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Passion Provence
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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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25 juin 2021

Le boutis, oeuvre d'art et de patience

Boutis

Chaque boutis a une histoire et chaque boutis est une oeuvre unique, une oeuvre d'art. Des plus anciens à ceux encore confectionnés de nos jours, chaque ouvrage raconte la vie de son auteur. Par le choix des tissus, le choix du patron, les symboles qui y sont reproduits et le temps passé à sa réalisation, le boutis est le reflet de la personne qui le façonne. C'est une technique très ancienne, dont les origines remonteraient à la dynastie Han (-200 avant J.-C. à 200 après J.-C.), mais c'est au XVIème siècle que le boutis connaît réellement un essor. Ces pièces brodées en relief, le plus souvent blanches, et en coton, sont alors produites de façon industrielle par des brodeurs professionnels, notamment à Marseille. A partir de là, la pratique va s'étendre dans les foyers provençaux pour devenir au fil des siècles, une tradition familiale qui se transmettra de génération en génération. Jusqu’au XIXème siècle, cette tradition constitue même un rite de passage à l’âge adulte pour bon nombre de jeunes filles qui, dès leur communion solennelle, vers 12 ans, devront confectionner des pièces de boutis pour leurs trousseaux. 

Boîte à couture

En cadeau elles recevaient une boîte à couture qu’elles utilisaient tout au long de leur vie pour leurs différents travaux d'aiguille et elles se mettaient au travail. Trois pièces composaient le travail en boutis : un cotillon, un pétasson (petassoun en provençal) et une courtepointe. Le cotillon, ou jupon, était porté par la jeune femme lors de son mariage. Le pétasson, carré de 50 centimètres de côté, servait à langer son enfant. Quant à la courtepointe, elle ornait le lit des époux tout au long de leur vie jusqu'à la mort de sa créatrice dont elle devenait le linceul. Il fallait beaucoup de patience, du coeur à l’ouvrage mais aussi de bons yeux afin de broder ces pièces, riches en symboles. Il faut dire que les jeunes filles, la plupart d'entre elles ne sachant ni lire, ni écrire, y transcrivaient en motifs leur appartenance religieuse, leur état d’esprit et leurs espérances.

Boutis-petasson

Une marguerite n’a pas la même signification qu’un lys ou qu’une narcisse. Le nid avec des oiseaux représente le mariage d’amour, contrairement à la corbeille de fruits. La miche de pain, elle, est brodée par celle qui espère ne jamais manquer de nourriture dans son foyer. Beaucoup d’autres symboles sont fréquents sur les pièces anciennes. Par exemple, le brin d’olivier si cher à la Provence, ou encore la coquille évoquant Saint-Jacques de Compostelle ou bien des étoiles signes de l’hospitalité des Provençaux. Si la symbolique a changé et les pièces confectionnées ont évolué, le travail, lui, reste le même. Avec énormément de patience, et de passion, les boutisseuses d’aujourd’hui reproduisent des heures durant les mêmes gestes que leurs aïeules. Au point que le temps passé sur un boutis est bien souvent incalculable. C’est un travail assidu, de longue haleine, que l’on ne peut réaliser qu’avec passion. Cette passion, qui était auparavant transmise de mère en fille, ce savoir-faire ancestral, se partage désormais dans diverses associations qui sont dédiées à l’art, à la culture et aux traditions provençales. Au sein de ces structures les dames échangent beaucoup entre elles et s'entraident. Si l’une éprouve une difficulté, une autre va l’aider. Elle se donnent des conseils, montrent aux autres comment réaliser telle ou telle chose, tel ou tel point, de telle ou telle façon. Chaque nouvelle venue doit, en premier lieu, réaliser son pique-aiguille. C’est une façon d'apprendre directement la technique, par la confection d’un petit ouvrage, soit à partir d’un patron existant, soit en créant un motif de son choix, selon l'inspiration du moment. Car chaque boutis a pour commencement le dessin d’un patron. Qu’il soit original ou pas, ce dernier est reproduit sur le tissu, le plus souvent du coton, et plus précisément de la batiste, un coton très fin. Le motif souhaité dessiné sur papier, est calqué sur le tissu préalablement découpé. Vient ensuite l’étape du bâti. Il s’agit d’assembler les deux tissus entre lesquels seront, plus tard, enfilés des mèches de coton qui vont permettre de donner le relief au boutis. Ainsi, les deux carrés de tissus sont liés l’un à l’autre. Les boutisseuses peuvent alors piquer au point de piqûre, ou point avant, ces deux étoffes, suivant le dessin préalablement réalisé. Avec cette étape, des parties sont cloisonnées puis mises en bosses grâce à la technique du "bourrage". Sur l’envers du tissu, des mèches de coton sont insérées grâce à une aiguille à bout rond. Il faut parfois des dizaines de mèches, glissées une à une entre les tissus, pour parvenir à l’obtention de l’épaisseur voulue. C’est par une jolie finition sur la bordure entre les deux tissus, que les boutisseuses vont terminer leur réalisation. Chacune de ces étapes nécessite de longues heures de travail. 

Boutis-Pêcheur

Coussin

La patience et la précision du geste sont donc deux qualités à posséder pour se lancer dans la pratique du boutis. Un véritable boutis n'a pas de valeur financière car tout dépend de la dimension des pièces confectionnées. C'est ainsi qu'un chausson de bébé demande en moyenne 48 heures de travail contrairement à un couvre-lit qui va demander des jours voire des mois de travail assidu. Les belles confections d’aujourd’hui sont davantage décoratives qu'usuelles mais elles n’en demeurent pas moins aussi résistantes. Un véritable boutis est blanc. Ainsi, il peut être bouilli, ou lavé en machine à 60 °C. C’est afin de protéger ce savoir-faire, et lutter contre un emploi abusif du terme "boutis", que plus de trente associations françaises - dont sept varoises -, il faut le souligner, emmenées par l’association France boutis, se sont mobilisées. Rassemblées et entourées d'historiens et de collectionneurs, plusieurs personnes issues de ces structures ont travaillé durant trois ans à la constitution d’un dossier permettant de faire reconnaître cette technique ancestrale. Depuis 2019, le boutis est répertorié à l’Inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel en France.

Source : D'après un article du Magazine le Var - Conseil départemental du Var - N°10 Hiver 2020-2021

Complément

L'association France boutis Accueil - France Boutis a été créée en 2007. Elle compte aujourd'hui plus de 500 adhérent(es). Elle a pour but de promouvoir, partager, transmettre l'Art du Boutis ou Broderie de Marseille. Cette association organise des stages ou des ateliers d'initiation et de perfectionnement au boutis et met en place des expositions d'envergure internationale partout sur le territoire. A également été mis en place le Salon National du Boutis qui se tient tous les deux ans à Caissargues dans le Gard au cours duquel se retrouvent une quarantaine d'exposants.

Couvre-lit boutis

 

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Commentaires
B
J'ai trouvé cet article passionnant. Je connaissais la technique du bourrage mais pas vraiment la difficulté du boutis. J'apprécie d'apprendre l'origine de ces techniques. Merci du partage. Pour ma part, je me contente du tricot ...
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