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10 juillet 2021

La prière aux étoiles : le film inachevé de Marcel Pagnol

 

La prière aux étoiles-roman

 

Prière aux étoiles

"Paris, durant l'entre-deux-guerres, Florence est une jeune actrice de cinéma libre et désinvolte. Elle se laisse entretenir sans l'aimer par Dominique, le fils d'un riche industriel lyonnais. Mais quand Florence apprend que Dominique a financé tous les films où elle a obtenu un rôle, elle refuse catégoriquement de l'épouser. Chaque soir, Florence adresse une prière aux étoiles, caressant l'espoir de faire la rencontre amoureuse qui changera le cours de sa vie. Et un beau jour, son chemin croise celui de Pierre, un compositeur de musique désenchanté. Ensemble, les amants fuient la capitale pour vivre leurs amours, cachés à l'hôtel des Calanques, dans le Midi."

"Silence, on tourne !" C'est à Cassis, sur le port, que Marcel Pagnol est en train de réaliser les premières prises de vue de son nouveau film. On y retrouve des têtes d’affiches bien connues : Josette Day, qui incarne le personnage de Florence, et Pierre Blanchard, qui joue le personnage de Pierre. C'est en fait une trilogie : Florence, Dominique et Pierre, comme pour Marius, Fanny et César. Chacun des trois volets de la nouvelle oeuvre de Marcel Pagnol portera le nom de ses héros.

Le tournage du premier film est organisé en deux étapes : tout d'abord le tournage des séquences qui se déroulent dans le Midi, puis direction Paris pour la suite. C'est une première pour Marcel Pagnol qui n'a jamais filmé à Paris. Mais il lui faut pour le moment affronter un problème dont il était loin de se douter : les congés payés. Ils ont attiré une affluence de vacanciers qui voudraient bien profiter de leurs vacances à Cassis. Mais voilà, il ne se passe pas un jour sans que quelqu'un n'apparaisse inopinément dans le champ de la caméra. S'en est trop pour Pagnol qui demande à son équipe de remballer le matériel et de se rabattre à Marseille, dans l'impasse Jean Mermoz, où le cinéaste possède des studios.

La_priere_aux_etoiles_film_inacheve

Josette Day et Pierre Blanchard dans "La prière aux étoiles"

Mais, en cet été de 1941, Marcel Pagnol a d'autres soucis qui le préoccupent également. La France vit les heures sombres de l'Occupation et bien qu'étant en zone libre, le bruit des bottes allemandes se fait entendre. Suite à la législation antijuive de Vichy, son assistant et son chef opérateur sont interdits de travail. Alors que la Résistance s’organise partout, d'autres membres de son équipe s'engagent dans la lutte clandestine. Pagnol doit faire avec et tourner en équipe réduite. Mais il faut compter aussi sur les rationnements en électricité, en bois, en fer, en peinture qui servent à fabriquer les décors ou encore le manque de tissus pour confectionner les costumes. De plus, c'est le parcours du combattant pour trouver des pellicules de bonne qualité, car elles sont devenues une denrée rare et se vendent à prix d'or. Quelques scènes sont finalement tant bien que mal enregistrées. 

Mais, un matin, Marcel Pagnol voit arriver à la porte de ses studios Alfred Greven, patron de la société de production cinématographique Continental qui a été créée juste après la débâcle de 1940. C'est Joseph Goebbels, le propagandiste en chef du IIIème Reich, qui est à l'initiative du projet. Grâce à la Continental, il entend renforcer la mainmise allemande sur le cinéma français pour qu'il devienne un outil à la gloire d'Adolf Hitler. Tout de suite le visiteur allemand comprend que quelque chose se trame dans les studios et c'est sur un ton menaçant qu'il affirme que la compagnie qu'il représente serait ravie de distribuer ce nouveau film qu'ils sont en train de tourner. Pagnol est furieux et n'en fait rien paraître, mais pour lui il n'est pas question de livrer son nouveau projet à l'ennemi. Il réfléchit très vite et affirme que les bobines qui contiennent les scènes déjà filmées ne sont pas exploitables car elles sont de mauvaise qualité. Elles vont être détruites et le projet sera définitivement abandonné. Cependant, l'Allemand ne lâche rien et veut assister à la destruction des pellicules. Pagnol ne peut plus reculer. Cette trilogie qui devait être son oeuvre maîtresse ne connait décidément que des problèmes.

Hache

Le lendemain, il va convoquer un huissier et toute son équipe de tournage, il va ensuite installer un billot de bois dans la cour des studios et revient quelques minutes plus tard avec une hache. Et là, sous le regard médusé de son équipe, il détruit les bobines de "La prière aux étoiles."

Et s'il restait des copies de "La prière aux étoiles" ? Et si Marcel Pagnol avait simplement voulu tromper l'ennemi dans une mise en scène particulièrement réussie ? En fait, Marcel Pagnol n'a pas menti. Les pellicules sur lesquelles il s'est acharné à coups de hache étaient bien inexploitables. Mais, il n'a jamais voulu abandonner le tournage de son film. Et c'est désormais de façon clandestine qu'il filmera. Voilà sa manière à lui de faire de la Résistance.

Pellicules Lumière

Boîtes de pellicules Lumière

Cependant, c'était sans compter sur la ténacité de la société Continental qui va revenir à l'attaque en offrant à Pagnol un poste de directeur. Et il doit se creuser à nouveau les méninges : comment peut-il exprimer son refus de collaborer sans froisser les susceptibilités des uns et des autres ? Il prétexte une cécité. Mais l'excuse le contraint également à vendre ses studios et ses laboratoires à la société Gaumont. Cette-fois ci, la mort dans l'âme, Marcel Pagnol doit se faire une raison. Jamais son public ne pourra s'émouvoir en écoutant sa "Prière aux étoiles" : “Étoiles, dites-lui que je l'attends. S'il est savant, je lirai tous les livres, s'il est marin, je saurai l'attendre. Et s'il est roi, je serai reine. Étoiles, faites que je l'aime, donnez-lui seulement la patience de supporter mon grand amour. Car l'unique et noble richesse ce n'est pas l'amour qu'on inspire, c'est celui qu'on a dans le coeur. Portez-lui ce message ce soir, et faites qu'il vienne demain."

Jacqueline Bouvier

Après la guerre, Marcel Pagnol reviendra derrière la caméra pour diriger Jacqueline Bouvier, sa future femme, dans son film "Manon des Sources", sorti en 1952. Puis il raccrochera définitivement sa casquette de réalisateur et prendra celle de l'écrivain. A la fin des années 1950, Marcel Pagnol se lance dans la rédaction des "Souvenirs d’enfance" une série de quatre romans autobiographiques. Dans "La Gloire de mon père", "Le Château de ma mère", "Le Temps des secrets" et "Le Temps des amours" l'enfant d'Aubagne, né sous le massif du Garlaban, raconte sa jeunesse provençale. Aujourd’hui encore, en tournant les pages, on entend l'accent chantant de ses inoubliables personnages.

Source : D'après un texte d'Europe N°1 - Raconté par Stéphane Bern, édité par Alexis Patri

"La Gloire de mon père" est paru en 1957

"Le Château de ma mère" est paru en 1957

"Le Temps des secrets" est paru en 1960

"Le Temps des amours" est paru 1977 à titre posthume (inachevé)

BD Prière aux étoiles

La B.D. de "La prière aux étoiles" dont la première partie est parue le 28 Avril 2021

 

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