Les limites de propriété
Maison à Trans-en-Provence (Photo Nadine)
Au bord d'une voie publique, une allée bordée de platanes pénètre dans une propriété privée. A sa naissance, près de la route, deux piliers en pierre monumentaux en matérialisent le seuil. Ils sont flanqués de murs bas, d'arbustes taillés ou de haies vives. Un arc de cercle accentue parfois leur majesté. Ils encadrent souvent un portail en fer forgé, lui-même surmonté par les armes de la famille. Des sculptures de pierre les couronnent : boules calcaires ou de marbre, chapiteaux, pommes de pin, vases Médicis, corbeilles de fleurs et de fruits, pots à feu. Plus qu'une barrière, ces portails ont une fonction symbolique, ils sont le signe qu'on entre sur des terres. Les contourner serait aisé, l'ensemble d'un domaine est rarement ceinturé de murs. Quand les limites de propriété ne sont pas matérialisées par la topographie des lieux (cours d'eau, restanque, route, chemin), un simple bornage suffit.
Gravures tirées du site larpenteur.fr
Après un accord entre voisins, plus ou moins difficile à conclure, des bornes de pierre appelées "termes" sont plantées dans des trous profonds dans lesquels on a préalablement déposé un morceau de tuile ou de charbon de bois imputrescible. Cet "agachon ou agachoun" est un témoin en cas d'enfouissement ou d'arrachage de la borne. En Provence, le géomètre expert est encore appelé "l'arpenteur juré" comme au temps des Egyptiens. On prétend qu'il pratique le deuxième plus vieux métier du monde.
Source : L'âme des maisons provençales - Elisabeth Bousquet-Duquesne.