Pour préserver sa vertu
Dans l'histoire de la Provence, il est des aventures sensationnelles de filles et de femmes accomplissant des actes épouvantables pour sauvegarder leur vertu et qui purent ainsi échapper parfois aux entreprises brutales des séducteurs. (Voir l'histoire de Sainte-Eusébie parue le 5 décembre).
Voici l’histoire légendaire d’une jeune fille de Manosque qui, pour échapper aux entreprises amoureuses de François Ier, se défigura de la manière la plus cruelle. Le 17 janvier 1516, le roi arriva à Manosque, en revenant d’Italie, après la bataille de Marignan (13 et 14 septembre 1515). Le premier consul de la cité, Antoine Voland, vint à sa rencontre et lui fit présenter les clefs de la ville par sa fille qui était belle à ravir. Le roi friand, on le sait, de jolies filles, regarda la demoiselle Voland d’un air qui lui fit comprendre le danger qu’elle allait courir.
Arrivée chez elle, elle n'hésita pas à exposer son charmant visage aux vapeurs du soufre enflammé et se défigura horriblement. Lorsque le roi voulut faire violence à la pauvre enfant, il fut arrêté par cette laideur et la vertueuse jeune fille sauvegarda ainsi son honneur au prix de sa beauté. Cette légende, dans laquelle on a une date précise et le nom de l’héroïne, pour en imposer davantage à la crédulité, n’est, fort probablement, qu’un récit très inexact d’un fait réel de minime importance, l'auteur ajoute que peut-être on a "prêté au riche" comme dit le proverbe, car on sait combien la réputation de galanterie de François Ier était bien établie.
Source : Laurent Béranger-Féraud dans "Superstitions et survivances" - 1896.