La chaussure et la cordonnerie
Le courdouanier
Le cordonnier doit son nom au "cordouan", cuir importé de Cordoue en Espagne des siècles durant. Ce cuir de chèvre, coloré et d'excellente qualité, servait à faire des chaussures de luxe. Au XVIe siècle, l'appelation "cordouan" se généralisa à tous les cuirs, quelles que soient leurs origines et leurs qualités.
Au Moyen-Âge, les métiers de la chaussure sont regroupés en corporations qui fixent les règles et les exigences professionnelles, et assurent la protection des différents corps de métiers. Le cordonnier est alors le seul à pouvoir fabriquer des chaussures de cuir neuf, les modifications et les réparations étant à la charge du savetier. Ces deux professions seront confondues au XIXe siècle, où les termes cordonnier et savetier désignent le même artisan, parmi les plus pauvres à l'époque. Le cordonnier est pourtant très présent en ville sous l'Ancien Régime, et on le rencontre jusqu'au début du XIXe siècle en tant que cordonnier ambulant dans les campagnes, où il répare les chaussures de fête, avant que les habitants n'abandonnent les sabots. L'industrie de la chaussure réalise entre 1850 et 1900 des progrès considérables, grâce à la baisse des coûts de revient et à la mécanisation de la fabrication. On produit alors dans des usines, des chaussures cousues, clouées et vissées.
Le pegot
En Provence, le cordonnier porte le nom de pegot à cause de la poix (peguo en provençal) qu'il utilise quotidiennement et qui lui noircit les mains. L'activité de cordonnerie a débuté dans les communes de Draguignan, Flayosc et Bargemon, à la fin du XVIIIe siècle, dans de petits ateliers qui fabriquaient entièrement à la main de grosses chaussures destinées à l'agriculture et à l'armée. Hommes, femmes et enfants participent alors à cette activité. Les femmes travaillent à leur domicile pour effectuer le jointage : assemblage des différentes parties de la "tige", afin de mettre en forme le dessus de la chaussure. Les hommes, quant à eux, s'occupent du "montage" : assemblage du dessus de la chaussure et de la semelle. C'est le maître bottier qui achète et coupe les cuirs avant de distribuer le travail à façon. Les cuirs utilisés proviennent de tanneries de la région : Tourves, Barjols, Belgentier, Draguignan, Puget-Thénier ou Toulon, ou d'autres villes de France comme Annonay (Ardèche). Cette activité croît et se mécanise tout au long du XIXe siècle, elle emploie de la main-d'oeuvre venue du Piémont (Italie). La production, importante pendant les guerres mondiales, commence à baisser à la fin du XXe siècle. Le cordonnier qui autrefois montait les chaussures entièrement à la main, est devenu ouvrier en cordonnerie. Toutefois, malgré la mécanisation, certaines opérations nécessitent toujours une intervention manuelle. La fabrication de chaussures se maintient peu que peu jusqu'en 1980 où, faute de main-d'oeuvre, les derniers fabricants sont contraints de fermer.
Source : Plaquette : "La chaussure et la cordonnerie" éditée par le Musée des Arts et Traditions Populaires de Draguignan.