Les métiers du cuir
L'artisanat du cuir occupe une place fondamentale dans toutes les sociétés. Depuis les périodes les plus anciennes, le cuir est présent partout dans la vie des hommes, dans l'habillement, l'habitat, l'arnachement, l'équipement guerrier... Le cuir est un matériau de la vie, de la survie souvent. A ce titre, il est un puissant révélateur de l'histoire des sociétés humaines.
Le tanneur
De tout temps, baudroyeurs, aiguilliers, boursiers, corroyeurs, cordonniers, bottiers, selliers, bourreliers, relieurs, gantiers, et fabricants de lacets en cuir ont été tributaires du tanneur. Celui-ci dispose d'une multitude de peaux, parmi lesquelles figurent les plus résistantes, celles des grands animaux, vaches, veaux, chevaux, mais des cuirs plus fins, comme la peau des chèvres, des moutons... Le tannage du cuir consiste en une série d'opérations dont le but est de transformer la peau en cuir, au moyen de "tanins", contenus dans certaines espèces végétales, en particulier les écorces de chêne, pour le rendre imputrescible et résistant. Les peaux sont trempées dans des fosses contenant du tan ayant déjà servi, puis du tan de plus en plus concentré et peuvent y séjourner de deux mois à deux ans. En raison des odeurs dégagées par l'opération de ramollissement des peaux immergées, et de leur grand besoin en eau claire, les tanneurs sont tenus de s'installer près d'une rivière, dans des quartiers qui leur sont réservés. Les peaux sont ensuite sorties de ces cuves, tendues sur des perches pour les faire sécher, aplanies, battues sur des tables à l'aide de maillets pour leur donner souplesse et épaisseur voulues.
Jusqu'en 1880, des cuirs tannés étaient destinés à l'agriculture, pour le harnachement des chevaux de trait, et à l'armée. Les progrès de la chimie remplacèrent progressivement le tan, par de l'écorse de mimosa, des extraits de châtaigniers ou de chrome. La tannerie s'industrialisa durant tout le XIXe siècle. Le mégissier chercha à obtenir des peaux plus douces et blanches destinées à la ganterie, la réalisation des corps des poupées de porcelaine, les étuis à lunettes ou les porte-monnaie. Epoque des élégantes et des voyages, le début du XXe siècle, vit le plein développement de la maroquinerie. La pelleterie profita aussi de la mode : la classe bourgeoise se couvrit de vêtements de fourrure, les conducteurs des premières voitures automobiles s'enfouirent sous d'amples manteaux. Aucun animal ne fut épargné, du crocodile à la belette, du requin au cygne, en passant par le vulgaire lapin. L'industrie réclamait des courroies de transmission pour ses moteurs et des tabliers protecteurs en cuir pour ses ouvriers. La gamme des cuirs s'étendit, la concurrence était rude, les cuirs de Russies, traités à l'huile de bouleau et imperméables, étaient très recherchés. Les cuirs vernissés se répandirent après 1900.
Quelles peaux pour quels cuirs ?
La peau de boeuf pour faire des semelles fortes. La peau de buffle pour fabriquer les objets nécessaires à l'équipement militaire et les cuirs à rasoir. La peau de vache donne les cuirs dits "mous", dont les usages sont multiples. Les peaux de cheval, de sanglier, de porc et de mulet sont employées dans la sellerie. La peau de taureau sert pour les capotes de voitures et les semelles intérieures de souliers. Les peaux d'agneau et de chevreau sont utilisées pour la fabrication des gants. La peau de chèvre sert à la chaussure et à la maroquinerie. La peau de chien, après corroyage, est travaillée par les cordonniers. La peau d'âne sert à garnir les caisses de tambour. La peau de cygne est réservée aux évantaillistes. La peau de requin sert, sous le nom de galuchat, à divers usages en maroquinerie, en coutellerie et en ébénisterie, mais aussi dans l'industrie pour polir l'acier, faire des courroies, garnir les pistons des pompes à eau.
Le bourrelier
Tous les peuples nomades firent appel au bourrelier, il joua un rôle primordial dans l'agriculture pendant plus d'un millénaire. Grâce à son savoir naît l'attelage, qui permet de capter toute le force produite par la bête de trait au niveau de son poitrail et de son encolure. Ainsi, les progrès furent considérables : des labours plus profonds, des charges plus lourdes transportées à moindre effort. S'il travaille le cuir, le bourrelier est également amené à façonner le crin, la paille, la laine pour le rembourrage de ses colliers et selles. Il emploie le bois, pour la forme de ses colliers, il le cloute, le peint, le vernit. Il fabrique les harnachements des chevaux, capitonne les charrettes, les bâches également. Il utilise donc une grande variété de cuirs.
Les métiers de la chaussure
Pendant des siècles, on importa des peaux espagnoles en France. En effet, le cuir de Cordoue ou "Cordouan", un cuir de chèvre préparé avec le plus grand soin et que l'on teignait de diverses couleurs, servait à faire des chaussures de luxe. C'est de lui que vient le nom de cordonnier, qui désignait l'artisan travaillant cette peau, le cordouanier. Au Moyen-Âge, la plupart des métiers étaient regroupés en corporations qui fixaient les règles et les exigences professionnelles et assuraient la protection des divers corps de métiers. Les cordonniers ou cordouaniers, au sommet de l'échelle, fabriquaient des chaussures neuves, avec du cuir neuf, en cordouan, ou autre cuir de qualité supérieure. Les sueurs, du latin suere signifiant coudre, étaient les ouvriers de la chaussure. Les savetonniers faisaient des chaussures légères en basane, cuir de mouton, considéré de qualité inférieure. Les savetiers, en bas de l'échelle, réparaient, modifiaient ou fabriquaient des chaussures mais avec du vieux cuir usagé.
Au début du XIXe siècle, grâce à la baisse notable des prix de revient, les souliers en cuir finissent par s'imposer, au détriment des sabots. A la fin du XIXe siècle, l'industrie de la chaussure réalise des progrès considérables grâce à la mécanisation de diverses opérations dans la fabrication. Vers 1900, en France, la cordonnerie industrielle emploie trois principaux procédés de fabrication, qui produisent autant de catégories distinctes de chaussures : le cousu, le cloué et le vissé.
Source : Plaquette : "L'artisanat du cuir - Les métiers du cuir" éditée par le Musée des Arts et Traditions Populaires de Draguignan.
A suivre : La chaussure et la cordonnerie.