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Passion Provence
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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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25 juillet 2019

Le gipier, artisan aux mains expertes

 

Carrières de gypse

Carrières de gypse (Photo internet)

A l'époque où personne ne connaissait encore le ciment, lou gip que travaillait lou gipier n'était autre que le gypse, qui se transformait en plâtre dans les mains expertes de ce professionnel. Dans toute la Provence, l'utilisation de ce matériau était des plus répandu du fait de la présence du minerai de gypse dans les sols, et plus particulièrement ceux de la Haute-Provence et des Alpes-de-Haute-Provence. De nombreuses carrières généralement à ciel ouvert ont été ainsi aménagées sur les effleurements de cette roche tendre, facile à extraire. Il semble que l'usage professionnel du gypse soit né à l'époque gallo-romaine et ait perduré jusqu'au XIXème siècle et de façon plus artisanale jusqu'à nos jours. Ainsi le gipier eut une importance équivalente à celle du maçon qui travaillait la pierre et la chaux. En effet, si l'on se réfère aux archives notariales, on voit que parmi les travailleurs de la terre et de la pierre, les gipiers étaient les plus importants. Leur rôle ne se limitait pas aux enduits et aux belles décorations. Le premier travail de cet artisan était d'assurer l'extraction de la roche, sa déshydratation par cuisson (entre 110° et 140°) et son broyage en une mouture plus ou moins fine. Mélangé avec de l'eau et souvent chargé de sable, de chaux, de terre, de sciure ou de gravats pilés, ce plâtre lui servait alors pour le gros oeuvre et les finitions en extérieur. Pour les murs intérieurs, il laissait s'épanouir toute son habileté et son talent pour créer à la main de délicats ornements. Il utilisait alors un mélange plus souple où il avait ajouté du sel, du lait, du sang ou même de la sève de figuier. Il semble bien que comme les maçons et les tailleurs de pierre, le gipier proposait son travail en voyageant de ville en ville et en se présentant dans les villages. Quand il se voyait confier un chantier, il en devenait le responsable, parfois même de toute la construction d'un bâtiment. Il était alors à la fois architecte et maître d'oeuvre. La profession très respectée conférait à cet homme une certaine honorabilité.

Gypserie-chateau-suze-la-rousse

Gypseries au château de Suze-la-Rousse (Drôme)

Mairie de Peyrolles

Gypseries à la mairie de Peyrolles en Provence (Bouches-du-Rhône)

A Aix-en-Provence, par exemple, au sein de la confrérie de Notre-Dame-de-Beauvezet, qui regroupait les métiers de la pierre au sens large du terme, se retrouvaient ainsi en bonne place, les maîtres gipiers dont plusieurs firent la renommée de la ville. Avant la Première République, un jeune qui terminait son apprentissage auprès d'un de ces artisans confirmés recevait une truelle, un fil à plomb, une règle et un marteau auxquels était souvent ajoutés une auge pour gâcher le plâtre. Au fils des siècles, est donc née une authentique culture du plâtre en Provence. Les superbes décors gypsés des nobles maisons, dont ceux des escaliers des vieilles demeures aixoises des XVIème et XVIIème siècles en restent les magnifiques témoins.

 Source : D'après un texte paru dans l'Almanach des provençaux 2011.

Façade_de_la_maison_du_patrimoine

Un exemple de maison à gypseries : la maison du patrimoine à Ollioules

La maison qui porte le numéro 20 de la rue Gambetta, appelée "Maison des Têtes" par tradition et aujourd'hui "Maison du Patrimoine", est un exemple exceptionnel de décoration intérieure du début du XVIIème siècle. En effet, il s'agit d'un hôtel particulier doté d’une façade néo-Louis XVI des années 1870. Elle est située en plein centre ancien et elle a la particularité d’être un bâtiment traversant entre la rue Gambetta et la rue Berthelot. L’intérieur est orné de gypseries (terme provençal désignant des sculptures en plâtre) datant de 1620, de peintures murales des années 1870 et comporte un escalier monumental à balustres. Elle est entièrement inscrite à l'ISMH (Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques) et les décors sculptés (couloir, escalier, cour intérieure et paliers) ont été classé Monument Historique.

Le décor de gypserie a été réalisé au début du XVIIème siècle dans le style maniériste caractéristique de cette période. Le terme de "gypserie" vient du mot provençal "gipparie", de "gip" (le plâtre) ; l'artiste qui les réalise est appelé "gippier", mot lui aussi d'origine provençale. La gypserie, propre à la Provence et au Midi de la France, est constituée d'un mélange de plâtre et de chaux. Le sculpteur travaille le plâtre frais, directement sur place ; les figures, les ornements végétaux et les animaux, les moulures, tout est sculpté à la main et non en utilisant des moules. Une fois le plâtre sec, on ne peut plus le travailler, mais seulement affiner certains détails. Si l'on s'est trompé ou si le motif n'est pas satisfaisant, il faut le casser et recommencer. Cela donne une bonne idée de la maîtrise qu'il fallait pour réaliser de tels décors.
Les éléments de ce décor mêlent des motifs traditionnels de la Renaissance (vases, figures mythologiques, éléments inspirés de l'Antiquité), des motifs chrétiens (agneau pascal et colombe du St Esprit dans les médaillons du couloir d'entrée) et des personnages du début du XVIIème siècle symbolisant le maître et la maîtresse de maison.

Maison des têtes Ollioules 1

Gypseries de la maison du patrimoine à Ollioules (Photo internet)

Maison du patrimoine_ollioules

Gypseries de la maison du patrimoine à Ollioules (Photo internet)

On ignore qui a fait construire et décorer cette maison. La tradition orale parle des Vintimille d'Ollioules, ce qui n'est pas impossible mais que l'on ne peut affirmer faute de preuves. Ce que l'on peut dire en revanche, c'est qu'il s'agit de la maison d'un noble ou de celle d'un riche bourgeois vivant noblement. La maison est un petit hôtel particulier qui rappelle en réduction ceux d'Aix en Provence.
A la fin du XIXème siècle, dans les années 1870, le propriétaire d'alors fait réaliser la façade actuelle sur la rue Gambetta, ainsi que les peintures murales. Au XVIIème siècle, les murs étaient sans doute blanchis à la chaux pour donner de la clarté et une impression d'espace.
La Maison du Patrimoine qui a été transférée à Toulon Provence Méditerranée en 2007 et fait actuellement l'objet de travaux de réhabilitation. Ces travaux sont destinés à en faire
un lieu de ressource du patrimoine architectural historique du territoire. Une scénographie ludique animera les pièces du bâtiment. La livraison de l’équipement culturel est prévue pour décembre 2019.

Sources : D'après un texte du Site de la Maison du Patrimoine à Ollioules ainsi que le site de Métropole Toulon Provence Méditerranée

 

 

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Commentaires
M
Toujours un plaisir de te lire Nadine, surtout à plus de 5000 km...<br /> <br /> Un prochain endroit à visiter lors d’un futur séjour provençal <br /> <br /> Merci Nadine<br /> <br /> Bisous
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G
Merci Nadine pour ce partage fort intéressant avec de magnifiques photos.<br /> <br /> Un métier raréfié mais recherché. Quelques compagnons du devoir en sont les dignes représentants.<br /> <br /> Bonne fin de semaine<br /> <br /> Giselle
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Z
A Berzé la Ville en Saône et Loire, il y a des carrières de gypes voir sur internet.
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