qui prônent les vertus thérapeutiques de l’eau salée et la tonicité de l’air marin. Mais cependant, cette thérapie n’est pas une partie de plaisir… Les bains aux effets curatifs sont mis au goût du jour par des médecins qui prônent les vertus thérapeutiques  de l’eau salée et la tonicité de l’air marin. Mais cette thérapie n’est pas une partie de plaisir… 

Bandol-

C'est ainsi que la vogue des grandes stations balnéaires telles que Bandol, Sanary, Cannes, Nice, Monaco se met en place au milieu du XIXe siècle. Des personnes fortunées, généralement des étrangers, traversent la promenade des Anglais dans leur peignoir, prennent leur bain de mer hivernal et retournent à l'hôtel. Les autochtones, eux, ne se baignent pas pendant l'hiver. Seuls quelques hommes se trempent pendant l'été. Beaucoup doutent des bienfaits de ce drôle de plaisir. "Quiconque voit sortir de l'eau la pauvre créature qui prend l'un de ses premiers bains, qui la voit pâle, hâve, effrayante, avec un mortel frisson sent la dureté d'un tel essai et tout ce qu'il y a de dangereux pour certaines constitutions. (…). J'entends que, pour certaines personnes, il peut entraîner des effets mortels, anévrisme, apoplexie…", écrit le Hyérois Jules Michelet (1798-1874), historien, dans son pamphlet sur Les Bains de mer en 1861.

Les-bains-de-mer-arrêté-de-1895

Le plaisir du bain de mer apparaît réellement au début du XXe siècle. Il fallait "se baigner", c'est-à-dire se tremper modérément dans l'eau de mer, pas plus de dix à quinze minutes par jour. A Nice, les plages de la Tour rouge ou du Lazaret, sur l'actuel boulevard Franck-Pilatte, font partie des premières à accueillir les baigneurs intrépides. Les cabines de plage apparaissent. Il convient de rester habillé : robe arrivant à mi-mollet pour les dames, avec charlotte tricotée en guise de chapeau, maillot et caleçon long pour les hommes. Il est d'usage d'éviter le contact direct avec le soleil, le bronzage, réservé aux paysans, étant encore assez vulgaire. On s'abrite sous des ombrelles, on garde son chapeau et on ne reste que peu de temps sur la plage : le tennis, les casinos, les villas et les stades hippiques offrent d'autres distractions que celle-ci.

Tentes et parasols

Entre 1920 et 1930, la saison estivale rejoint, en importance, la saison hivernale. Les plages sont alors équipées de restaurants ou de buvettes. On commence à pratiquer le bronzage légèrement vêtu, la natation, mais aussi le ski nautique, la voile légère ou le pédalo. Dès son lancement par Franck Jay Gould (1877-1956) philanthrope et homme d'affaire américain, Juan-les-Pins s'affirme comme une station uniquement estivale. D'autres stations suivent, comme Cannes par exemple, favorisée par la naissance de la Croisette. L'instauration des congés payés en 1936 lancera définitivement la pratique des vacances à la plage. Le torse nu est accepté pour les plus jeunes garçons et les jeux de plage apparaissent. Après la Seconde Guerre mondiale, les bains se libèrent et on apprend volontiers à nager, mais les corps se libèrent également et pour plus de confort, le corset tombe, à la ville comme à la plage.

Saint-Raphaël, Saint-Tropez et, comme le démontre un article du journal Le Littoral de 1938, Cannes, deviennent les stations balnéaires à la mode. " Il n'est pas contestable que la saison balnéaire est, cette année, plus brillante que l'an dernier. Jamais on avait vu pareille affluence sur nos plages, ni une telle floraison de tentes et parasols dont le bariolage anime gaiement le paysage. Les deux établissements de bains de la Croisette sont combles chaque jour. (…) La plupart des estivants, pour employer le jargon consacré, sont venus des régions voisines (…)."

Les couturiers en vogue à Paris (Jean Patou, Lucien Lelong ou Elsa Schiapparelli) s'emparent du maillot de bain qui, au fil du temps, devient de plus en plus mini. Dès 1955, les premiers bikinis font leur apparition grâce aux starlettes du Festival du film de Cannes. Désormais, le tourisme balnéaire est né.

Source : D'après un article de Nelly Nussbaum paru dans le journal Nice-Matin du 21.07.2014 et le blog "Plume d'histoire" de Marie Petitot 

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Les bain-de-jambes

La baignade de jadis

Les plages étroites mais magnifiques au pied des Maures ne furent longtemps, sur de longs espaces, que le domaine des mouettes et des gabians*. Leur sable en portait souvent que l'empreinte de leurs pattes. Parfois même, seul le vent y creusait de toutes petites vagues figées en dunes minuscules. Devant les hameaux de pêcheurs, les barques y laissaient la marque de l'étrave mêlée aux traces de pieds nus. Les enfants bruns des pescadous (pêcheurs) s'amusaient à courir et sauter dans la vague, y plonger et se laisser porter par l'eau. Ils savaient qu'ils seraient sûrement pêcheurs eux aussi et la grande bleue ne leur faisaient pas peur, mais dans les villages éloignés, aller passer une journée à la mer, c'était toute une affaire. Le matin du départ, on chargeait la jardinière ou le char à bancs. On y mettait les provisions pour la journée, la bonbonne d'eau, le picotin pour le cheval, des paniers, des parapluies pour s'abriter du soleil et les maillots de bain. On coiffait le cheval d'un chapeau de toile blanche, on grimpait dans la carriole et hue ! en route, on cahotait dans le chemin et on arrivait enfin devant la mer magnifique, bordée de grands pins et de tamaris aux fines fleurs roses. Vite, on allait se mouiller les pieds puis on allait revêtir les maillots, dissimulées derrière des buissons. Les mamans se décidaient parfois, les plus élégantes en longues culottes bouffantes resserrées sous les genoux, dos et bras couverts et le chignon couvert par une charlotte à volant. Celles qui ne possédaient pas de costume de bain, en pantalon et cache-corset serraient leurs bras sur leur poitrine. Si leur visage était tanné par le soleil, tout leur corps était très pâle et elles étaient vite gênées d'être ainsi dévêtues. Certaines se mettaient une vieille robe dont elles épinglaient le devant et le dos entre les jambes par une épingle anglaise et se baignaient ainsi. Trempant le bout des orteils, elles avançaient prudemment dans l'eau et reculaient à la moindre vague plus forte. On était timoré en ce temps-là, les bains n'avaient pas bonne réputation, on les disaient plutôt dangereux pour la santé. Les hommes dépassaient les premières lames et criaient : "venez, allez-y, elle est bonne !".

Trempette dans la mer

Les enfants échauffés par leurs gambades, détendus par l'eau tiède de midi, s'enhardissaient à faire quelques brasses rapides en soufflant et en s'excitant. Le timide bain fini, on retournait se cacher pour se rhabiller. Sur les tamaris, on faisait sécher les maillots. Puis, c'était l'heure de faire ripaille avant de dormir à l'ombre des pins. A l'époque des plage bondées et de la mer porteuse de naïades bronzées, on a du mal à croire à ces baigneuses n'osant montrer leur peau et mouiller leur corps. Plages d'aujourd'hui bariolées de centaines de parasols, fréquentées au point de saturation, vos pins ont disparus et il faut bien chercher pour trouver une petite surface libre pour y poser sa serviette et par dessus, son corps demi-nu que le soleil va brûler de ses rayons ardents.

Explications

 Le gabian est un oiseau marin côtier bien connu en Provence. C'est un mot provençal et aussi présent dans le français régional. C'est ce qu'on appelle ailleurs un goéland (du breton gwelan), appelé aussi (à tort, selon les scientifiques) une mouette. 

Source : D'après le livre "Les Maures, terre de Provence" de Georgette Brun-Boglio - Les Presses du Midi

 Costumes de bain 1899

Maillots de bains et bains de mer en 1900

Au début du XXème Siècle, les bains de mer étaient surtout recommandés pour leurs vertus tonifiantes pour la santé. Mais on ne s’offrait pas à l’élément liquide sans s’entourer d’un luxe de précautions. Depuis la "cabine de bains" tractée par un robuste cheval qui vous conduisait au contact de la mer (tout en vous dissimulant aux regards indiscrets) en passant par le "Maître Baigneur" au physique de vieux corsaire et dont la stature rassurante semblait pouvoir défier toutes les tempêtes et les raz-de-marée imaginables, il restait encore à revêtir le costume approprié. Dans les années 1900, les maillots de bain, comme leur nom l’indique, "emmaillotaient" parfaitement le corps des intrépides sportifs, de la base du cou jusqu’aux chevilles. Nul centimètre carré d’épiderme n’aurait pu offenser la pudeur du Sénateur René Bérenger (1830-1915), lequel présidait à l’époque la "Société de protestation contre la licence des rues". Au sein de cette société, le 4 Février 1906, l'abbé Antonin-Gilbert Sertillanges (1863-1948) dénonçait : "les obscénités immondes, les cartes postales immorales, les illustrations lubriques qui, sous le masque de l’art, courent librement les rues".

La naissance de Vénus-Sandro Botticelli

La naissance de Vénus de Sandro Botticelli tableau peint vers 1484-1485 - Musée des Offices à Florence

Le chef d’œuvre de Sandro Botticelli (1445-1510) : "La naissance de Vénus", aussi nue qu’au jour de sa naissance, n’était encore qu’une machine à fantasmes pour nos arrières-grands-parents. Le tissu mouillé venant souligner les imperfections du corps humain, il fallait aux baigneuses beaucoup de grâce, beaucoup de charme, ainsi enveloppées et enrubannées de la tête aux pieds, pour ne point sombrer dans le ridicule à défaut de sombrer dans les abysses.

Source : Site du Musée de la carte postale à Antibes - Exposition Maillots de bains et bains de mer 1900 en 2002

Bains de mer

 

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Commentaires
G
Merci beaucoup pour cet historique passionnant des bains de mer d'antan ... souvenirs de mes grands-mères et tantes, qui en parlaient encore durant mon enfance, avec photos aussi à l'appui, en s'offusquant de la mode et des étalages de tous ces corps, pas encore totalement dénudés, sur les plages ... Saint-Tropez n'était pas encore la cité avant-gardiste.. l'ère avant B.B. !!<br /> <br /> Ce fut hier ...<br /> <br /> <br /> <br /> Bien cordialement<br /> <br /> Giselle
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