Le monument du Dixmude à Pierrefeu
A la sortie du village de Pierrefeu du Var, il y a un étrange monument ; une aile de granit rose de 14 mètres de haut qui s'élève vers le ciel. C'est le monument dédié au dirigeable Dixmude.
Pendant la Première Guerre Mondiale, qui a inauguré la guerre aérienne, les ballons dirigeables ont montré leur efficacité pour les bombardements, la reconnaissance navale ou terrestre et l'escorte des convois. Ce sont les forces allemandes qui ont fabriqué les engins les plus performants sous le nom de Zeppelin, du nom de leur concepteur. Le principe était de tendre une enveloppe emplie d'hydrogène sur une structure en alliage lèger.
Dans l'histoire de ces Zeppelin, dont le premier vol eut lieu en 1900, notons le bombardement aérien de Paris, en 1916, la première traversée commerciale de l'Atlantique, en 1928, et l'incendie du Hindemburg, qui fera 35 victimes à New-York, en 1937, et qui scellera la fin de la saga des dirigeables et de leur défaut principal : être gonflés de gaz inflammable.
Base de Cuers-Pierrefeu (vue aérienne)
Au début des années 20, dans le cadre des dommages de guerre, l'Allemagne vaincue en 1918, doit fournir à la France, deux de ses énormes dirigeables, dont le L72. Après un voyage de Friedrichshafen à Maubeuge, le lieutenant de vaisseau Jean du Plessis de Grenédan en prend le commandement avec un équipage de marins français. Le 12 août 1920, le dirigeable se pose à la base de Cuers-Pierrefeu où l'on vient d'achever la construction d'immenses hangars. Je précise que la Marine nationale utilise toujours de nos jours l'aérodrome. Le dirigeable est long de 226 mètres et a un diamètre de 24 mètres. Il est équipé de 6 moteurs de 260 CH, sa vitesse de croisière est de 77 km/h et sa vitesse maximale est de 110 km/h. Il contient près de 70 000 m3 d'hydrogène.
Le L72 est baptisé Dixmude en souvenir des fusiliers marins français et belges qui héroïquement ralentirent l'avance des allemands en octobre 1914 à Dixmude, ville des Flandres Belges. De 1920 à 1922, de multiples modifications sont entreprises sur le dirigeable. A partir de 1923, le Dixmude effectue de nombreuses sorties (320 heures de vol environ) dont celle dans le sud saharien où il bat le record du monde de vol sans escale : 9 000 kilomètres en 118 heures.
Le Dixmude survolant la Corse le 17 décembre 1923
Sa dernière mission est d'étudier les conditions de navigation aérienne, de jour et de nuit en région désertique. Le 20 décembre 1923, une tempête le contraint à se dérouter. Le 21 décembre, désamparé et touché par la foudre, il explose en vol au large de la Sicile. Seul le corps de son commandant, le lieutenant de vaisseau Jean du Plessis de Grenédan est ramené par des pêcheurs italiens quelques jours plus tard. Sa dépouille est rapatriée par le croiseur Strasbourg. Au total, ce sont cinquante hommes, équipage et passagers qui ont péri dans cette catastrophe.
La municipalité de Pierrefeu ouvre alors une souscription nationale pour ériger un monument à la mémoire collective et au patrimoine historique. Il est inauguré le 22 mai 1927, par Monsieur le président Georges Leygues,
ministre de la marine.
Sources : D'après le livre "Côte d'Azur insolite et secrète"- Jean-Pierre Cassely - Editions Jonglez et le site internet Aerosteles-hydoretro.net - article sur le Dixmude.