La panetière, le meuble le plus typique de la Provence
Photo de panetière à Fourques dans les Alpes-de-Haute-Provence
La panetière servait à conserver le pain et à le stocker tout en marquant la classe sociale des Provençaux par ses ornements plus ou moins travaillés et remarquables. Cette coutume de la conservation du pain était en usage depuis le Moyen-Age.
Panetière, vient de "paniero" en provençal qui vient lui-même de l'italien "pane", le pain. Ce petit meuble, caractéristique de la Provence était accroché au mur et pouvait présenter différentes tailles. Son utilisation a perduré jusqu'après la Première Guerre mondiale lorsque le pain était encore pétri et cuit par les particuliers chez eux ou encore dans le four communal du village. Le pain n'était alors fabriqué qu'une fois par semaine et devait être conservé dans les meilleures conditions possibles afin qu'il soit consommable sur la durée. La farine, le levain et la levure n'étaient pas de la même qualité qu'aujourd'hui et le pain se gardait mieux. Certains le préféraient rassis et trempé dans la soupe. Le pain était donc mis dans une cage en bois ajourée, afin de permettre la circulation de l'air, et cette cage accrochée à une poutre de la maison. Au fil du temps, cette boîte à pain s'est transformée et s'est agrémentée de colonnettes et de pieds. Il était ainsi plus pratique de la poser sur un meuble, par exemple un pétrin.
Panetière et pétrin ou "maestro" (Photo internet).
Nota de Nadine : j'ai toujours entendu ma mère parler de "mastro" en parlant du pétrin.
Ce dernier est également présent dans tous les foyers provençaux car il est indispensable à la fabrication du pain. C'est pourquoi, il est généralement appelé "maestra ou maestro", car il est considéré comme le "maître" du pain. A partir du XVIIe siècle, tout en gardant son utilité première, la panetière apparaît comme un meuble d'ornement. Très vite, la cage et ses barreaux de bois, qui étaient jusque là fabriqués grossièrement, se parent de moulures. Elle est à nouveau élevée et ainsi mise à l'abri des rats et des souris. Même posée en applique et suspendue au mur, par tradition, elle gardera ses pieds. Le pétrin, en pierre tout d'abord va, lui aussi, devenir un meuble intégré au mobilier. Il est commandé en même temps que la panetière et fabriqué dans le même bois avec les mêmes motifs de décoration. Lorsque la nécessité de faire son pain à sa maison ne s'est plus faite sentir, le pétrin a cependant gardé sa fonction utilitaire pour entreposer la farine puis ensuite divers aliments ou ustensiles de cuisine.
Photo d'une panetière trouvée sur internet
Au XVIIIe siècle, l'art de la panetière va prendre son essor et elle deviendra un véritable objet de décoration. Elle sera alors soit plane soit bombée selon la mode de l'époque. Le choix du bois, le travail du menuisier, le nombre de petites colonnettes en bois délicatement sculptées et la richesse de ses fioritures définissent alors la fortune des maîtres de la maison. Plus la classe sociale est élevée, plus les panetières sont travaillées. Les sculpteurs et les menuisiers régionaux, comme le sculpteur toulonnais Bernard Honoré Turreau dit Bernard Toro (1661-1731), façonnent tout un choix de panetières dont la structure est empruntée au mobilier des cours royales parisiennes. Le style provençal est cependant respecté. Les pieds sont en forme de chandelles, on les appelle des pieds candelés, ils sont parfois terminés par une pièce en forme d'olive, les portes sont agrémentées de tissus colorés par exemple des cotonnades ou du boutis importés d'Orient au XVIIe siècle. Les panneaux latéraux de ces panetières s'ornent de sculptures fines comme des feuilles, fleurs, épis ce blé, oiseaux, coquillages, etc... La fabrication des panetières va se poursuivre tout au long du XIXe siècle ajoutant constamment de nouveaux motifs en vogue à cette époque, tels que : corbeilles et guirlandes de fleurs, grappes de fruits, carquois et flèches, instruments de musique, noeuds et rubans, torchères, lyres typiques de la fin du XVIIIe siècle, etc... La finesse des petits ornements tournés qui ornent la façade, les coins et les côtés font penser aux clochetons représentés dans les peintures vénitiennes. Vers 1850, la panetière provençale des classes les plus aisées n'est plus que sculpture. Sa place en suspension lui donne une apparence de dentelle. Elle va perdre son utilité première, lorsqu'au début du XXe siècle, il est plus facile d'aller acheter du pain tous les jours que de le fabriquer. Aujourd'hui, dans certaines maisons de campagne, notamment vers Tourtour ou Brignoles, la panetière est un meuble de décoration qui sert le plus souvent à ranger les bouteilles de bons vin ou les bouteilles d'apéritifs. Elle est aujourd'hui très recherchée par les collectionneurs.
Source : D'après un article de Nelly Nussbaum paru dans le supplément "Nous" n°41 du journal Varmatin, "La panetières des riches n'était pas celle du pauvre" et Wikipédia "Panetière provençale".
Panetière provençale en noyer (Photo internet)
Cet article est à rapprocher de celui que je vous ai présenté le 8 mai 2017 et qui avait pour titre : "Quand le pain avait son écrin : la panetière". Cliquez sur le lien pour lire cet article.
Panetière en noyer ciré - Collection Museon Arlaten - Musée départemental d'ethnographie d'Arles Une panetière est un meuble en réduction qui servait jadis à ranger et à conserver le pain. Tombée en désuétude de nos jours, son importance était considérable dans la gamme des mobiliers régionaux.