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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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1 juin 2021

Quand les cloches sonnent

Trans-campanile2

Clocher et campanile à Trans en Provence (Photo Nadine)

Au fil du temps 

On commence à parler des cloches au IIème ou IIIème millénaire av. Jésus-Christ avec les petites cloches chinoises. Au 1er millénaire av. Jésus-Christ, en Egypte, les chiens portent des clochettes  d'airain. Au Vème siècle de notre ère : Saint-Patrick attire les fidèles avec des cloches à main. C'est au VIème siècle que l’emploi des cloches se généralise dans les monastères et les églises. Au VIIIème siècle : les moines irlandais et bretons se déplaçaient en tenant une clochette pour faire fuir les démons. Au IXème siècle, seuls les prêtres avaient le droit de sonner les cloches. Chaque église devait avoir deux cloches (six pour les cathédrales). Au XIème siècle, le roi de France Robert II le Pieux fit baptiser cinq cloches à Orléans et le pape Urbain II institua la sonnerie de l’angélus à la tombée de la nuit. Au XVème siècle : Louis XI ordonna de faire sonner les cloches trois fois par jour (angélus de 7h, 12h et 19h). En 1790, à la Révolution, une seule cloche était autorisée dans les clochers. Beaucoup de cloches furent fondues pour fabriquer des monnaies.

Sonneur de cloches

Les sonneurs de cloches ou "campaniers" jouaient un rôle important dans les paroisses. Ils se faisaient un honneur d’annoncer les moments importants qui rythmaient la journée tout au long de l’année : angélus quotidiens (prières que l'on récite au son des cloches), offices religieux, sonneries de fêtes, baptêmes, mariages, enterrements. Dans ce dernier cas, ils sonnaient le glas (son régulier au tempo très lent), ils sonnaient aussi pour dissiper l’orage, et parfois encore, mais de façon exceptionnelle, pour donner l’alarme, ils "toquaient le saint" d'où le mot "tocsin" pour prévenir d'un danger immédiat comme un incendie, une inondation ou encore d’évènements graves (déclarations de guerre, armistices). De nos jours, le tocsin est remplacé par une sirène.

Orage et cloches 

Dans toutes les paroisses françaises, de temps immémorial, au moins une cloche était prévue pour éloigner l’orage. Le son des cloches avait la réputation de disperser les nuages. Mais on devait se contenter de faire tinter la cloche, c'est-à-dire de la faire sonner lentement, par coups espacés. "On ne doit jamais sonner les cloches en volée pendant les temps d’orage, sous quelque prétexte que ce soit. On devra se borner à tinter pour annoncer les services religieux" (1). 

Les cloches avaient un rôle initiatique dans la société traditionnelle. Dans certaines paroisses, les jeunes garçons secondaient les campaniers" : ils se plaisaient à se suspendre à la corde actionnant la cloche et à se laisser soulever, parfois jusqu’à deux ou trois mètres de haut. Afin de se faire payer certaines sonneries comme l’angélus, les messes, "les campaniers" quêtaient à différents moments de l’année. Avant la Révolution, ils pouvaient aussi être rétribués par la Fabrique, groupe de clercs ou de laïcs administrant les biens paroissiaux.

Actuellement en France, les maires règlent l'usage des cloches par arrêté. Ils ne peuvent en interdire l'emploi pour l'annonce des offices cultuels et se contentent de le limiter en accord avec le desservant afin d'assurer la tranquillité des habitants. Par conte, les ministres des cultes ne peuvent s'opposer à l'usage civil des cloches. Les cloches ont aussi pour fonction de signaler le passage du temps. Le plus souvent, les heures pleines, mais aussi leurs subdivisions sont sonnées parfois en deux séries de coups : le pic et le repic (ou rappel).

La fabrication

Les cloches sont fabriquées par des fondeurs. Au Moyen-Age, c'est presque toujours dans les monastères ou auprès des églises, que l'on fond les cloches. La fabrication d’une cloche nécessite un grand savoir-faire. A chaque cloche correspond une note précise. Cette note dépend du diamètre de la cloche et du rapport entre son diamètre et son épaisseur. Pour faire une cloche il faut construire un moule qui correspond à l’empreinte en creux de la future cloche et que l’on va remplir avec du métal en fusion. Pour résister à cette température, un matériau de moulage composé d’argile, de crottin de cheval et de poils de chèvre est utilisé.

La fabrication du moule est fait en quatre étapes :

Le noyau

A l’aide du gabarit intérieur il faut commencer par construire une maçonnerie de briques réfractaires qui va servir d’armature pour soutenir le reste du moule. Cette maçonnerie est recouverte de ce mélange d’argile, de crottin de cheval et de poils de chèvre et va donner la forme intérieure de la cloche. Cette première partie du moule – appelée le noyau – sera recouverte d’une couche isolante pour la séparer de la partie suivante, la fausse cloche.

La fausse cloche

On change alors de gabarit pour construire la seconde partie du moule, que l’on appelle la fausse cloche parce qu’elle a la même forme que la future cloche en bronze. Elle est faite en argile et est recouverte de cire pour la lisser parfaitement et former les filets. Puis on vient y poser les décors qui ont été préparés en cire.

La chape

A l’aide de pinceaux très fins, la fausse cloche est enduite de plusieurs couches du mélange argile, crottin de cheval et poils de chèvre, ces couches de plus en plus épaisses vont venir former une carapace autour de la fausse cloche, appelée la chape. Pendant toute la fabrication du moule, on entretient un feu de charbon de bois à l’intérieur du moule qui va faire sécher les différentes couches d’argile. Quand la chape est suffisamment épaisse on force le feu de charbon de bois. Les lettres et les décors en cire vont fondre et laisser alors leur empreinte en creux et à l’envers dans la partie extérieure du moule, la chape. La couche de cire entre la fausse cloche et la chape a également fondu. On peut donc soulever la chape, casser la fausse cloche et reposer la chape sur le noyau. On obtient alors un vide entre les deux où l’on viendra verser le métal. Les décors qui se trouvaient en creux et à l’envers dans la chape vont se retrouver à l’endroit et en relief sur la cloche en bronze.

La couronne

 On part d’un modèle en cire qu’on enduit d’argile. Cet élément est ensuite chauffé dans une étuve à 200°C, afin que la cire fonde et laisse son empreinte en creux. C’est la technique dite de "la cire perdue" qui est utilisée aussi pour les décors. Le moule de la couronne est ensuite ajusté sur le moule de la cloche et tout sera coulé en une seule fois.

La coulée de la cloche

Le bronze utilisé est un alliage de 78 % de cuivre et 22 % d’étain : l'airain. Il est fondu à 1 200°C dans le four réverbère à double voûte, d’une contenance de 13 tonnes. Ce four est utilisé pour couler les cloches de plus de 500 kg que l’on va enterrer dans une fosse. Un canal en briques construit sur le dessus de la fosse permet au métal de se déverser par gravité du four dans les moules.
Pour les plus petites cloches (moins de 500 kg), le métal est fondu dans un four à creuset. Une poche de coulée est maniée à la main ou à l’aide d’un palan pour récupérer le bronze du four et le déverser dans le moule.

Le décochage

Après la coulée, le moule va refroidir environ une semaine voire plus selon la taille, puis il sera cassé pour obtenir la cloche brute de fonderie. Ensuite l’équipe de fondeurs sable la cloche, la polit, la cisèle et enfin l’accorde. Dans la tradition chrétienne, on accorde les cloches sur les cinq premières harmoniques : 1. Le bourdon qui est l’octave basse 2. Le fondamental à l’octave au-dessus 3. La tierce mineure du fondamental 4. La quinte 5. La nominale qui caractérise la cloche. Pour mesurer la note et les notes partielles, on utilise un analyseur de spectre électronique et c’est l’accordeur par son savoir-faire qui va choisir à quel endroit et sur quelle profondeur il faudra enlever du métal par meulage intérieur.

C'est à la suite de la restauration religieuse qui a suivi la signature du Concordat en 1801 que l'art campanaire connaît une renaissance. Les églises sont reconstruites, restaurées, ce qui entraîne un besoin de cloches. Avec le début de l'industrialisation en France, d'artisanale, la fabrication des cloches devient alors industrielle, puis ensuite viendra leur électrification.

Le baptême

 Tout de suite après l’installation de la cloche ou même souvent avant de la mettre en place, il revenait à l’évêque diocésain le droit de la bénir. 

Baptême de cloche

Le Méridional du 24 mai 1966-Cérémonie de baptême d'une cloche à Castellane (Alpes-de-Haute-Provence)

Cette bénédiction, appelée baptême de la cloche est instauré au VIIIème siècle par l'Eglise. La cloche est vêtue d'un habit de baptême, une robe blanche en dentelle avec des rubans. La cérémonie suit un rituel bien précis : elle commence par des chants ou des psaumes, puis le lavage de la cloche avec de l'eau bénite pour la purifier, l'onction avec de l'huile sainte, tandis que des parfums sont brûlés sous la cloche, puis la bénédiction proprement dite de la cloche, et pour finir le chant de l'Evangile de Marthe et de Marie. L'évêque actionne le battant de la cloche qui sonne alors. Viennent ensuite les tours du parrain et de la marraine et du maire du lieu. Les parrains et marraines sont choisis par les conseils municipaux et paroissiaux parmi les notables et pieuses personnes.

Décors de cloche

Inscriptions et dessins sur la cloche (Photo internet)

Protection du patrimoine campanaire

En 1988, le Ministère de la Culture a décidé d’intensifier sa politique d’inventaire et de protection des cloches et carillons, au titre des Monuments Historiques. Par mesure de protection des cloches anciennes, des aides ont été apportées pour effectuer des modifications, telles que des travaux d’électrification.

Les cloches peuvent comporter des images, des décors floraux, des inscriptions. Ces inscriptions peuvent comporter une prière, la date de fabrication de la cloche, son nom, ceux des parrain et marraine ceux des curés et ainsi que du fondeur.

(1) - J.B. DENEUVILLE - Le nouveau trésor des familles, p 136 (1868)

Sources : Petite histoire de nos cloches - Numéro 9 d'Archi'clas -Mars 2008 - Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence et le site sur l'histoire de Cunac - Art campanaire, les cloches de Cunac 

 

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Commentaires
L
Coucou Nadine<br /> <br /> <br /> <br /> Et les actes de baptême sont dument notés dans les registres paroissiaux .<br /> <br /> <br /> <br /> http://la-peregrine.eklablog.com/bapteme-de-jerome-a202412332<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne journée
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