Les objets en verre
Pour contenir le vin et l'huile d'olive, ses précieux liquides, la Provence a développé une tradition verrière dès le XVème siècle sous le règne du roi René, esthète et bon vivant. Le verre blanc provençal était réputé pour sa finesse. Outre les classiques gobelets et carafes, les ateliers produisaient des objets à usage local comme les burettes à huile, des flacons ronds au long bec fin qui permettaient de verser l'huile goutte à goutte. Ou encore comme ces veilleuses dont la boule diffusait la lumière d'une chandelle placée dedans ou derrière pour éclairer les ouvrages délicats.
Flacon à truffes en verre noir XVIIIème siècle
Les fabriques de Marseille et d'Arles, principalement celle de Trinquetaille, ont surtout fourni des pièces en verre noir, moins raffiné et à destination utilitaire. La couleur était due à la présence de charbon employé afin de préserver les forêts provençales. Les formes des bouteilles étaient variées : si la "pinte de Paris" et la bordelaise étaient les plus répandues, on trouvait aussi la "dame-jeanne" ventrue, des bouteilles plates, des bouteilles à tabac et des flacons à truffes en verre opaque. La Provence contemporaine produit encore de splendides pièces artisanales. A Biot, dans les Alpes-Maritimes, par exemple, une verrerie installée depuis 1956 crée des objets dont le verre est incrusté de bulles. Celles-ci sont dues au dégagement de gaz carbonique produit par la réaction de carbonate de soude saupoudré sur la pâte chaude. A Fontaine-de-Vaucluse, un atelier fabrique devant les visiteurs des pièces en cristal soufflées à la bouche et façonnées à la main : lampes, vases, bougeoirs, pichets, verres... aux décors uniques.
Source : L'âme des maisons provençales - Elisabeth Bousquet-Duquesne.
Histoire de la dame-jeanne
Chassée de son royaume de Naples, la Reine Jeanne vint se réfugier en 1347 dans son comté de Provence en passant par la route de Grasse à Draguignan. Surprise par un violent orage, on lui indiqua pour asile le petit château du gentilhomme verrier au hameau de Saint Paul la Galline Grasse (aujourd'hui Saint-Paul-en-forêt). Après y avoir passé la nuit, la reine désira voir fabriquer les flacons. Un peu troublé, le verrier souffla dans le mors de sa canne, et réalisa une bouteille énorme qui fit l'admiration de tous par sa contenance d'une dizaine de litres. Il décida d'en lancer la fabrication et l'appela Reine-Jeanne, mais la souveraine suggéra modestement de lui donner le nom de "dame-jeanne". Pour protéger cette grosse bouteille, le verrier l'habilla d'osier.
Source : Wikipédia - l'encyclopédie libre.